LIVRE / BAUDELAIRE EN ROCK STAR OU CRENOM DE TEULE !

         Les récits et autres biographies revisités de l’écrivain Jean Teulé sont souvent des pièces sulfureuses, vitriolées où l’auteur gambade et folâtre dans la réécriture de vies tumultueuses, atypiques mais toujours passionnantes. 

Voilà qu’il nous entraine dans celle de Charles Baudelaire où, loin des chemins tout tracés des musées de la Pléiade, l’histrion des lettres nous fait côtoyer l’auteur des Fleurs du mal qui était détestable, drogué jusqu’à la moelle et dandy halluciné…Vagabondage déjanté dans ce dix-neuvième siècle où l’on s’approche des artistes emblématiques de l’époque : Nadar, les frères Goncourt, Courbet, Daumier, Théophile Gautier…Un véritable cabinet des curiosités dans lequel on déambule dans le fourmillement de cette œuvre qui se « fabrique » sous nos yeux. Rapports compliqués entre le beau-père, chef de bataillon, Jacques Aupick, et une mère aimante et possessive qu’il prenait souvent pour un distributeur de billets… 

Tango mortifère entre alcool, drogue et syphilis avec cette passion volcanique pour Jeanne Duval, mulâtresse dévorée –elle aussi – par la lèpre de la maladie d’amour…Le poète expliquant les intentions des Fleurs du mal, comme une explosion de gaz chez un vitrier ! Voilà qui est (bien) dit…Il aura – néanmoins- le soutien indéfectible de son éditeur Auguste Poulet-Malassis qui le fera entrer dans la postérité, ainsi que les éloges du grand Victor Hugo, excusez du peu !

L’ouvrage Crénom, Baudelaire ! est truffé d’extraits de l’œuvre où l’un des personnages de s’étonner : Un si beau poème d’amour pur a-t-il pu naître dans un bordel ? 

Tatillon et maniaque à l’extrême, il rendra fou (furieux) les correcteurs de l’imprimerie avec ses biffures extravagantes, voulant même redresse le de l’italique ou la valse des virgules inappropriées : Ce n’est que par un soin appliqué, minutieux, opiniâtre, qu’on arrive à donner aux œuvres une valeur définitive ! Dont acte. 

Jean Teulé, comme un témoin, observateur privilégié, a tenu le rôle de journalier du verbe en mettant le lecteur dans les pas (brinquebalants)  et, ô combien pimentés, de Charles Baudelaire.

                                                                © Laurent BAYART

* Crénom, Baudelaire ! de Jean Teulé, éditions Mialet-Barrault, 2020.

Laisser un commentaire