BILLET D’HUMEUR / ACTE 78 / JOJO A FRANCHI LA PORTE DES ETOILES…

Georges, dit Jojo.

Compagnon et ami félin, depuis plus de 14 ans, fidèle depuis tant d’années, nous avions -nous-aussi- oublié avec le temps que la Camarde pouvait aussi faucher la vie des chats…La mort, c’est bien connu, ne s’adresse qu’aux autres !  J’avais 48 ans (62 aujourd’hui…) quand tu nous avais choisi, avec tes deux frères à moustaches, lorsque nous avons « cherché » un matou à la SPA. C’est dire, le chemin emprunté ensemble. Nous en sommes sortis avec 3 mousquetaires à rapières de griffes ! 

Quel bonheur alors de partager nos existences et d’avoir vécu en amis pendant si longtemps. Temps qui file trop vite lorsque le sablier se brise et laisse son sable couler, à l’image du sang. Qui dira ses mystérieuses connivences ? 

Georges, Jojo, était un aficionado de nos canapés et fauteuils, dont il avait (Tout comme ses frères) posé ses griffes comme on glisse un parafe…Le sigillé de leurs pattes à lames effilées faisant foi. Nous t’aimions, car oui, on peut aussi aimer des animaux ! N’en déplaise à certains. Malgré ton caractère bien trempé…Tête de cochon affublée de vibrisses ! Nous partagions ces petits bouts de bonheur quotidien qu’on appelle nos existences. Ainsi, tu nous « apprivoisais » comme on essayait de t’amadouer. Nos âmes et nos coeurs se trouvaient au diapason de ces moments échangés. Comment expliquer l’alchimie de l’amour qui transporte nos corps dans la vibration de l’affection ? Ah, ce bonheur d’entendre le ronronnement d’un chat à travers la peluche de son corps. Comme un moteur qui réchauffe la couette de nos vies. Vedette, tu avais les vibrisses et les coussinets en extase car tu figurais – en vedette à poils – sur la couverture du livre dédié à nos trois chats et notre furet de l’époque : L’Antre chats que j’avais publié avec Claire-EliseUne manière de rester pour toujours et de t’inscrire dans une forme d’éternité. L’écriture et les photos se gravent dans le marbre du temps, grâce au papier. Une espèce de passeport du toujours.

Jojo, hier à ton enterrement, j’ai chuchoté un Notre Père car j’ai l’intime conviction que tout se rejoint, que tout se reforme et qu’au paradis, chacun regagne sa coque. L’Un se reconstitue. Nous redevenons des enfants de Dieu. Voici, d’ailleurs, que tu caracoles désormais avec Félix… Les larmes en fontaine de ta maîtresse m’ont aussi fait pleurer. La tristesse est une manière de préparer la joie des retrouvailles. Celle inscrite dans la mystérieuse ligne de nos destins.

 Voilà que tu dessines, dans notre salon, des arabesques avec ta queue, encastré dans nos jambes, comme si tu réclamais la pitance d’un peu de pâté. Mais nous ne pouvons plus t’apercevoir, rien que te deviner…Un jour, nous aussi, nous franchirons la fine cloison qui sépare les mondes. On appelle cela « La porte des étoiles ».  Adieu Jojo.

                                                                   @ Laurent BAYART

                                                                   19 septembre 2019

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