LIVRE / LE PAKISTAN DEJANTE DE MAHA KHAN PHILLIPS.

 

Belle découverte que ce premier roman un rien subversif et sulfureux signé par Maha Khan Phillips. Dans « Les nuits de Karachi », l’auteur(e) « dynamite l’image de soumission des femmes dans les sociétés islamiques ». Un trio de femmes dont cette héroïne, véritable passionaria Amynah Farooqui, journaliste et chroniqueuse. Les trois filles, issues d’une certaine jeunesse dorée pakistanaise, décident de réaliser un documentaire sur la violence faite aux femmes…Ainsi, une épouse martyre deviendra le symbole de cette lutte tabou : Nilofer. C’est une occasion unique de montrer au monde qu’il y a des centaines de femmes qui meurent entre les mains d’homme comme Allah Numani…déclarent les réalisatrices de ce film qui provoquera l’incendie, l’émoi et aussi la mort…Le chiffre des femmes assassinées en ce pays demeure hallucinant : Au Pendjab, ce chiffre est en augmentation en raison du « Vatha Satha ». C’est la pratique consistant à entrecroiser les liens afin de maintenir la paix.

Cette écriture, hors des sentiers battus, lance les banderilles d’une narration qui slalome entre l’absurde, les cocktails de drogue et des groupes mortifères islamiques, tout cela dans une ambiance de jet society un peu déjanté où des personnages rocambolesques surgissent comme des rock stars, tel ce Johnny Black, chanteur britannique, converti au fanatisme religieux, qui a remporté les suffrages de cette télé réalité nitroglycérinée : « Qui veut devenir terroriste ? ».

Drôle de faunes qui déambulent dans les pages de ce livre remarquable, à l’image de cet passage : Elle attrape Faisal et se dirige vers le bar en passant devant les anorexiques, les mannequins, les stylistes de mode, les réalisateurs, les ivrognes et les types pas nets…

Maha Khan Phillips, avec un courage remarquable, nous donne une image étonnante de la société pakistanaise, un des pays les plus instables de la planète, version iconoclaste, une forme de résistance à la barbarie du monde. Par les temps qui courent, cette écriture se révèle vivifiante.

Laurent BAYART

 

* Les nuits de Karachi (roman) de Maha Khan Phillips, Editions Albin Michel, 2012.

 

 

 

 

 

 

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