Tous les articles par Laurent Bayart

LE BATELIER DU DANUBE DORT SUR LE PONTEAU…

                                    Pour Eric Baude, Sur une photo de Carmen Andreï, chez elle à Galati, avec vue sur le Danube…

                  Le Danube, tel un félin nonchalant, déambule au fil des paysages roumains de Galati, ancienne cité de Galatz. Des monts et des plaines se profilent à l’horizon en steppes de l’infini. Triangle des enchantements et carrefours des routes maritimes et fluviales. L’eau, langoureuse, s’écoule et laisse caresser l’onde de son râble par la coque des bateaux aux milles pavillons pavoisés. Ils s’en vont baguenauder jusqu’à la mer Noire, via le Delta. Magique Danube qui nous ensorcelle de sa grâce et de sa divine beauté. Ivresse de ce chant muet qui ravit et illumine notre âme de ses pépites d’eaux majestueuses. Des sirènes psalmodient la complainte et le cantique du fleuve dans le bréviaire des étoiles. Dieu a dû imaginer un paradis dans l’andante de ses rives. Les fées et les ondines, tels des bateliers, protègent ses berges et des gladiateurs armés de rets que sont les pêcheurs. De sa tour de guet, un chat jonché sur la tourelle de la hune d’un bateau observe le ballet des oiseaux/navires qui glissent sur le fleuve comme sur l’azur du ciel. 

Long filament limoneux, à l’image d’une clepsydre, le Danube offre au temps qui passe une aubade d’éternité.

Les pendules se figent dans leur cadran et les chats se délectent à regarder le fleuve ondoyer en caressant, de leurs vibrisses, le gouvernail des esquifs…

                                                               © Laurent BAYART

                                                                        8 mars 2024

LAURENT BAYART DANS LE NUMERO DE PRINTEMPS DE LA REVUE « FLORILEGE ».

Nouveau texte signé Laurent Bayart dans sa chronique trimestrielle de la revue bourguignonne « Florilège », fondée en 1974 par Stephen Blanchard. Dans le billet de sa chronique « Entre nous soit dit », l’écrivain-poète nous avoue que « Le printemps joue les magiciens dans mon jardin potager ». Il chante les prémisses du beau temps et de la terre en affirmant, guilleret : « Tel un prestidigitateur inspiré, les baguettes (magiques) des vivifiants rayons du soleil viennent enchanter de leurs vibrations chauffantes les organismes et autres végétaux de mon jardin… »

  • Revue Florilège, numéro 194, de mars 2024
  • aeropageblanchard@gmail.com

LES YEUX DES ARBRES SONT NOS BALISES SUR LES SENTIERS…

                                             Sur une photo de René Roesch,

          Dans la forêt, j’ai senti leurs pupilles en écorce m’observer avec bienveillance. Me dévisager ? Regarder à l’intérieur de mon cœur et m’ausculter l’âme. Tel un scan en train de m’analyser et de me cartographier. Malaise du promeneur qui se sent contemplé… Je marchais sous le regard curieux des arbres et de leurs iris grands ouverts se mettant au diapason de mes pas. Chacun prévenant l’autre de la venue d’un visiteur/pérégrin en quête de sente pour aller jusqu’à Compostelle ? Qui sait ? Mais, il n’y avait pas de coquillages pour m’indiquer le chemin ! Juste des épicéas et des fougères, comme des cierges, illuminant ma route de caillasses et d’aiguilles de sapins. Je marchais en sifflant, l’aventure en bandoulière, en essayant de laisser derrière moi le tapis moussu de mon paillasson et le coquillage de ma maison.

Partir, comme une goulée de kilomètres où les bornes seraient des flacons d’alcool.

Ivresse de ces instants où de mes paupières sortent des oiseaux de couleurs qui viennent se fixer aux branches des arbres.

Pour ne cesser de me regarder…Les yeux dans les yeux.

                                                                  © Laurent BAYART

                                                 3 mars 2024

CHARS, CANONS ET AUTRES CHENILLARDS DE GUERRE, RESTEZ SVP… DANS VOS MUSEES !

                               Avec la complicité d’Alphonse, au MM Park de La Wantzenau,

          L’histoire ne cesse d’esquisser sa sombre chorégraphie jaillissant des tréfonds du passé pour venir faire des chiquenaudes aux enfants du Vingt et unième siècle… Les tempêtes et les dévastations impriment leurs cicatrices dans les musées où le récit de leurs dévastations chantent leurs funestes liturgies. Livres d’histoire comme des grimoires où dorment les êtres humains qui se sont évaporés dans les cimetières où la vie bafouille pour l’éternité. Les bruits de bottes rejaillissent pour abasourdir les oreilles des adultes et des enfants. « Plus jamais ça ! » scandait-on encore, il n’y a pas si longtemps. Et voici que les vieux démons (re)sortent de leur boites de Pandore, malgré les ressorts rouillés des vieilles sorcelleries. Le kaki n’est pas que le fruit du plaqueminier, mais aussi une couleur qui habille et colore les hommes en soldats…et éloignent les enfants de leurs mères et de leurs chaumières en quête d’hypothétiques…chimères !

De nouveaux tsunamis menacent le monde mais, parfois, une aile de colombe ou la caresse d’un ange peut éviter l’embrasement.

Il suffit d’y croire et demain, le canon tendu sera enrayé par les poussières de l’amour.

Baiser de paix pour un monde enfin apaisé. 

Rien n’est encore écrit si ce n’est la marche que l’on rédige avec nos semelles pour aller tendre la main vers l’autre.

L’avenir est une plume que la colombe a laissé sur son passage.

                                                               © Laurent BAYART

                                                2 mars 2024

LA PISTE CYCLOPE/CYCLABLE EST SI BELLE…

                                             Sur une photo d’Alain Tigoulet,

          Elle semble avoir inventé le vélo, en tout cas l’attendre avec impatience…cette si belle piste cyclable au goudron bordeau, avec ses bornes inspirées que sont ces arbres qui sillonnent les accotement et tendent leurs branches/biceps vers les nuées. La piste est belle comme une petite route de la soie où les cyclistes, tels les cyclopes de l’Odyssée, en casques profilés de cosmonautes pourraient imaginer des suées vers l’imaginaire des voyages. Aller jusqu’à une échappée belle et rebelle en chambre à air à travers les steppes de l’Eurasie. Jusqu’aux tréfonds de cette finitude où se pose le butoir de l’horizon. La piste cyclable offre son tapis de bitume pour y recueillir la confidence des jantes et le glissement de la gomme des pneus.

J’ai les pieds qui fourmillent de mille vibrations en admirant cette piste qui est comme une invite à la partance.

Ma bicyclette piaffe d’impatience en poussant des hurlements de cheval sauvage.

Partir, c’est une manière de se mettre en piste, de pousser et de chahuter les étoiles sur la voie lactée.

Et, le soleil dans la musette me chante le cantique des prochaines rencontres.

Celles qui font grandir l’âme.

                                                      © Laurent BAYART

                                           28 février 2024

ATTENDRE ET PARTIR LENTEMENT…

                                    Sur une photo (Inde) de Némorin, alias Erik Vacquier.

          La vie n’a jamais cessé de poser la limaille de ses chaînes, le lierre de l’habitude et de rouiller nos articulations ankylosées. Regarder vers le lointain telle une inaccessible chimère en forme de terra incognita. Besoin de partir, de prendre la poudre d’escampette et de mettre les bouts, mais il y a les mais…qui nous retiennent inexorablement à ces existences de barreaux de chaise. Et puis, un jour, un train s’arrête sur un quai, un avion se pose sur un tarmac, une voilier accoste sur la jetée d’un port, une automobiles suspend sa course et s’arrête au ras d’un trottoir, un vélo vous aborde avec sa chambre à air, une main se tend vers vous…

Suspendre son regard tendu sur l’horizon et s’en aller enfin. Les plus beaux voyages sont ceux que l’on n’avait ni cartographié, programmé et même imaginé.

S’en aller en emportant l’anneau de votre chaîne comme l’alliance d’un nouveau départ.

La destination ? Elle demeure illisible sur le billet qui n’est pas encore imprimé.

D’ailleurs, l’agence de voyage est aussi immense que votre âme qui respire les effluves des étoiles et de la voie lactée.

Partir si loin que l’on ne sait même pas par quelle sente revenir.

                                                               © Laurent BAYART

                                                26 février 2024

LE MONOCLE DU SOLEIL OU BRILLE TOUJOURS LE CONFETTI DE L’ESPERANCE.

                                             Sur une photo d’Alain Tigoulet,

          Telle une pluie de novae, la cime des arbres et ses pacotilles de feuilles enchantent le ciel de leur tapisserie naturelle. On dirait des fougères qui auraient décidé de grimper sur le tronc des arbres. L’étoile et le halo du soleil posent son monocle sur l’horizon tourmenté par le bras des arbres qui tendent leurs biceps. Muscles décharnés de l’hiver, la forêt est une salle de gym désertée ou plutôt de motricité comme on dirait aujourd’hui… A peine quelques oiseaux en survêtement de plumes et des écureuils en body en queue de panache essaient de crapahuter sur ce podium en bois. Olympiades sylvestres où, plus bas, un mastodonte sanglier haltérophile et le sprint d’une biche perturbent la douce quiétude des lieux. Un renard fuse sur la piste, se prenant pour Usain Bolt…

A peine entend-on le starter du pistolet d’un chasseur donnant le départ de l’épreuve.

En un baiser de paix, le carabinier tire même en l’air !

                                                               © Laurent BAYART

                                               2 4 février 2024

CAMILLE, TES CHEVEUX DANSENT ET DESSINENT DES ARABESQUES DANS LE CIEL.

A l’occasion de ton anniversaire, photo de Papilo.

                 

  Tu aimes le compagnonnage des feuillets blancs que tu habilles des mille couleurs de tes crayons et feutres. Artiste en herbes (folles) qui dansent avec tes doigts en esquissant des pas de danse sur le papier. Magie de ton imaginaire qui te fait raconter des histoires colorées avec tes dessins. Passion précoce où l’on retrouve souvent des animaux à quatre pattes que tu adores ! Qui sait, peut-être demain, en feras-tu ton métier ? Soigner la gente féline ou canine ? A moins que tu ne décores les cimaises des murs de tes dessins qui deviendront des toiles ? Qui sait ? La destinée nous raconte ses histoires et il suffit parfois de la suivre aveuglément. Elle ne se trompe jamais…lorsque le cœur et l’âme dictent nos mouvements et autres actions…

Camille, laisse-toi guider par les fées qui t’emmèneront danser sur leur baguette magique.

Car la vie est une fête qui transforme les petites souris en princesses.

                                                          © Laurent BAYART

                                                                 20 février 2024

UN « PORTE-PLUMES » S’EST POSE SUR UN ARBRE…

                                                     Sur une photo d’Alain Tigoulet,

          Sur la patère d’un arbre, un porte-plumes s’est posé sur un de ses bras, cherchant l’inspiration de son bec tendu vers le ciel et ses acolytes de nuages qui filent et défilent …Mais, il ne s’agit pas là d’une rentrée des classes ! Un corbeau en transit entre deux vols ? Attend-il une quelconque compagne, complice de ses échappées azuréennes ? Observe-t-il l’engeance humaine qui s’ébroue à ses pieds ou plutôt à ses pattes crochetées ? L’oiseau écrit-il un message sur le tronc ? Histoire de laisser une trace de son volatil et furtif passage ?

Le mystère plane. Plus haut, plus loin, un aréopage de grues trace un V dans la blancheur immaculée du ciel.

Elles reviennent d’un si long voyage. D’Afrique ? Une hirondelle ne fait pas le printemps mais une tribu d’oiseaux migrateurs qu’annoncent-ils?

Plus bas, bien plus bas, un homme, jardinier de surcroît, aiguise les lames de sa fourche-bêche.

Le potager baille…aux corneilles et se réveille d’un si long hiver…

Le printemps ne dit pas encore son nom mais annonce discrètement déjà sa venue.

                                                              © Laurent BAYART

                                               20 février 2024

FAUTEUIL QUI ROULE ET MARCHE QUI ROUILLE…

         Que sommes-nous donc devenus au fil des ombres passagères où les silhouettes claudiquent et bafouillent leurs marches ? Brinqueballer, la belle affaire ! dans l’ivresse des rendez-vous que nous n’avions pas imaginés. Avancer coûte que coûte les pieds jetés en avant tel un filet de pêche, dans l’équilibre instable des palpitations jetées comme des semis dans le vent. Avancer encore et toujours car nous n’avons pas d’autres destinées. Éviter le strapontin de la canne et plus tard, ce fauteuil qu’on dit roulant pour y jeter le désarroi d’être en station assise. Avancer, oui, mais dans l’absolu et la prière de l’instant. Trébucher parfois, et même tomber…Mais toujours se relever. 

Rester debout et continuer à effleurer les étoiles en respirant l’arôme des nuages. Et prier pour que le chemin puisse poursuivre son cantique de caillasse et dérouler son tapis de graminées devant nous. 

En s’imaginant même une destination pour nos pas, comme si Dieu venait glisser une plume devant nous…pour nous ouvrir la sente et faciliter notre envol.

                                                               © Laurent BAYART

                                                                  18 février 2024