BILLET D’HUMEUR / ACTE 103 / EN MAI, FAIS (enfin !) CE QU’IL TE PLAIT !

          On nous promet un grand charivari, tohu-bohu « branquignolesque », après 55 jours de confinement, assignation à résidence/domicile dans nos maisons et appartements, à ne dépasser le paillasson, dieu lare du « doux sweet home », munis de notre laisser-moi-passer, atteste-station, voilà que les vannes vont s’ouvrir, en ce jour de mai, numéro 11. Date qui restera gravée dans l’historiette de la République ? On nous prédit une déferlante ; immense vague d’une agitation forcenée et d’un désir de rencontres effrénées, de rendez-vous, d’escapades, une soif à faire cramer vos pompes à marcher à n’en plus finir. Semelles vagabondes. Envie de baguenauder sans but et de dire bonjour à chaque inconnu croisé. Boulimie du partir pour ceux qui furent réduits à la sédentarisation forcée. Est-ce que le quidam sortira masqué ? Avec un paquet de p.q. en bandoulière, au cas (caca) ou ? Doté d’une savonnette pour se protéger des imprudentes poignées de main ? Un nouveau monde va t’il enfin voir le jour ? Ou bien, ce sera encore et toujours kif-kif bourricot, file et queue dans les super marchés et impressionnantes processions, ruées vers les Mac Do ? Time is changing ? Chantait-on jadis…Et on recommencera à souiller la planète en attendant la prochaine pandémie ? La razzia des moustiques-tigres, venus aussi d’Asie et que sais-je encore ? Dans la panoplie de nos peurs et des menaces, y’a des stocks engrangés pour des décennies !

Mai, que se passe t-il donc dehors ? Ce monde fou qui déferle ? C’est la grande braderie ? Les soldes à l’emporte pièce ? (Tiroir-caisse) A s’inventer un nouveau dicton : Plus personne au balcon, mai aux tisons ! Fièvre de s’en aller à l’Avventura, comme le fredonnaient Stone et Charden ?

Et si on s’inventait de nouvelles fraternités, des envies de tendresse et d’amour ? Des jours sans fin de « bienveillance, un mot très « tendance »… Insupportable pour le virus humain de la rentabilité et du business tout azimut ? Le capitalisme à tout crin (atout craint ?) enfin éradiqué ?

Voilà une occasion propice de changer le monde, car en mai, faut faire ce qu’il te plaît ! Alors, sous les pavés, la plage ? Ou simplement les caniveaux, les égouts, les catacombes ou le métro ?

Mais, réchauffement climatique oblige, notre idyllique île s’est retrouvée inondée. Notre âne atoll comme on l’avait si tendrement baptisé…a pris l’eau comme nos rêves de liberté.

Ces inaccessibles confins des lendemains meilleurs.

                                                           Copyright : Laurent BAYART

                                                                             11 mai 2020

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