Archives de catégorie : Blog-Notes

LIVRE / VOYAGE EN TERRE INCONNUE AVEC ADRIEN DE MEEÛS ET SON « AMUSANTE AMERIQUE » PUBLIE EN 1938…

         Nul doute que ce titre original m’a irrésistiblement attiré : Amusante Amérique. Ce livre poussiéreux aux pages jaunies, (extirpé de ma bibliothèque) édité par Flammarion en 1938 par Adrien De Meeüs, m’a intrigué. L’inévitable Wikipédia m’apprend que cet auteur, comte de surcroît, est né en 1900 en Belgique et est décédé en 1976 à Nice, était un écrivain maurrassien belge. 

Amusante, l’Amérique ? Je me suis donc plongé dans ce livre/récit étonnant où notre écrivain prit le chemin des écoliers en paquebot et déjà, sur cette grosse coquille de noix, il nous décrit une piste de danse du genre « la croisière s’amuse » : Le pont est plein de jeunes couples qui se promènent. Ils cherchent ensemble les coins d’ombre où ne pénètrent même pas les faibles rayons de la lune. Les jeunes filles y goûtent les lèvres des jeunes gens comme des cocktails…Ca commençait bien, cette quête du Nouveau Monde !

Et l’entrée s’y fait, à l’époque toujours, par la grande veilleuse altière de l’emblématique statue de la Liberté, toute patinée de vert tendre et doux sur son socle rose. Première surprise : je m’attendais à voir de l’énorme et je trouve surtout de la couleur. 

Arrivé sur les terres d’Amérique, Adrien De Meeüs nous livre ses appréciations, son témoignage et ses impressions comme s’il s’agissait d’un explorateur/bourlingueur traversant les steppes sauvages. On retrouve déjà, dans les années quarante, cette hantise du microbe et la frénésie de l’antiseptique : L’Amérique est un pays où, par crainte des microbes, chacun s’envelopperait, s’il le pouvait d’un brouillard antiseptique,  et cette soif de vivre dans un continent tout neuf : Ce qui frappe l’étranger aussitôt qu’il débarque à New-York, c’est la manière toute différente de considérer la vie. On se sent brusquement transporté dans le pays de l’optimisme, du mouvement et de la bonne humeur… L’est-il resté aujourd’hui ?

L’auteur évoque une foultitude de choses passionnantes et surprenantes concernant la vie des Américains, notamment dans le domaine de la justice qui varie d’un état à un autre, de l’urbanisme et de ses tours/échelles qui crapahutent vers le ciel, des rapports sociaux, des activités syndicales, de l’argent ou de la religion.

Il termine son périple avec cette conclusion enflammée : La vraie poésie de l’Amérique, c’est sa soif de l’espace, de l’illimité, de l’immense…

C’était en 1938 et les voyages se faisaient encore en transatlantique…

                                                                                 Copyright Laurent BAYART 

Amusante Amérique d’Adrien De Meeüs, Flammarion, 1938.

BILLET D’HUMEUR / ACTE 153 / JAUNISSE PRINTANIERE PRECOCE DANS LES SOUS-BOIS OU LES (petits) ENFANTS S’EN DONNENT A CŒUR JOIE…

         Est-ce le coup d’envoi d’un printemps de plus en plus précoce ? Camille, Jules et consort ont joué les cueilleurs de poche dans un sous-bois de Haute-Saône, abandonné à la discrétion d’un soleil frisquet au ciel qui a posé sa tenture peinturlurée d’un bleu ardent. Le printemps a hissé son drapeau jaune sous la forme des emblématiques jonquilles que les scientifiques appellent aussi Narcissus Jonquilla, autrement dit la Narcisse Jonquille. C’est la fête des Jonquilles de Gérardmer avant l’heure ! Moins les chars chamarrés… Quel bonheur de s’abandonner à la maraude buissonnière de ces somptueuses Amaryllidacées vêtues de leur délicate robe dorée en forme de trompette. Beauté des instants partagés en mode pause dans la sérénité des bois qui s’ensemencent de leur tapis de verdure. Les échines courbées, comme en une prière païenne, se tournent vers le Dieu/terre où l’humus chante sa jeunesse et fraîcheur retrouvées. Sérénité de cette communion avec la nature dans laquelle les enfants deviennent des dieux lares à la quête de cette Toison d’or qui finira dans un vase…Premiers bouquets en offrande pour les mamans cueilleuses. C’est la fête des gourmandises en couleurs, pour peu que quelques perce-neige viennent rappeler que la glace vient à peine de s’éclipser…en un curieux fait d’hiver.

photos Emilie Bayart

Premières jonquilles, tel un souffle de printemps, que l’on n’attendait pas de si tôt. Les enfants, vous êtes l’annonce de jours meilleurs, loin des mauvaises herbes de ce virus/ivraie qui fait palpiter le monde devenu un vaste terrain vague avec son angoissante tachycardie à chardons de feu. 

Vous cueillez l’espoir d’un monde qui retrouve la jubilation d’exister et de vivre ! 

Nous avons tant besoin de cueillir des brassées de soleil.

                                                                            © Laurent BAYART

                                                                                   28 février 2021

LIVRE VINTAGE / PAUL TOURNIER, MEDECIN « COLLABORATEUR DE DIEU ».

       Merveille de la découverte d’une édition originale « vintage » de l’écrivain/médecin Paul Tournier, dont Internet me révèle qu’il est né à Genève le 12 mai 1898 et mort à Troinex le 7 octobre 1986. Cet humaniste, qui a publié une vingtaine d’ouvrages, réfléchit à la relation du médecin avec son patient. À partir de 1937, son cabinet médical devient un cabinet-conseil à vocation psychologique et, en 1938-1939, il rédige son premier livre Médecine de la personne, qu’il dédie à Frank Buchman, inspirateur des Groupes d’Oxford. 

Le livre que je tiens sous la main a été publié en 1951 et intrigue par son titre : Bible et médecine. Cet homme de foi et de conviction applique l’empathie sous la lorgnette (ou plutôt le stéthoscope !) de la Bible. Cette écriture et cette pensée sont vivifiantes en ces temps d’appauvrissement des rapports sociaux et de cette absence récurrente d’humanité à laquelle on assiste. Ainsi, l’un de ses patients lui confie : J’admire la patience avec laquelle vous prêtez l’oreille à tout ce que je vous raconte. Et le toubib de répondre : Ce n’est pas de la patience, c’est de l’intérêt. Tout est prodigieusement intéressant à qui cherche sans cesse le sens des choses. Il y a tant à apprendre du moindre cas si l’on est animé par l’esprit de curiosité. /…Et dans chaque situation se jouent, au fond, tous les plus grands problèmes de la destinée humaine. On sent dans ces pages l’amour de l’autre et de l’être humain : ces malades cherchent en moi un magicien. Ils croient que je « possède » de par ma foi des lumières ou des pouvoirs qui manqueraient à un confrère incrédule. 

Plus loin, Paul Tournier se définit ainsi, à l’image de la phrase emblématique d’Ambroise Paré : tout médecin, croyant ou non, est un collaborateur de Dieu (Je le pansay, Dieu le Guarist). 

Cet ouvrage, vétuste et vieillot, sentant l’encre du remugle des années passées, est vivifiant voire revigorant, Paul Tournier terminant cet opus en rappelant l’aphorisme des disciples d’Esculape : guérir quelquefois, soulager souvent, consoler toujours. 

Un ouvrage merveilleusement beau qui relie l’homme à son Créateur, en passant par le trait d’union magique du médecin…

                                                                                 Laurent BAYART

Bible et médecine du Dr Paul Tournier, éditions Delachaux & Niestlé S.A, Neuchatel/Paris, 1951.

LIVRE / AU TEMPS DE L’AMOUR COURTOIS ET DES ENCHANTEMENTS DES ROMANS DE LA TABLE RONDE.

         Qu’il est bon de parfois se plonger dans de vieux ouvrages qui sentent le papier vétuste des années quarante, un peu surannés, aux pages jaunies par l’usure du temps, composés sur des presses typographiques où l’adresse des éditeurs parisiens se résumait en un arrondissement. Les codes postaux n’existaient pas encore !

J’ai ainsi refait – en quelque sorte – mes « humanités » en relisant les romans de la Table ronde, me délectant des quatre « contes » que sont ces trésors et récits de l’amour courtois, des enchantements médiévaux, de ces textes/grimoires de chevalerie et de « ferraillage » en mode tournois, armures de quincaillerie et gonfalons multicolores que sont  : Merlin l’enchanteur, Lancelot du lac, le Saint Graal et Mort d’Artus (Arthur) adaptés par un romancier des années quarante. 

Je me suis délecté de ces légendes et historiettes qui ont marqué notre histoire mais aussi notre littérature. Romans des anciennes grivoiseries qui seraient probablement cloués aux piloris de la censure contemporaine ! Lorsque les « pucelles » chantaient gaillardement : Je sens le doux mal sous ma ceinturette/ Maudit soit de Dieu qui me fit nonnette !…/… Je dis malgré moi vêpres et complies/ J’aimerais bien mener bonne vie/ Avec celui-là dont je fus l’amie/ Car il est joli et je suis jeunette ! » Belle et vertueuse conquête mystique aussi, et spirituelle avec la recherche de ce Saint Graal qui fait encore –quelque part – rêver nos contemporains en mal d’utopies et de folies. A l’époque, nous disent les chroniqueurs : On inscrivait sur la tombe des compagnons leur nom et comment ils étaient morts. 

Quel plaisir et bonheur de s’imprégner de ces récits de chevalerie où, à la fin de ces presque cinq-cents pages, le narrateur confie : J’ai achevé ma longue œuvre. Maintenant qu’elle est faite, je me reposerai un peu. S’il plaît à Dieu, et prendrai quelque divertissement. Deo gratias. 

Comme un point final venu des mondes médiévaux aux parchemins qui sentent les chemins de traverse, semés de crottins de chevaux…

                                                                   © Laurent BAYART 

CLIN D’ŒIL A TRAVERS LE MIROIR /UN JOUR PAS COMME LES AUTRES DANS UN SANATORIUM…

Je ne sais où tu es partie, Tante Elisabeth Klaenshi, dit Tante Lumière, mais le petit garçon de sept ans, se souvient encore de cette journée de grâce que tu lui avais offerte, durant l’été 1965. Malade en son sanatorium de Rhône Azur à Briançon,traité pour une tuberculose pulmonaire, éloigné de ses parents depuis presque deux années, tu vins me visiter un jour de soleil et m’offrir une échappée de joie, de quelques heures qui sont restées gravées à jamais dans mon cœur, et mieux encore, dans mon âme de petit garçon. Les visites étaient si rares à l’époque…La mort m’avait effleuré de son souffle glacial et mis du brouillard dans les fenêtres/alvéoles de mes poumons.

Le temps est passé, inexorablement, mais je me souviens encore de la luminosité de ces instants précieux qui sont restés en moi comme des balises dans ma vie.

Comment oublier ce que tu m’as donné de vivre dans la désespérance d’une sorte d’abandon ? Je n’avais plus de larmes, la nuit, à pleurer entre mes draps. 

Ivresse de cette journée sans fin qui continue de m’habiter encore aujourd’hui. Et quand je regarde ces photos jaunies, vaguement sépia, les larmes me viennent aux yeux. Je n’ai pas oublié…

Tante Lumière, de l’autre côté du miroir, tu es restée à jamais mon ange-gardien.

Que Dieu, que tu côtoyais si bien, en sa bienveillance et en son amour te garde précieusement auprès de lui.

Un jour, peut-être, je viendrais encore te remercier et t’embrasser pour ce jour d’éternité que tu m’as octroyé.

De l’autre côté de ce miroir, si fin, si fragile et ténu…Je retrouverai ce petit garçon qui – à son tour, cette fois-ci- viendra te rendra visite pour te dire encore mille fois merci !

Avec toi et par ta grâce, l’éternité aura ce goût de bonheur suranné d’une journée qui n’a –décidément- plus de fin.

                                                              © Laurent BAYART

                                                                      18 février 2021

VALENTINE/VERONIQUE AND VALENTIN/LAURENT EN QUARANTAINE…

         Dans l’agenda du 14, un cœur imprimé sur la page du jour, Valentin le Saint homme, talisman des amoureux qui vient nous rappeler –comme il est écrit dans la Bible – que nous ne sommes décidément rien sans l’amour. 

Alors, aujourd’hui, Valentine/Véronique, quelques petits mots pour redire notre serment prononcé il y a quarante ans déjà ! Qui l’eût cru ? Notre quarantaine à nous pour un virus amoureux qui a chamboulé l’ordonnancement de nos vies ! « Brinquebalés » dans le grand charivari des épreuves tel un chemin de croix où chaque étape fut une échappée belle, notre Golgotha en kyrielle de baisers, en quelque sorte… Ecriture comme une borne qui a balisé notre chemin, tout sauf un long fleuve tranquille ! Mais celui-là s’est jeté dans un océan qui nous a fait découvrir le grand large et aborder d’autres terres et continents. Nos enfants hier, et aujourd’hui, ces petits-enfants qui sont nos balises et marque-pages pour les itinéraires de demain. Les voilà que ces petits de trois pommes nous enseignent le monde !

Apprendre, toujours apprendre, c’est peut-être la plus belle leçon de l’amour. Etre encore ensemble après toutes ces années, malgré la tectonique des plaques et de leur danse de Saint-Guy qui font chanter nos pieds, à toujours vouloir nous faire chahuter et trébucher…

Ma Valentine/Véronique, que de chemins parcourus ! Mais, celui qui reste encore à faire sera le plus beau, même si, désormais le temps nous est compté. 

A écrire encore et toujours ensemble sur la page blanche qu’il nous reste à inventer. 

En multiple de deux et en…calculs amoureux. Tu te souviens : Je t’aime, comme un et un font toi !Qui fait que tous les deux, nous formons une sacrée algèbre !

C’était hier et ce sera encore demain…

                                                                   © Laurent BAYART

                                                   14 février 2021

LIVRE / UNE ROUTE DE LA SOIE QUI PASSE PAR LE KAZAKHSTAN.

C’est une véritable route de la soie littéraire, un somptueux et dense caravansérail éditorial que proposent les éditions Michel de Maule avec cette anthologie de la littérature kazakhe contemporaine, une route/pavé de 750 pages (idem pour une autre édition qui présente la poésie des steppes au kilométrage de pagination identique !) qui offre un panel d’auteurs permettant aux lecteurs lambda de découvrir une écriture riche et ce peuple singulier au territoire gargantuesque !

On nous précise que l’origine du nom Kazakh viendrait de cette culture du vagabondage initiée par ce peuple nomade qui suscite respect et admiration. Une trentaine d’auteurs borne cet itinéraire de l’imaginaire totalement atypique aux noms souvent imprononçables pour l’Occidental. Mais quelle richesse ! On se souvient que Khrouchtchev voulait en faire le Far-West agricole de l’URSS et envoya une armée de colons russes pour « pacifier » ce vaste territoire. 

Ce livre a été publié sous la responsabilité du gouvernement kazakhe et de son président Noursoultan Nazarbaëv qui écrit dans son liminaire : Pour la première fois de notre histoire millénaire, notre culture sera entendue sur tous les continents et reprise dans toutes les grandes langues du monde puisque les textes ont été traduits et édités dans de nombreux autres pays. 

Ainsi, on pérégrine au gré de cette littérature avec Akim Tarazi qui nous rappelle qu’autrefois, de nombreuses femmes kazakhes savaient dormir pendant les longs trajets assises sur le dos d’un chameau ou d’un cheval. Beauté du texte de Kabdesh Joumadilov et son musicien de rue qui fut –jadis – directeur de maison de la culture et se retrouve à jouer dans la rue, ancien concertiste, voilà que son guichet à lui, c’était sa casquette…Moukhtar Magaouine nous distille une prose qui évoque ce lévrier des courses sans fin, magnifique narration sous le talisman de cet animal emblématique, fidèle à son maître et qui porte en lui, l’amour des grands espaces de liberté. Tolen Abdik, c’est un peu le Maupassant kazakh avec La guerre ardente de la raison où l’on pense à la nouvelle le Horla…avec ce personnage qui tente de traquer l’auteur de lettres anonymes posées dans sa chambre et avouant Il n’y a pas d’ennemi plus dangereux que celui que vous ne connaissez pas en personne. Plus loin, Didakhmet Achimkhanouly chante le vieux samovar jaune, avec ses oreilles comme deux feuilles de bardane…

Quelle belle musique que cette littérature venue des fins fonds de l’Eurasie et, comme l’écrit Talasbek Assemkulov, on entend la douce complainte de la dombra, ce luth local qui fait danser les chevaux et les hommes dans l’ivresse des paysages époustouflants de ce territoire conjugué aux temps de l’infini.

                                                              © Laurent BAYART

Anthologie de la littérature kazakhe contemporaine, éditions Michel De Maule, 2019.

BILLET D’HUMEUR/ ACTE 152/ MES ANGES-GARDIENS…

Qui dira cette présence devinée à la lisière de nos improbables existences ? Vos, silhouettes des autres mondes m’accompagnent dans la gestuelle du quotidien. Mouvements que ne racontent aucun souffle, aucune parole, aucune voix, ni même une ombre. Mais, anges-gardiens, que j’invoque de l’autre côté des miroirs, Vous m’accompagnez dans le silence des fratries et de l’amour que j’ai gardé en moi comme une incommensurable force intérieure, une prière scandée à pleins poumons,  une trace de buée fugace sur la vitre d’une fenêtre et qui s’évapore subrepticement en plein soleil. Anges-gardiens qui sont là, dans le réconfort et la compassion, avec lesquels je converse sans cesse, même à haute voix. Le gens se retournent à mon passage. – Bizarre, on ne voit même pas son portable ! C’est de la haute technologie en téléphonie !

Anges-gardiens, mes morts portés disparus, dit-on. Mais que sait-on du silence ? A part une voix muette qui chante une inaudible présence.

Anges-gardiens, mes miracles de chaque jour. Il suffit de vous évoquer.

La bougie vacille et danse dans la lumière, mais ne s’éteint jamais.

                                                                          ©  Laurent BAYART

                                                                                12 février 2021

BILLET D’HUMEUR / ACTE 151 / SILENCE HOPITAL, NE VOUS INQUIETEZ PAS POUR CES TURBULENCES, MONSIEUR, VOUS TRAVERSEZ (tout simplement) QUELQUES NUAGES…

         Egaré dans le vagabondage d’un monde horizontal, étendu sur un lit médicalisé, j’attends l’apaisement de l’instant entre les cloisons des mondes de l’urgence. Le pimpon de l’ambulance et ses flashes bleutés en mode gyrophare ont poussé leur goualante à celui qui a suspendu sa marche en avant. 

Je me trouve dans la « bande d’arrêt d’urgence » de l’hôpital où l’on s’empresse et s’agite autour de moi. La poésie sous perfusion et les mots en réparation. Je suis figé dans l’instant présent. Humanité de l’empathie en blouse blanche qui vous tient la main et vous accompagne au bord de ce silence habité dans lequel je suis plongé. Les minutes comme des seringues font de petits trous d’acupuncteur dans le drapé de ma peau. Silence hôpital. Des cloisons autour de moi, tels des murs qui avancent et reculent selon…Encore de la littérature sous forme d’une nouvelle à la Maupassant ? 

Et chaque fois, la même question/leitmotiv lorsque l’on vient à ma rencontre, le stéthoscope en collier :Bonjour monsieur, votre nom, prénom, date de naissance ? Et mes paroles qui s’envolent dans les nuages blancs d’un sarrau.

Ne vous inquiétez pas, vous traversez une turbulence en forme de cumulus-nimbus. 

Le ciel est un peu tombé sur ma tête. Et moi, j’attends l’apaisement de la météo dans mon corps…

Après la pluie vient toujours le beau temps me susurre la voix de mon ange-gardien.

                                                                                     9 février 2021

                                                                   © Laurent BAYART

BILLET D’HUMEUR / ACTE 150 / C’EST UNE MAISON BLEUE ADOSSEE A…QUI ME FAIT UN CLIN D’ŒIL SUR L’ECRAN DE LA VITRE DU TRAIN.

                                    Au voyageur qui m’a envoyé cette photo,

         Coucou ma maison, home, sweet home, qui fait un petit clin d’œil complice au sédentaire propriétaire (terre) devenu –un laps de temps- voyageur ambulant sur voie ferrée. Voilà, que ma jolie demeure se retrouve métamorphosée en paysage ferroviaire. Les usagers du train en partance pour Haguenau, Paris, Metz, Lille ou autres destinations « exotiques » se diront : Tiens, une maison bleue ! Eh, il n’y a pas que les vaches pour regarder les locomotives et les wagons passer ! Plus bas, le potager sommeille dans ses draps de paillage et de compost (attention, ne pas confondre avec l’art de composter son billet !). En passant, ma maison m’a fait un petit clin d’œil complice et amical sous forme d’un volet/paupière qui s’est descendu d’un coup ! Magique, non ?

Puis, ma maison a laissé la place à une foultitude d’autres demeures anonymes, puis des champs, des forêts, des plaines et des territoires de houblonnières à n’en plus finir.

Le bourlingueur de l’instant n’ayant qu’une hâte : retrouver sa maison abandonnée à l’ivresse d’un petit voyage. 

Partir, c’est mourir un peu…Moi, j’étais en coma avancé et profond, lorsqu’un contrôleur me réveilla pour me réclamer mon billet. 

Composté avec un zest de terreau de mon jardin…

Il le scruta, hypnotisé par cet humus fécond, les mains noircies tel un mineur…

                                                                   © Laurent BAYART

                                                                             30 janvier 2021