LIVRE / LA REVOLUTION PAR LE GRAND-BI…

 

Somptueuse découverte littéraire que « L’homme au grand-bi » de l’écrivain allemand (né en 1940) qu’est Uwe Timm. Cette petite merveille d’édition est agrémentée d’illustrations savoureuses de Sophia Martineck qui offre à cet ouvrage une esthétique tout à fait remarquable.

L’histoire ravit tous ceux qui aiment la bicyclette (appelée le bicycle bas) – ou plutôt le grand-bi – car cet écrivain singulier nous raconte le grand chamboulement vécu par le village de Cobourg en Bavière lorsque le taxidermiste Schroeder, avant-gardiste inspiré, propose une version moderne de la querelle entre anciens et modernes, en introduisant ce dinosaure haut perché dans les ruelles de son village ! L’écriture se teinte d’humour, de fraicheur et d’un esprit espiègle hors du commun. On y apprend que ce véhicule n’engendre pas la mélancolie et se révèle être véritablement casse-cou : C’est que le conducteur était assis exactement au milieu de la gigantesque roue avant. S’il venait à freiner brutalement, si la descente était trop raide ou s’il y avait un gros caillou sur sa route, il était puissamment soulevé par-dessus la roue avant et précipité à terre, tête en avant…

La révolution est en marche ou plutôt en roue libre…si l’on peut dire. Cette machine infernale étant devenue la source de tous les maux et autres maladies. Des controverses éclatant dans ce « Cloche-merle » à roue où les polémiques enflent comme de la pâte à pain : Ils nous effrayent avec leur sonnette. Ils nous renversent dans la rue. La machine en question compromet notre travail et, pis encore, elle compromet nos femmes. Elle représente donc un danger sur le plan moral.

Enfin, dernier conseil (pour la route) à l’adresse de ceux qui voudraient faire une virée en grand-bi : Emporter des provisions de bouche, un pantalon de rechange et, surtout, une petite pharmacie de voyage…

Laurent BAYART

* L’homme au grand-bi de Uwe Timm (Le Nouvel Attila), 2016.

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