Archives de catégorie : Blog-Notes

LE RACING, UNE SAISON DE OUF OU LAUREY NE FUT PAS TOUJOURS HARDI…

         Jusqu’au bout du suspens, cette curieuse saison sans spectateurs (les gradins devenant gredins) nous a fait palpiter comme jamais ! Un scénario à la Hitchcock pour une dernière journée de championnat totalement atypique où en général les scores des matches sont pléthoriques. Et bien, cette année, on « s’est arraché » jusqu’à la dernière minute ! Et au final, les milliardaires du ballon ont mordu la poussière (du riche désert quatar), laissant les « gens du Nord » emporter la mise ! Certains diront qu’ils avaient tout simplement « la frite ! ». On nous a régalés ou plutôt réGaltier ! Quel magnifique et palpitant feuilleton où le suspens se trouvait à tous les étages, même si ce fut bien compliqué, en mode pandémie…

Et, en bas de tableau, beaucoup plus bas, une demi-douzaine d’équipes jouait pour garder leur place en ligue 1 qu’on appelle aujourd’hui Uber eats…(On aura échappé au nom d’une marque de pizza !). Et, hélas, encore une fois, notre équipe fétiche du Racing Club de Strasbourg a essayé d’éviter la relégation…Un peu lassant, peut-être, ce sempiternel manque d’ambition d’un club dont on attend beaucoup mieux ! Comme il est parfois annoté sur les bulletins de note des élèves, en fin d’année scolaire. Un duo d’attaquant Ajorque/Diallo qui a pété le feu (25 buts à eux deux), deux gardiens au top, avec le numéro 3 Kawashima qui a souvent sauvé la baraque ! Et un entraineur, un peu poussif qui a fait des merveilles, les saisons passées, avec souvent un bon « coaching » et de l’inspiration, mais qui est peut-être resté une saison de trop ? Laurey pas dû continuer ?

Ouf, saison terminée, on rempile dans l’élite, et comme dirait le grand Corneille (footballeur bien connu !) : A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. Bon, on n’a rien gagné mais – en revanche – on a dansé sur le fil d’un rasoir. Et si Strasbourg se prenait pour Lille, l’an prochain ? Après tout, on peut bien rêver, non ? 

Il suffirait de mettre le « bleu » de chauffe dans une Meinau remplie comme un chaudron…de potion magique !

                                                                   © Laurent BAYART 

                                                                             24 mai 2021

BILLET D’HUMEUR / ACTE 171 / LES CONFINES FILENT EN TERRASSE OU SEIGNEUR METEO QUANDO DIT QU’IL FAIT BEAU…

          Avant hier et hier, tout un chacun s’est précipité « en » terrasse, comme dans une grande échappée de liberté. Nous voilà retrouvés en mode « extérieur/jour », après les diverses saisons et autres soubresauts des confinements multiples et couvre-feux. Un parfum de liberté a flotté même si nous fûmes (la moquette !) encore –parfois – affublés de masques et protégés par les inévitables gestes barrières. Menu à la carte et bières en goguette sur la table ronde en habits et napperons de fête. Cela nous change des cocktails en gel hydro-alcooliques ! Hic. 

Retour à la « vie d’avant » le corona séisme et ses prouts délétères. Mais, hélas, le soleil était quelque peu grippé, les nuages et ses lutins en gouttelettes de pluies ont dansé le rock ‘n roll sur nos têtes et les parasols dressés en farandole…Ainsi, quelques grenouilles se sont invitées à l’ivresse de se retrouver entre amis ! Qu’importe, nous avions la sensation de sortir enfin de notre bocal…

Et tant pis, si le ticket de l’addition était quelque peu mouillé. Intempéries obligent. Ce premier jour « en » terrasse représentait une bulle d’oxygène expulsée d’une bouteille de champagne…

Le bouchon en liège s’est propulsé vers le ciel comme une capsule spatiale de bonne humeur !

Le soleil –délivré de sa gangue de nimbostratus- en croasse encore de bonheur…

                                                                            © Laurent BAYART

                                                                                 21 mai 2021

LIVRE / BAUDELAIRE EN ROCK STAR OU CRENOM DE TEULE !

         Les récits et autres biographies revisités de l’écrivain Jean Teulé sont souvent des pièces sulfureuses, vitriolées où l’auteur gambade et folâtre dans la réécriture de vies tumultueuses, atypiques mais toujours passionnantes. 

Voilà qu’il nous entraine dans celle de Charles Baudelaire où, loin des chemins tout tracés des musées de la Pléiade, l’histrion des lettres nous fait côtoyer l’auteur des Fleurs du mal qui était détestable, drogué jusqu’à la moelle et dandy halluciné…Vagabondage déjanté dans ce dix-neuvième siècle où l’on s’approche des artistes emblématiques de l’époque : Nadar, les frères Goncourt, Courbet, Daumier, Théophile Gautier…Un véritable cabinet des curiosités dans lequel on déambule dans le fourmillement de cette œuvre qui se « fabrique » sous nos yeux. Rapports compliqués entre le beau-père, chef de bataillon, Jacques Aupick, et une mère aimante et possessive qu’il prenait souvent pour un distributeur de billets… 

Tango mortifère entre alcool, drogue et syphilis avec cette passion volcanique pour Jeanne Duval, mulâtresse dévorée –elle aussi – par la lèpre de la maladie d’amour…Le poète expliquant les intentions des Fleurs du mal, comme une explosion de gaz chez un vitrier ! Voilà qui est (bien) dit…Il aura – néanmoins- le soutien indéfectible de son éditeur Auguste Poulet-Malassis qui le fera entrer dans la postérité, ainsi que les éloges du grand Victor Hugo, excusez du peu !

L’ouvrage Crénom, Baudelaire ! est truffé d’extraits de l’œuvre où l’un des personnages de s’étonner : Un si beau poème d’amour pur a-t-il pu naître dans un bordel ? 

Tatillon et maniaque à l’extrême, il rendra fou (furieux) les correcteurs de l’imprimerie avec ses biffures extravagantes, voulant même redresse le de l’italique ou la valse des virgules inappropriées : Ce n’est que par un soin appliqué, minutieux, opiniâtre, qu’on arrive à donner aux œuvres une valeur définitive ! Dont acte. 

Jean Teulé, comme un témoin, observateur privilégié, a tenu le rôle de journalier du verbe en mettant le lecteur dans les pas (brinquebalants)  et, ô combien pimentés, de Charles Baudelaire.

                                                                © Laurent BAYART

* Crénom, Baudelaire ! de Jean Teulé, éditions Mialet-Barrault, 2020.

PABLO, MON CHAT, SUR LE QUAI DES GRANDS DEPARTS…

         Je sens qu’il est bientôt l’heure de nous quitter. Pablo, mon chat que j’ai tant aimé, prépare ses bagages pour le Grand Voyage, celui dont on ne revient pas…Depuis plusieurs jours et heures, je me fais doucement (cruellement) à l’idée de ton absence. Pablo, mon chat qui a posé ses apaisantes vibrisses et ses ronrons sur nos existences, en égayant nos vies et en nous offrant la chaleur de nos rendez-vous quotidiens. La vie est décidément impitoyable qui nous oblige à partir, à s’en aller pour des ailleurs dont nous n’avons pas idée. Nous éloigner, êtres humains et animaux, de ceux que nous aimons tant…Mon âme est triste, Pablo. Demain, quand tu auras pris la poudre d’escampette, je te verrai, te devinerai encore, en train de me suivre, compagnon fidèle, ami d’au-delà des mots et des apparences. Mon frère à quatre pattes. Tant de connivences et de moments partagés. J’avais 48 ans quand tu es arrivé dans notre petite famille !

Pablo, je t’aimais. Je t’aime toujours mon chat.

Certainement, demain, tu seras notre ange-gardien en coussinet qui veillera sur nous et nos destinées. L’amour est une éternité qui nous remplit de sa grâce.

Et je sais, que tu me suivras, félin de l’invisible pour me réclamer cette caresse qui scelle la tendresse des départs contraints.

Que Dieu, qui aime toutes les créatures, te protège à jamais! Et, demain, se retrouver, comme si de rien n’était.

Pablo…si près, si loin déjà.  Le point final est comme une larme/gouttelette que l’on laisse à la fin d’une phrase sur la feuille fine et blanche d’un mouchoir. Synonyme de partance…

Adieu Pablo.

                                                 © Laurent BAYART

BILLET D’HUMEUR / ACTE 170 / CAMILLE A UN AIR DE FETE SUR LA TETE !

         Telle une princesse aux cheveux d’herbes folles, Camille chante le vagabondage du printemps dans sa chevelure, à l’image d’un champ qui danse de la bossa nova avec les alizés. Epis en goguette et fleurs sauvages qui gazouillent le printemps sur sa toison de petite amazone. La vie est si belle dans le chahut et la turbulence des instants enchantés ! Camille, petite fée électrique aime dessiner sur des bouts de papier abandonnés à la discrétion de son imaginaire. Artiste déjà au bout de ses doigts-fougères ? Ses traits de couleurs sur la feuille blanche comme une chevelure en palette qui esquisse des arabesques en touffes de friselis et de bouclettes. Tu lutines en feu follet et rends nos vies plus belles et légères, en  t’envolant tel un papillon, se posant sur un pétale de pâquerette ou le rubis rouge d’un coquelicot.

La caresse d’un peigne serait une offense à ton désir de liberté…capillaire. Et la tondeuse moissonneuse batteuse de ses couperets/ciseaux, une folle hérésie !

– Cheveu m’amuser avec l’air qui joue de la musique sur ma caboche ! Nous scande notre petite fille…

Camille a un air de fête sur la tête !

                                                                               © Laurent BAYART

                                                                                     11 mai 2021

LIVRE / LOO HUI PHANG OU L’ŒIL DU PHOTOGRAPHE QUI ECRIT…L’EXIL.

          Scénariste de bande dessinée et photographe, Loo Hui Phang est née au Laos et grandi en Normandie, son livre sensuel, comme un retour aux sources, emmène le lecteur dans son pays d’origine, via Savannakhet, à l’occasion du décès de sa grand-mère Wâipo (Vietnamienne d’origine) dont on découvre la vie, au fil de ces pages.

L’Imprudence est peut-être un livre inclassable, le premier roman de cette photographe graphiste qui raconte cet exil qu’elle porte en elle dans son âme : Quand je parle en français, je mens. Et quand je pense en français, je me travestis. Ce voyage lui permet de retrouver les traces d’une vie passée et des émotions fixées dans l’album des souvenirs : Nous prenons place sur le trottoir, devant l’ancien cinéma à la façade rongée d’humidité. Tu savoures ton sa nom yen les yeux fermés et je sens un plaisir immense infuser en toi…/…Ce thé a vraiment la couleur du Mékong. On a l’impression de boire de la boue. 

Et puis, la photographe n’est pas loin : Il faut passer à autre chose, lâcha-t-il. Je frémis. Sa parole serait définitive « Maintenant, prenez les gens de face. Trouvez votre jeu de jambes ». Je répondis que je ne savais rien, que j’avais appris seule, avec un vieil appareil dont personne ne voulait. 

Voyage attachant et troublant dans ce culte de la mémoire  et «l’épaisseur du temps » qui permettent de retrouver son identité, à travers le passé et l’exil où le seul endroit sur terre dont je peux revendiquer l’appartenance est le périmètre de ma peau. C’est là, le seul, le vrai lieu qui est mien.

                                                                                Laurent BAYART

* L’Imprudence, roman de Loo Hui Phang, Actes Sud, 2019.

BILLET D’HUMEUR / ACTE 169 / UNE IVRESSE DE LIBERTE DANS UN CIEL SANS MASQUE.

          A la fin, voileront-il aussi les nuages ivres de vents et d’espaces en leur fichant un masque sur leurs minois de gaze, filant dans le ciel bleu comme des feux follets ? J’ai peur que le soleil ne s’y retrouve plus dans cette vaste mascarade où l’on dissimule chaque visage sous les monocles d’un tissu. Frères, je voudrais tant revoir vos sourires !

Le virus est devenu un soleil noir qui plane sur nos destinées plongées dans l’anonymat.

Faire définitivement tomber le masque à terre comme on se débarrasse d’un poids. Mes lèvres auront recouvré leur liberté. Enfin retrouver le monde d’avant que tout disparaisse derrière ce voile comme un rideau de scène.

Et t’embrasser enfin sans gestes barrières et tamis en tissus.

Un baiser sur ta peau, tout simplement, comme le nuage étreint le ciel avec la plume de quelques oiseaux. La tendresse de se revoir enfin et de se toucher comme on se serre les mains, en un cocktail d’accolades de retrouvailles. 

En fraternité de nos humanités.

Il n’est que temps pour le printemps.

                                                     ©  Laurent BAYART

                                                                                         6 mai 2021

BILLET D’HUMEUR / ACTE 168 / LES BARRIERES DES GESTES FRONTIERES SE SONT BAISSEES…

Il faudra décidément s’y faire, à vivre masqués jusqu’à d’hypothétiques jours meilleurs quand le virus et ses fichus variants, pas marrants, auront décidé de nous lâcher la grappe ! Foi de pangolin ! Nous étions faits pour être libres, nous étions faits pour être heureux…scandait, jadis, Louis Aragon. C’était avant le coronadestrictus…

Nos minois dissimulés, nos lippes planquées derrière les tulipes, et nos faciès embusqués sous d’impudiques  tissus. Nos sourires ont été dérobés. Reste le rubis des pupilles pour dessiner un zest de ciel bleu. Les gens passent derrière moi dans l’incognito des jours tristounets. Un monde nouveau est né sous nos yeux et sous notre nez (caché). Bouche bée dissimulée.

Alertez les bébés ! Comme le chantait, en son temps, Jacques Higelin. Révoltez-vous les enfants ! Demain, vous ne pourrez même plus embrasser vos parents et les câliner affectueusement ! Il vous faudra appliquer la distanciation corporelle et sociale.

Leur tenir la main et leur effleurer la joue dans un essaim de tendresse. Exit l’humanité des tendresses retrouvées…

Les masques sont devenus les nouveaux barbelés des frontières de demain. Les gestes ont fait tomber leurs barrières sur les routes qui nous reliaient au pays de toutes nos fratries.

L’être humain transformé en douanier (sanitaire) et une simple piqûre s’étant muée en laisser-passer…Le tampon d’un vaccin, comme le cachet de la poste, faisant foi, froid dans le dos…

                                                                   © Laurent BAYART

                                                                                2 mai 2021

LIVRE / L’HISTOIRE A LA MACHETTE ET A LA « KALACHE » ENTRE HUTUS ET TUTSIS.

         L’actualité, tels les remugles d’une sinistre marée noire (« Le génocide est une marée noire, ceux qui ne sont pas noyés, sont mazoutés à vie.»), est revenue rappeler – récemment – qu’un million de personnes a été trucidé dans ce conflit ethnique qui a marqué l’histoire récente. L’ouvrage de Gaël Faye, rappeur franco-rwandais, finement écrit, nous le raconte, vu de l’intérieur. C’est sous la plume de Gabriel, enfant égaré dans un paradis situé dans son « petit pays » qu’est le Burundi qui jouxte le Rwanda, le pays des Mille Collines, qu’on surnomme aussi la Suisse de l’Afrique, que la narration se dérouleraLe nom de Rwanda évoquera désormais un effroyable génocide…

L’enfant raconte les différences entre Hutus et Tutsis sous l’analyse d’un regard naïf « haut de trois mangues ». Comment comprendre que les adultes se massacrent pour une question de nez ? : Puisque les Hutus l’ont gros, il faut en déduire que Cyrano de Bergerac est un des leurs. Tout cela sous fond de dispute en mode conflits entre ses parents : Entre Yvonne, sa mère Tutsi, née en 1963 au Rwanda et son père blanc, Michel, originaire des Vosges, rien ne va plus. Le paradis se fissure…

Ligne de partage des eaux où l’incompréhensible haine va prendre le dessus sur les vieilles fratries et connivences de la jeunesse : J’ai beau chercher, je ne me souviens pas du moment où l’on s’est mis à penser différemment. A considérer que, dorénavant, il y aurait nous d’un côté et, de l’autre, des ennemis…Et plus loin Nous vivons sur le lieu de la Tragédie. L’Afrique a la forme d’un révolver. Rien à faire contre cette évidence. Tirons-nous…

La chaos va s’installer comme une sanglante évidence, une hémorragie impossible à juguler, l’instinct de mort étant trop fort : La guerre, sans qu’on lui demande, se charge toujours de nous trouver un ennemi. 

L’enfant s’exilera –in-extremis- en France, échappant à la longue litanie de la barbarie, pour raconter, plus tard, en chansons et en mots, la longue déshérence d’une humanité meurtrie qui bafouille ses morts.

                                                                    © Laurent BAYART

Petit pays, roman, de Gaël Faye, Editions Grasset, 2016.

BILLET D’HUMEUR / ACTE 167 / NOS OMBRES DANSENT SUR LE GOUDRON.

         Nos ombres dansent sur le goudron. Silhouettes imprimées en noir sur gris clair. On devine et imagine nos corps et la ligne jaune du quai, limite à ne pas dépasser. Les trains sont des ogres qui pourraient vous happer ! La lumière se trouve juste derrière nous avec la lampe halogène du soleil. Où vont nos ombres lorsque les nuages viennent griser le ciel et mettre un monocle sur l’astre du jour ? Où s’en vont-elles ?

Nos apparences, comme de fidèles compagnons, nous pistent et nous suivent inexorablement.

Un papy et un enfant assis sur un banc.

Et le soleil, complice de l’instant, qui joue au flash de la photo tirée sur le papier/pellicule du sol granuleux.

Il ne manque que l’ombre du moineau de la photo qui s’échapperait de la volière noire de l’obturateur de l’appareil, avec son clic…

Un oiseau noir s’envole dans le ciel. Ou du moins, son ombre…

                                                                                 Laurent BAYART

                                                                                   © 25 avril 2021