BILLET D’HUMEUR / ACTE 52/ LE PETIT GARCON QUI REGARDAIT PASSER LES TRAINS

 

A Jules,

Sur les quais, les trains sont des étoiles filantes qui font encore rêver les enfants. Petit, ton voyage commence sur ce bout de banc. Les rails en chemins de fer chantent la romance des îles flottantes, des pays des mille et une nuits, des paysages enchantés, des plages où viennent jouer l’écume des vagues et la coque en noix des navires.

Les quais de gare racontent la romance de cette transhumance quotidienne qui nous bringuebale par monts et par vaux, dans la précipitation des horaires. Les panneaux électroniques nerveux indiquent, à chaque instant, destinations et horaires. Gamin, nous sommes constamment en partance. Je voudrais tant suspendre le temps, comme toi. Sagesse et volatilité de l’instant.

Mon garçon, ne soies pas trop pressé de grandir et de t’en aller ! Profite de l’instant présent et délecte-toi de la seconde qui s’écoule. Tout est éphémère, tu l’apprendras bien vite… La vie aura tôt fait de t’emporter dans ses trains, dans les vertiges de leurs déplacements, en vitesse kilométrique, vers je ne sais quelles destinations. Les rames comme de longues fusées qui nous emmènent dans d’autres constellations.

Un jour, il faudra bien partir. Mais, celui qui reste apprivoise déjà l’horizon.

Petit, c’est assis sur les bancs d’un quai que tout récit de voyage commence…car c’est toi qui écriras la destinée de ton chemin.

Tes yeux émerveillés t’apprendront mieux que dans un livre, qu’il faut parfois se perdre dans les cartes et sur le fil tendu des méridiens de tes vagabondages, pour y découvrir l’ivresse et le bonheur de la liberté.

Laurent BAYART

3 octobre 2017

 

 

Laisser un commentaire