BILLET D’HUMEUR / ACTE 74 / UNE CAMPAGNE DE BRUITS…


L’actualité devient diaboliquement ubuesque. On en rirait même si tout cela n’était pas traité en mode sérieux par les médias goguenards. L’affaire récente du coq Maurice  a « effrayé » la chronique. Va t’il être condamné, ce gallinacé cocoricant, qui perturbe les chastes portugaises de citadins en villégiature à la campagne ? Le monde – on le sait depuis un certain temps – marche sur la tête ou plutôt sur la crête…Voilà que certains ne supportent plus les bruits des champs, des pâturages et de la cambrousse. Voici que le chant des cigales, le meuglement des bovins, le croassement des grenouilles, le bourdonnement des guêpes, le ruissellement des sources, le froissement des feuilles dans les arbres, le bzz des moustiques, et j’en passe, (Et vraiment des meilleurs !) sont devenus indésirables au pays des culs-terreux. Le silence doit régner dans nos terroirs comme si nous nous trouvions en plein désert. Quoi que…Les chameaux, les grains du sable et le soleil plombant ne font-ils pas de bruits ? La campagne pacifiée pour la paix auditive des touristes occasionnels des cités, à la recherche du grand silence ? Une retraite monacale dans le chuchotis de la parole ? La grande muette pour une échappée mystique et bucolique ?

 A moins que ces migrants des buildings, des grands ensembles, du macadam et des trottoirs bondés veulent tout simplement pouvoir écouter tranquillement leurs IPhone ou leur téléviseur rapatrié au vert pour la circonstance ? 

Se gaver de leurs propres bruits qu’ils viendraient exporter à la campagne ? Fini le réveille-matin d’un cocorico ou le chevrotement d’une chèvre, on n’entendrait plus que le pianotage de doigts faisant de l’arpège sur les touches du portable…

Les vaches dans les étables ne pourraient plus fermer l’œil de la nuit et les coqs réduits à l’insomnie seraient dans l’obligation de compter les… moutons, afin de retrouver (enfin !) le sommeil !

                                                                           @ Laurent BAYART

                                                                                28 juillet 2019

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