Archives de catégorie : Blog-Notes

NOS VIES ONT TANT BESOIN DE MAGIE…

Haguenau, photo de Marie Bayart.

        Il faudra arrêter un jour la pathétique course à la vitesse pour écouter nos cœurs chanter la romance de l’instant. Le manège fou de nos vies tournent comme des courriels qui s’entassent, tels les aiguillons coutelas de l’horloge, sur nos boites mails en nous saturant de messages, marque-pages rouillés de notre quotidien. Le monde n’est jamais aussi beau que quand on l’aime… Loin des anges noirs de l’apocalypse, funambules de l’ineffable, marchons sur le fil tendu de la beauté qui enivre nos coeurs et jouons à la marelle sur les nuages d’un ciel où les étoiles nous entrainent dans le grand échiquier de nos âmes enfin retrouvées. Regarder, coûte que coûte, vers le Haut…Le bleu du firmament sera notre baume.

Aimer, toujours aimer, l’instant qui dure et nous entraîne dans une sorte d’éternité éphémère. Là, nos blessures se cicatrisent, des mains se tendent vers nous pour rapiécer le silence et recoudre nos humanités perdues, en inventant de nouvelles connivences et fraternités.

Nos vies ont tant besoin de magie, le reste n’est que poudre de perlimpinpin et billevesées.

Je t’aime pour cet instant qui s’échappe de ma main et qui s’en va, tendrement, en ta direction.

Je me nourris de cette seconde qui n’en finit –décidément plus – de s’envoler vers toi.

© Laurent BAYART

                                                        21 décembre 2021

ENFANTS TRUFFIERS SOUS LE SAPIN

                                    A Gustave et Alphonse,

photo de Claire-Elise Bayart

        Deux complices au pied du sapin semblent admirer la crèche qui s’est transformée, pour la circonstance, en gare ? Les rois mages et les pastoureaux sont-ils venus en train cette année, faisant fi de leurs légendaires chameaux ? Où sont donc passés les moutons ? Acheminés dans un wagon à bestiaux ? En fret spécial ? Décidément, on n’arrête plus le progrès ! Les hérauts annoncent avec leurs trompettes/porte-voix :Gare de Bethleem, tout le monde descend !…La nativité semble sur les rails et les enfants/complices ont mis leurs petites têtes curieuses  et chercheuses, de truffiers de l’enchantement, dans la divine étable où la paille devient paillettes d’or. Un autre enfant est né et le sapin chante le cantique de l’allégresse enchantée. 

Du haut de la pointe du conifère, on aperçoit – en vue aérienne – les bambins s’émerveiller dans la Sainte Contemplation de la crèche.

L’étoile du berger est sortie du grand train de la voie lactée du ciel. Dieu a poinçonné le ticket en vérifiant, et l’heure et la date. C’est bien le jour de Noël dont il s’agit.

Chaque Chrétien se révèle être un voyageur de la foi. La destination est imprimée sur le mystérieux papyrus de son âme.

                                                     ©Laurent BAYART

                                                                      11 décembre 2021

HOTTE MOI D’UN DOUTE ! LE PERE NOEL VA-T-IL ARRIVER MASQUE ?

        Décidément, cette sombre mascarade n’arrête plus de durer et de plomber l’ambiance autour de nous. Le vilain virus continue sa mue et semble jouer à saute-mouton avec nos anticorps. Combien de piquouzes faudra-t-il pour rester –indemnes- sur le fil tendu au-dessus du vide, tel un équilibriste ? Le monde retient son souffle et toussote. Le Père Noël désemparé va-t-il devoir s’affubler d’un masque rouge. Son traineau tiré par des rennes en blouse blanche avec l’écusson d’un croix rouge sur le bonnet ! La hotte, cette année, sera remplie d’une pharmacopée en doses de vaccins. Tu parles d’un cadeau ! Corona dring dring et hohoho…en belle musique de Noël.

La manche des chemises relevée. Présentez vos bras et vos épidermes !

La pointe de la seringue de la troisième dose aura, cette année, à l’instar du beaujolais nouveau ses effluves de banane, le goût de l’épine du sapin en guise d’arômes de vaccin…

                                              © Laurent BAYART

                                                    8 décembre 2021

PETITS ROIS MAGES AUTOUR DU SAPIN

                                          A jules, Alphonse et Camille.

         Aujourd’hui, au pied du sapin, les rois mages sont de petits lutins qui préparent méticuleusement la féerie de Noël.  Heureusement, les enfants sont toujours là pour habiller nos fêtes et réinventer la liturgie de nos enchantements et de ces rendez-vous qui ressuscitent les images de notre propre jeunesse. Nous avons tant besoin de ces instants de merveilles pour rêver plus haut, jusqu’à la pointe de l’épicéa. Lumière de la Sainte Nativité qui allait bouleverser le monde. La divine crèche s’installe ainsi, comme un drôle de campement de migrants, dans nos salons. Un âne, un bœuf et un chameau…Laissons-nous encore et toujours guider par les étoiles, et notamment celle du berger ! Le temps passe, mais chaque naissance reste un mystère ancré en nous.

D’où viens-tu donc ?  O poupon abandonné dans la grande nurserie de la paille ?

Plus loin, sonnent les hautbois et résonnent les musettes. Les yeux des enfants sont des instruments de musique qui font danser les Père Noël du monde entier.

Ah, les enfants, gardez précieusement – passeurs de demain – ces rendez-vous dans le grimoire de nos âmes qui ne demandent, en cette Sainte et Douce Nuit, qu’à attendre avec vous, main dans la main, la venue du Grand Magicien…

                                                               ©   Laurent BAYART 

                                                                   5 décembre 2022

C’est le dessin qui te dessine…

                                                              A Camille,

          Future artiste ? Dès qu’elle arrive dans notre maison, Camille fonce vers la boite de crayons de couleurs et s’empare d’une feuille de papier, comme si une envie (pressante) de créer et de poser son imaginaire sur un feuillet la prenait soudain. Elle habille le papier canson d’un carnaval de formes, d’arabesques, de personnages et transforme le blanc du papier en une petite œuvre d’art. Elle fait de la couture avec le kaléidoscope des teintes. Si Jules, son frère, sera peut-être éclairé par la luminosité des mots jusqu’à en devenir écrivain, Camille s’approche, elle, des pinceaux et des toiles…Qui sait ce que l’avenir fera de nos petits trésors de trois ou quatre pommes ? 

En attendant, je l’imagine dans la fièvre de « l’écriture » d’une œuvre d’art.

Je voudrais bien que nos petits-enfants nous invitent un jour, qui à une expo, qui à la lecture d’un livre, ou à un concert ou à un autre événement artistique…dont ils seraient les artisans.

Je voudrais tant que mes yeux puissent encore voir ces petites étoiles qui scintillent dans notre cosmos.

Mais, nous parler toujours et encore, évoquer papi lo ou mami li sera déjà une manière d’avoir un pied dans leurs lendemains que nous ne pourrons (probablement) pas voir. Futur qu’ils peupleront de leur passion et de leur amour.

C’est peut-être ça l’éternité ? Se laisser guider par les mains des enfants…qui nous ouvriront  d’invisibles portes ? Et s’ils étaient tout simplement, par un mystérieux renversement des rôles, nos anges gardiens ?

                                           ©  Laurent BAYART

                                                               30 novembre 2021

MOI, LES TRAINS ME FONT JONGLER SUR LE FIL TENDU DE L’IMAGINAIRE.

                                             Pour Alphonse,

photo Marie Bayart

Moi, les trains me font jongler sur le fil tendu de l’imaginaire. Les rails m’emmènent très loin dans des nuages de ballast et de caténaires. J’aime laisser vagabonder mes yeux et faire l’inventaire de la magie de l’instant. Les voies ferrées sont comme des phrases qui m’entrainent dans la grammaire du monde en destination du point final d’une gare. A moins que ce ne soit qu’un point de suspension ou un point virgule, avant que le train ne s’ébranle et reparte vers des terra incognita, tel un Orient-Express qui traverserait les steppes de l’Eurasie. 

J’aime observer le monde avec mes petites billes de yeux émerveillés. Les trains sont des écoles ambulantes destinées à nous apprendre les voyages.

Partir avec un cartable en forme de passeport ou de ticket. La maîtresse, en contrôleuse accorte, poinçonne mon billet…Mon carnet de notes, en quelque sorte.

Et vogue la galère… Le chef de gare siffle la fin de la récréation. 

Ma classe devenant une salle d’attente ou de pas perdus. Les ardoises affichent des noms de villes.

Moi, les trains me font jongler sur le fil tendu de l’imaginaire.

                                                  © Laurent BAYART

                                                 29 novembre 2021

LIVRE / «MEKTOUB», LA VIE DE REINE OU PARTIR AU FRONT POUR…SAUVER DES VIES.

        Patricia Chabas est l’infatigable animatrice et fondatrice du salon du livre de Souffelweyersheim, mais aujourd’hui elle vient d’endosser la peau de littérateur et d’écrivain afin de rendre hommage à sa mère : Reine Brandizi (née à Casablanca). Un hommage émouvant à cette femme qui fut ambulancière de la 1èrearmée entre 1943 et 1945. 

Rares sont les témoignages de ces femmes courageuses qui montèrent au front, non pas pour en découdre, mais pour sauver des vies humaines. Elles firent preuve là d’un incroyable courage, d’une abnégation sans failles et d’une bravoure à soulever les montagnes. Pour rédiger ces mémoires, rondement menées dans la narration, elle s’est nourrie des souvenirs retrouvés sur des feuilles jaunies et des récits que lui faisait sa maman. Pas facile pour la fille d’écrire « à la première personne » faisant revivre d’une manière captivante cette femme qu’elle admire intensément et pour cause ! Et de rentrer dans ses pas d’une façon si discrète et sensible. Ce livre nous emmène de Casablanca, en Corse, puis en Tunisie. Nous vivons ensuite en « live » le débarquement des troupes françaises en Provence, commandées par le Général de Lattre de Tassigny. Puis elle remonte, dans son ambulance emblématique baptisée « Mektoub » (qui signifie «C’est écrit » en arabe), la vallée du Rhône jusqu’en Allemagne, en participant au rapatriement des Français déportés dans les camps.

Ce récit nous régale littéralement de somptueuses descriptions et de passages passionnants, voire cocasses : Les rues de Casablanca grouillaient d’uniformes américains. Les GI’s et les jeunes officiers se promenaient dans le centre-ville, investissaient les terrasses des cafés et des cinémas. Ils distribuaient à l’envi ce qu’ils avaient dans leurs rations. Ainsi les cigarettes et le chocolat étaient-ils une vraie manne, et l’on découvrait, pour la première fois, les chewing-gums (je n’aimais pas ça du tout !) et je trouvais vraiment peu élégante cette façon de mâchouiller ces boules de gomme.)…

Et faisant référence au débarquement en Provence, elle rajoute, sous la plume de sa maman : C’était le 17 août, en face de Saint-Tropez…/…Quand on voit aujourd’hui les plages de St-Trop’, on a beaucoup de mal à imaginer ce que fut ce rivage à l’été 44…Les pinèdes alentour flambaient, les villas du bord de mer étaient dévastées, la plage recouverte de débris de métal, de carcasses de véhicules…On était encore à mille lieues du Saint-Trop’ de Brigitte Bardot et du gendarme De Funès…

Cette narration se révèle tout à fait passionnante, l’exercice étant réussi avec brio (pas évident, en effet, de se mettre dans le treillis kaki de sa maman !). La biographe rajoutera –en guise de conclusion – : Il avait fallu attendre quarante-six ans après ces années de tourmente pour que l’on songe, enfin, à ces jeunes femmes qui avaient sacrifié une partie de leur jeunesse…Et plus loin : Mais si nous, les femmes d’aujourd’hui, avons notre place à l’égal des hommes, dans la France du XXIème siècle, nous le devons à celles qui nous ont précédées.

A travers ses lignes émouvantes, Patricia Chabas offre à sa maman la postérité qui lui est due en lui restituant l’honneur et la gratitude de la Nation. Une magnifique et magistrale leçon d’amour adressée à une femme qui restera dans l’Histoire avec une majuscule ! Médaille – ô combien essentielle – que l’on épingle à même les mots…comme une flamme qui ne s’éteint jamais sur le monument de toutes les mémoires.

                                                                     © Laurent BAYART

  • Mektoub, souvenirs d’une ambulancière de la 1èreArmée entre 1943 et 1945. (Editions amazon)
  • Contact : palauma54@gmail.com, @PatriciaChabas 

MUSIQUE / LA PASSION QUI DANSE AVEC LES NOTES

        Découverte et coup de foudre : Taj Almo est un jeune chanteur auteur compositeur, jovial, bourré d’énergie et chaleureux, né en Grande Comore, la plus grande île de l’archipel des Comores. Très jeune, le virus de la musique le prend, créant son propre groupe et organisant des concerts dans la fièvre de sa passion. Devenir musicien, un rêve ancré chez Taj comme un refrain qui vous reste chevillé dans la tête ! En Alsace, il met en scène son rêve et collabore avec des grands noms de la musique comme Yann Gutter, Jason, Melaniz Decq etc…

Sa musique planante et pleine de jubilation, je la découvre avec son clip la vida, un hymne à la bonne humeur, la tendresse et à l’envie de partager son enthousiasme et son amour pour les autres. Celui-ci, me confie-t-il résume un peu ma vie, la rencontre avec ma femme qui dure depuis vingt ans… Son registre musical ? Du trap rnb, Zouk urbain, soul music, Afrobeat reggae, reggaeton…Je cite car je ne suis (évidemment) pas un orfèvre dans le domaine ! Il chante en français, en anglais, espagnol et dans les dialectes comoriens. Il prépare un album dont une dizaine de titres sont déjà en boite. 

Au hasard d’un autre clip, je découvre la participation de mon compère accordéoniste Fabien Christophel. Le monde est décidément un village bien sympathique !

Venez écouter cet artiste atypique qui respire la joie et qui habille ses notes de mille instants colorés. Et n’hésitez pas à le soutenir et à l’aider dans l’élaboration de son projet musical. Il cherche un producteur et a besoin d’un « coup de pouce ». Sa musique vaut le détour et vous donnera envie de danser, et par les temps qui courent, c’est du pain béni et du concentré de soleil qui fait danser les palmiers et zouker les cocotiers.

                                                                    © Laurent BAYART

Contact / almo-976@hotmail.fr

LIVRE /LA TRILOGIE DE L’AMOUR EN MODE GLISSEMENT, FACON PAUL SIGNAC.

         Précurseur du pointillisme, Paul Signac (1863-1935) est un des peintres les plus connus des années 20, paysagiste et anarchiste, travailleur, sportif et artistiquement aux côtés des peintres, tels que Van Gogh, Monet, Seurat, Fénéon ou Bonnard. Bouillonnement d’une époque où les mouvements se forment dans un impressionnant fourmillement et déferlement créatifs qui allaient bouleverser l’histoire de l’art.

Mais, ce qui nous intéresse aujourd’hui, ce n’est pas le plasticien mais l’homme/Janus dévoilé par cette biographie au titre délicatement sublime : Glissez, mortels  (Quatrain de Pierre-Charles Roy : Sur un mince cristal l’hiver conduit leurs pas ;/ Le précipice est sous la glace ; / Telle est de vos plaisirs la légère surface. / Glissez, mortels, n’appuyez pas. L’ouvrage, rédigé par Charlotte Hellman, est tout juste passionnant. En effet, elle raconte la double vie amoureuse menée par Paul Signac qui ne cessa d’aimer deux femmes en même temps : Berthe, son épouse légitime puis Jeanne Desgrange, artiste, avec un air de Colette dans l’esthétique. Celle-ci abandonna mari et enfants pour vivre avec Signac. Elle lui donna une petite fille (il n’eut pas d’enfants avec Berthe), Ginette comme un cadeau de la providence, qui fut tout simplement la grand-mère de l’auteur(e). Récit donc en histoire de famille et tentative de « débroussailler » cette improbable et inextricable histoire d’amour, surtout avec Berthe, la légitime qu’il continua d’aimer, coûte que coûte, lui écrivant tous les jours…On a recensé quelques milliers de lettres, certaines ayant été détruites par la « seconde » femme.

Incroyable destinée en miroir à facettes d’un homme asthmatique, souffrant le martyr et continuant de régir – à distance – la vie de son épouse. Les deux « rivales » se rapprocheront à la fin de la vie de l’artiste qui fut un sportif émérite, malgré ses problèmes de santé : Et puis, quand l’huile d’olive vient à manquer dans la maison, il enfourche sa bicyclette pour aller la chercher à Cotignac, dans le Haut-Var, à soixante-dix kilomètres. Passionné de cyclisme, il suivait l’épopée des forçats de la route. Il était aussi capable de marcher des kilomètres sans coup férir !

Et pour finir, durant son agonie, entouré de « ses » deux femmes et de la petite Ginette, il ne cessa de fixer son enfant jusqu’au bout, comme s’il voulait lui laisser un dernier message. Celle-ci, curieusement, connaîtra le même destin que Berthe (qui l’avait adoptée !) : Elle aussi sera à mi-parcours abandonné par son mari. Elle aussi, par un étrange tour du destin, adoptera l’enfant qu’il aura fait à une autre. Elle aussi deviendra la maîtresse solitaire de « La Hune » (A Saint-Tropez),cette maison enchantée de son enfance. Et à elle aussi, on apportera un matin d’hiver une petite fille unique, qu’elle prendra dans ses bras frêles, avant de s’effacer.

Il y a ainsi des existences comme des œuvres pointillistes…Chaque petit picot dissimulant sa part de lumière.

© Laurent BAYART

Glissez, mortels de Charlotte Hellman, Editions Philippe Rey, 2019.

DECO DE NOEL OU PETITES MAINS QUI METTENT LEURS PATTES.

       Magie de Noël, les vitres des fenêtres se mettent à se métamorphoser en une petite patinoire sur laquelle glissent les figurines et autres images de Noël. Les enfants s’en donnent à cœur joie. Leurs petites mains mettent un zest d’imaginaire dans le ciel de Haguenau, via la lucarne de leur chambre. Même le chat y va de sa patte…Féérie de l’instant qui réinvente l’enchantement d’attendre la généreuse lumière qui viendra par la cheminée…Le Père Noël est désiré de pieds fermes ou plutôt de mains tendues ! La longue lettre de suppliques a déjà été postée en attelage de rennes.

En attendant, des bredeles d’images cuisent sur la plaque de ce four où le soleil joue aux micro-ondes de ses rayons ardents.

Le monde est toujours plus beau quand les enfants l’imaginent.                                            

©  Laurent BAYART