LIVRE / SEYYED EBRAHIM NABAVI OU LES BRIS DE COULOIR IRANIEN.

Célèbre journaliste iranien, bien connu dans son pays, Ebrahim Nabavi fut condamné à huit mois de prison pour « insultes aux autorités » et autres griefs à son encontre. Il eut néanmoins le « loisirs » de choisir son lieu de détention. L’écrivain opta pour la section des « délinquants économiques », histoire de plonger dans le monde interlope des escrocs locaux. Voyage pas piqué des vers et l’occasion pour l’auteur d’en tirer un récit car, confie-t-il, toute ma vie, j’ai cherché à voir un tas de gens bizarres et maintenant je m’en retrouve entouré…Ca se passe dans le couloir n°6 du quartier 269 de la prison Evine. Il narre avec maestria ce lieu où l’ombre et l’humidité croquent le soleil : Le cri s’étouffe dans un gémissement, se transforme en lamentation et finit en sanglot. Puis, on dirait que les pierres du mur l’engloutissent. Monde carcéral où son insomnie lui pèse. Les nuits se révèlent interminables et  Nabavi exhorte son épouse de venir dans mon rêve. Il trouvera son échappatoire dans le sport qu’il peut –malgré sa détention – pratiquer à foisons. Lexique cellulaire avec ces Afghansqui sont les détenus n’ayant jamais de visite. Humour et dérision avec la promiscuité des « arnaqueurs professionnels « à qui on ne sert pas la main à moins de compter ses doigts après pour voir s’ils n’en ont pas piqué un…et plus loin, cette phrase-constatation empirique : Les assassins sont des gens qui tiennent parole, contrairement aux financiers.Mais parfois, et même assez souvent, ce récit est ponctué d’annonces de départ de quelques-uns de ses collègues, condamnés à être pendus…

L’expérience en prison terminée, il avouera que ce fut amer, fort amer, mais ô combien instructif !

                                                                                                              @ Laurent BAYART

Couloir n°6, traduit du persan (Iran) par Amir Moghani, de Seyyed Ebrahim Nabavi, éditions Actes Sud, 2005.

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