Archives de catégorie : Blog-Notes

TOUR DE France / LES VIEUX DEMONS OU « TOUT EST BIEN DANS LE MEILLEUR DES MONDES » DIXIT VOLTAIRE…

         Boum patatras, on croyait « que tout était bien dans le meilleur des mondes » en paraphrasant Voltaire et son Candide, (qui n’était pas coureur cycliste !), mais voilà que les vieux démons du Tour de France surgissent à nouveau et que l’équipe des gendarmes de l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (Oclaesp) se met à procéder à un contre-la-montre en allant perquisitionner à l’hôtel de l’équipe Bahrhain pour une suspicion de dopage. Oups. Retour vers le futur ? Décidément, la culture de la seringue (Bien qu’on n’en ait plus vraiment besoin avec les docteurs Follamour de la pharmacopée !) revient toujours en force, dans le genre Chassez le naturel…

On pensait que le grand ménage avait été fait et voilà que l’on vérifie (à nouveau) les ordinateurs, les poubelles, les paletots et les frigos des équipes du Tour de France. L’histoire – décidément – se répète inlassablement…

Un chroniqueur avisé du Canard Enchaîné vient d’écrire : C’est l’histoire d’un blondinet, fluet, impassible qui met les champions de la petite reine en état d’apoplexie…Il s’agissait alors (en 2008) de Riccardo Ricco qui fut contrôlé positif à l’EPO et dont le « sulfureux manager était le Suisse Mauro Gianetti… »

Aujourd’hui, les yeux des consultants brillent pour Pogacar, l’immaculé slovène (sorti de nulle part). Lui n’a que 22 ans, et les exploits de son prédécesseur transalpin font pâle figure à côté de son écrasante domination. Mais il n’est plus question de sulfureux manageur : son équipe UAE Emirates, est cette fois dirigée par…le Suisse Mauro Gianetti.

Il n’y a décidément jamais de hasard au pays de Candide ! La caravane passe (tousse) et la roue tourne. A quand le vaccin contre la naïveté ?

Là, pour le coup il faudrait –au moins – deux doses…

                                                © Laurent BAYART

                                                                       16 juillet 2021                                           

BILLET D’HUMEUR / ACTE 178 / LA BEAUTE ET LES ENFANTS SAUVERONT LE MONDE…

Haguenau, photo Marie Bayart.

         Instants à cueillir les secondes au fil de l’eau qui ruisselle dans cette magnifique fontaine en grès. Y-a-t-il des poissons rouges, les enfants ? Comme des virgules qui frétillent dans le grand bocal de cette conque en pierre. Poissons globes et carpes Koï ? A moins, qu’une sirène ne s’amuse à esquisser une folle chorégraphie avec la chevelure d’une algue ? Ivresse de laisser vagabonder et baguenauder vos yeux pour se rassasier de ces moments partagés. Fratrie de trois pommes à savourer ce ruisseau canalisé et domestiqué au cœur même de la ville.

J’aime cette espèce d’éternité qui vient enchanter les minutes buissonnières.

La beauté sauvera le monde et nous avons, les enfants, de plus en plus besoin de vous…car nos yeux d’adultes ne savent plus l’émerveillement et la jubilation.

Fontaine que vous imaginerez source pour irriguer et rassasier votre soif de vivre pour demain.

La beauté et les enfants sauveront le monde…en une immense cure de jouvence.

                                                © Laurent BAYART

                                                11 juillet 2021

BILLET D’HUMEUR / ACTE 177 / TRAVERSER LA LIGNE JAUNE…

Passer la ligne jaune (ou rouge) et la faire bouger avec le compas de ses jambes. Aller au-delà de ce fil peint, tendu sur le sol comme une corde d’équilibriste. La vie, parfois, ne tient qu’à un fil…Marcher de l’autre côté de ces mondes rectilignes et linéaires. Passer outre l’interdit. S’engager dans cet horizon nouveau qui s’ouvre à nos libertés retrouvées. S’inventer un autre chemin entre cailloux et voies lactées. Danser sur le macadam apprivoisé des barrières horizontales. No man’s land, telle une terra incognita, ou une zone franche fichée entre deux frontières. 

Marcher d’un pas allègre, accompagné par son ombre, sur les différentes strates du sol en manière d’œuvre d’art. Singulier parcours sensoriel sur un quai de gare.

Chorégraphies des pieds qui s’en vont inventer un chemin… de traverses.

Plus loin, la voie ferrée comme un voyage à ras de terre.  En terre inconnue.

A composter l’invisible billet d’une échappée (re)belle.

                                                 © Laurent BAYART

                                                                         6 juillet 2021

BILLET D’HUMEUR / ACTE 176 / NOUS SOMMES DEUX…

photo Patricia Chabas, Bretagne.

          Le vent mauvais nous a emportés dans le sable fin de nos rêves, à imaginer des jours meilleurs que nous tricotions ensemble à force de se tenir les mains jointes, dans la prière du bonheur, à s’accrocher aux palpitations de l’amour tels des coquillages sur les falaises. Après tant d’années, les yeux écarquillés, nous avons résisté aux embruns, aux tempêtes et à la rouille qui se glisse –inexorablement- sous la coque des bateaux. Vivre intensément comme un rendez-vous qui n’aurait plus de fin. Figé dans l’agenda des jours qui passent et nous tourneboulent. La houle a jeté les couleurs d’ardoise et de craie sur nos soleils bousculés. C’était hier que nous nous étions rencontrés. Blouse blanche d’infirmière et moi, poète, trop rêveur pour s’accrocher au goudron du plancher des vaches. Les mots portaient mes pas dans l’allégresse des rencontres. Les étoiles dans les yeux que je t’ai partagées avec toi, jusqu’à t’en déposer une au fond des pupilles.

L’océan, et sa grande marée, un jour nous emportera. Dans les pays dont nous n’avons pas idée.

Partir, c’est ne plus regarder passer les nuages, mais devenir mouette ou goéland à jongler avec les vents d’autan, et s’amuser de l’instant qui s’éternise et fait du surplace.

Dieu, comme un cerf-volant, nous poussera plus loin, beaucoup plus loin…

On appelle ça, le grand large.

                                                                                         30 juin 2021

                                                                   © LaurenBAYART

BILLET D’HUMEUR / ACTE 175 / S’INVENTER DES VOYAGES POUR ALLER PLUS LOIN.

photo de Némorin, alias Erik Vacquier.

         

Un sac sur le dos, comme une guitare buissonnière, un bâton de pèlerin et le chemin qui déroule sa liturgie de caillasse droit devant nous. Au loin, l’horizon se laisse apprivoiser. Y-a-t-il besoin d’une carte pour s’enfuir vers les lointains ? Il y aura forcément un océan pour aller à notre rencontre. Le chemin de Compostelle est bien borné de coquilles, alors, pourquoi pas ? Le monde tourne autour de nos souliers, jusqu’à nous donner le tournis. Le voyage est une invite à la folle escapade et à l’ivresse des paysages que l’on veut caresser de ses propres yeux. La valise est bien trop lourde pour la bourlingue vagabonde. C’est un poids mort sur la poitrine. Partir, léger comme l’air avec un air de musique dans la tête. Voilà notre destinée…volage.

La route est une partition et les kilomètres représentent des notes de musique sur lesquelles glissent nos semelles.

Partir et s’inventer des voyages avec une étoile au fond de nos pupilles.

Les nuages comme des moutons obéissants, avec plus haut, l’étoile du berger qui pose sa bienveillante lumière.

Et, dans les confins du ciel, Dieu pour nous guider et veiller à notre itinéraire.

Notre autre soleil. 

Gouvernail et tabernacle.

                                                              © Laurent BAYART

                                               20 juin 2021

BILLET D’HUMEUR / ACTE 174 /LECTURE MUSICALE DANS LA COUR DE LA BIB OU SE RETROUVER ENFIN…

         Les mois se sont passés et ont posé leurs cloques sur les feuillets des agendas qui se sont vidés, comme s’écoule l’eau de la clepsydre. Le coronavirus a lancé ses invisibles lansquenets et troupes de soudards sur nos existences paisibles et a tout chamboulé. Tout annulé. Tout reporté à des jours meilleurs. Il a fallu pratiquer la distanciation, le sourire étouffé dans un masque, le lavage des mains au savon hydrogel et surtout ne plus se toucher, se tenir, s’embrasser…

Les mots sont devenus orphelins, les phrases commençant toujours par un point final… Et, l’autre jour, après des mois et des mois de disette, se retrouver enfin dans la belle et spacieuse salle d’animation de la cour de la bibliothèque…Toutes fenêtres ouvertes. Un grand bol d’air sur les partitions et les ouvrages ouverts ! Les chaises assemblées, en attente de vous revoir tous. Enfin extirpées de leur remise, assemblées l’une sur l’autre dans l’obscurité de l’oubli et de ses poussières. En attente de rendez-vous festifs.

Se retrouver enfin au son de l’accordéon et des mots en goguette. Les notes et les paroles sont venues enfin à votre rencontre. Quel bonheur de se revoir ! Même masqués…

Les chaises se sont retrouvées habitées. Le monde est si beau lorsqu’on se rassemble et se ressemble…

A l’écoute de nos cœurs qui tambourinent de cette jubilation de se retrouver. Enfin.

Tout simplement.

                                                                                 © Laurent BAYART 

                                                                                         19 juin 2021

LIVRE / UNE VIE DE HOMARD OU L’HOTEL DES (GRANDS) COURANTS D’AIR.

         Erik Fosnes Hansen, né à New York de parents norvégiens est – nous dit-on –  l’un des plus importants écrivains norvégiens d’aujourd’hui. Et cela se confirme à la lecture de ce délictueux ouvrage au titre énigmatique : Une vie de homard. Le récit se passe dans un vaste et luxueux hôtel de montagne, tenu par un couple énigmatique de grands-parents, à Fävnesheim qui se sont occupés de l’éducation de Sedd (Sedgewick), jeune garçon de quatorze ans. La vie (bouillonnante) se déroule sous le sigillé des homards qui, si vous pressez l’oreille contre la vitre, vous pourrez entendre des coups sourds…/…ils frappent désespérément avec leur queue contre le fond et cherchent à s’enfuir tout aussi désespérément…Vous me direz, se faire ébouillanter vivant n’incite pas à la sérénité des bassins ! Et parfois, ces foutues bestioles se mutilent elles-mêmes. Le monde des crustacés n’est décidément pas un long fleuve tranquille !

Le récit s’articule avec justesse dans cet hôtel où le mystère règne, notamment dans cette chambre fermée à clef, l’Olympe, pièce inaccessible qui referme de lourds secrets…Le jeune homme, qui « porte » le récit, nous confiera que : L’avenir de la littérature réside dans l’autobiographie. D’année en année, il est de plus en plus difficile d’inventer des histoires, puisqu’il y en a de plus en plus qui ont déjà été trouvées. Quête du père disparu et d’une mère évaporée, le garçon sauvera la vie de cette jeune fille étrange qu’est Karoline dans un lac sans fond. La mort rôde en filigrane dans les couloirs/coursives de cet hôtel où le banquier Berge s’écroula en dégustant un gâteau. On y évoquera aussi l’attentat terroriste de la gare d’Ostbanen qui avait – à l’époque – secoué le pays. Voici, une Norvège bien tourmentée avec ce jeune héro qui n’arrivera pas – finalement – ni à sauver le banquier ni à sauver la jeune fille…Pas plus que la bâtisse.

L’incendie de l’hôtel balayera tous les fantômes d’une poussée de cendres…Ils seront priés d’aller hanter d’autres lieux.

                                                                   © Laurent BAYART

Une vie de homard, roman, de Erik Fosnes Hansen, Gallimard, 2019.

BILLET D’HUMEUR / ACTE 173 / EFFROYABLE JARDIN OU LORSQUE LE FOOT CREE LE MALAISE…

          Hier soir, un simple match de foot s’est transformé en effroyable jardin, le rectangle vert du gazon est devenu noir…En effet, pendant la confrontation de l’Euro, entre le Danemark et la Finlande, un joueur danois Christian Eriksen s’est écroulé sur la pelouse…Des images effroyables que nous avions déjà vues, il y a quelques années. La mort comme un urubu semblant vouloir chausser les crampons et affoler les soigneurs et les médecins, en faisant  des passements de jambes et autres dribbles vis-à-vis de la…vie. Stupeur et tremblements dans le stade où la fête se retrouve suspendue à cet homme couché par terre, foudroyé par un coup de foudre cardiaque. L’enjeu devient finalement bien dérisoire face à cette lutte, tout à coup, pour survivre. Tragédie grecque où la dramaturgie s’emballe…

Le joueur sera évacué. Le match reprendra mais les supporters ont irrémédiablement perdu le nord… En effet, comment peut-on encore « jouer » à la baballe lorsque votre coéquipier se retrouve évacué en réanimation ? That est the question.

Le score se révélera anecdotique, voire dérisoire. On s’en foot complètement ! La fête continuera, mais il restera un homme couché sur la feuille de match. Comme un carton rouge prodigué sans aucune faute. Vivre avant tout, même et surtout sur un terrain de foot… 

Le rectangle vert, sa ligne médiane, ses poteaux de corner et autres surfaces de réparation ne doivent – en aucun cas –  se transformer en cimetières au coup de sifflet final de l’homme en…noir. 

La vie, encore et toujours, doit avoir le dernier mot. C’est écrit en filigrane sur le cuir du ballon.

                                                © Laurent BAYART

                                                                       13 juin 2021

LIVRE / UNE ENFANCE (TR0UBLE) AU COSTA RICA.

          D’abord, il y a cette superbe photo de couverture et puis ce curieux, voire énigmatique titre « Inconstance des souvenirs tropicaux », livre signé par Nathalie Peyrebonne, qui vous donne envie de vous plonger dans cette lecture improbable.

Hortense est artiste-peintre à Paris mais elle est restée attachée au pays de son enfance : le Costa Rica (étymologiquement « la Côte riche ») pays d’Amérique centrale situé entre la mer des Caraïbes et l’océan Pacifique. Au détour du hasard et d’un reportage télévisé, elle découvre qu’un ami de son père, qui venait fréquemment à la maison, n’est autre qu’un barbouze de la DGSE…Le voile se levant, peu à peu, aussi sur les activités de Jean-Loup, son papa. Un ancien espion déclarait ainsi qu’aujourd’hui quatre-vingt-quinze pour cent des renseignements sur les personnes se trouvaient à disposition, sur Facebook et Twitter en particulier, que leur boulot ne consistait plus qu’à mettre la main sur les cinq pour cent restants…Les souvenirs égrènent leur romance dans un décor somptueux, coloré et luxuriant où les perroquets se révèlent être même bilingues ! Plus loin, l’auteur décrit ce pays de carte-postale à la Gabriel Garcia Marquès : Les animaux étaient partout, au Costa Rica. L’univers, là-bas, était formidablement habité, bouillonnant et touffu. Le pays en a fait aujourd’hui un argument publicitaire considérable pour le développement du tourisme : sur ce territoire minuscule, la flore et la faune sont sidérantes…avec de nombreuses espèces d’animaux rares et même cent-soixante sortes de grenouilles ! 

L’auteur mènera son enquête et soulèvera (en partie) le voile qui recouvre pudiquement le passé en livrant sa funeste dramaturgie. Enfant miraculée, elle découvrira pourquoi la silhouette d’une petite fille se dessine, mystérieusement, en filigrane, en guise de signature sur ses tableaux. Enquête policière qui laissera des points d’interrogation à la fin de ces investigations, à la place du point final.

                                                                   © Laurent BAYART

Inconstance des souvenirs tropicaux de Nathalie Peyrebonne, La Manufacture de livres, 2020.

BILLET D’HUMEUR / ACTE 172 / LES VACHES SONT LES LIBELLULES DES CHAMPS.

photo de Thibaud Bayart

Meuh, quelles sont joliment belles ces libellules à pis des prairies de Haute-Saône. Les vaches sont les disciples des paysages qu’elles enchantent de leur imposante mais pacifique présence. Débonnaires, bon enfants mais aussi gracieuses à souhait, Ces ballerines, aux tutus mouchetés, poussent leurs vocalises en bel canto dans les champs clôturés, presque des salles de musique bien ventilées… Elles ne chantent pas le blues mais plutôt la bouse du quotidien laborieux ou laboureux… Ces animaux constituent les bijoux de la création, il convient donc de toujours bien les traiter ! C’est du moins ce qu’affirmait le Père Noé qui les aimait vachement beaucoup ! Il leur avait s’ailleurs octroyé une place de choix dans son emblématique arche ! Qui n’était pas une Nef des fous ! Loin s’en faut…Et d’ailleurs, un paradis sans ces bestiaux n’aurait aucun attrait tant qu’elles respirent la paix, la sérénité et une forme de zénitude dans un monde de turbulences et de secousses.

Quant à regarder passer les trains, ce sont des images d’Epinal, des clichés et des raccourcis en forme de queue de vache. Elles s’en battent le râble, des tortillards ou des trains à grande vitesse qui glissent sur la ligne d’horizon !

Elles prennent le temps comme il vient, c’est-à-dire lentement. 

Leur lait terminera toujours dans un seau, à la traite du soir à la ferme, qu’on se le dise. C’est leur voie lactée…

Si c’n’est pas de la philosophie, ça…

                                                                © Laurent BAYART

                                                                            30 mai 2021