LIVRE / « LE CRICKET CLUB DES TALIBANS »

 

Timeri N. Murari, vit à Madras, l’un des plus célèbres écrivains indiens, offre-là un récit roman poignant et haletant sur une période sombre de l’histoire de l’Afghanistan. En effet, en 2000, à Kaboul, le gouvernement islamique pose sa chape noire sur une population meurtrie par des années de guerre et d’occupation par les soldats russes (On estime qu’elle laissa derrière elle près d’un million de morts et que cinq millions de personnes se sont réfugiés au Pakistan). Les talibans arrivent et verrouillent les libertés en posant le grillage bleu clair métallique de la burqa sur le visage des femmes… Les sbires de ce totalitarisme absurde affichant même sur les murs de la ville : « La place des femmes est dans la maison ou dans la tombe ». Sans commentaires…

La seule lueur d’espoir, pour les protagonistes de cette histoire, viendra par le biais d’un sport : le cricket, étrangement autorisé, là où tout est interdit, afin de prouver aux opposants de ce régime tortionnaire que le pays est une nation sportive… Le cricket ? Nous n’étions pas une nation athlétique ni sportive. Avec toutes les invasions que nous avions subies au fil des siècles : Alexandre le Grand, Tamerlan, Gengis Khan, les Perses, les Mongols, les Britanniques, les Soviétiques…

Visage obscur de ce chef taliban Zorak Wahidi qui veut prendre pour épouse la belle Rukhsana, journaliste obligée d’arborer une barbe, de se changer en homme (Babur) afin de devenir entraineur d’une improbable équipe de cricket…pour une compétition où le vainqueur pourra partir jouer au Pakistan…Voilà que le sport devient une porte de sortie vers la liberté.

Les talibans débarquaient dans nos vies au volant de leurs véhicules blindés et de leurs Land Cruiser, comme les Sarrasins sur leurs chevaux…

S’ensuit une narration rocambolesque et palpitante où le talent de l’écrivain nous emporte en une narration passionnante dans laquelle la mort rôde à chaque instant. Voyage dans l’absurde de l’horreur. Roman en forme de récit car l’imaginaire n’a besoin –dans ce cas de figure – que d’observer le triste visage (grillagé) de la réalité… Livre incontournable à découvrir comme un témoignage.

                                                                                                                   Laurent BAYART

 

* Le Cricket Club des talibans de Timeri N. Murari, roman traduit par Josette Chicheportiche, bibliothèque étrange, Mecure de France, 2014.

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