LIVRE / L’INTRANQUILLITE QUI DERANGE LA VIE ET POSE SES VAGUES SUR LA SURFACE D’UN LAC BIEN…TRANQUILLE.

          Cet ouvrage, surprenant et à contre-courant de la pensée actuelle m’a interpellé : Accueillir le dérangement, voire l’inquiétude, c’est lutter contre l’engourdissement qui nous ferait passer « à côté d’un trésor sans le voir » nous affirme son auteur Marion Muller-ColardVoilà de quoi méditer et se poser les (bonnes) questions !

Ce livre, joliment achalandé à l’esthétique remarquable, cache un brûlot, un incendie sur un bouquet de fleurs ! A analyser cet opuscule, on ne peut que se laisser surprendre par ce concept : On casse à la mesure même de notre rigidité, nous apprend la fable du chêne et du roseau. Plus loin, l’auteur(e) affirme : Aux tranquillisants, je préfère les intranquilles. Dérangés, dérangeants. Elle rappelle, plus avant, que les écrivains sont des « intranquilles » en puissance car les mots représentent des flammes qui les laminent chaque jour. Brûlure de se mouvoir (et s’émouvoir) au rythme de la syntaxe et de l’imaginaire. Ce n’est pas un long fleuve…tranquille ! Et à parler d’ouvrage, la Bible constitue bien ce grand tohu-bohu qui nous élève et nous transporte : Le livre de l’intranquillité, c’est l’Évangile, prenant à son compte la chanson d’Anne Sylvestre : J’aime les gens qui doutent. Je rajouterai cet extrait (et pardonnez-moi de me citer) d’un de mes textes : Quand j’écris, je doute mais je marche. Sans lui, je ne serai pas ce que je suis. A telle enseigne que même sur ma carte d’identité, ma photo exprime un doute sans aucun doute, mais moi je ne suis jamais seul. 

Le doute, c’est l’essence même de l’existence. Être un perpétuel nomade qui ne fait -finalement- qu’avancer et rencontrer les autres. C’est vivre dans l’intranquillité permanente ! 

                                                                            Laurent BAYART

  • L’intranquillité de Marion Muller-Colard, Editions Bayard, 2021.

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