Tous les articles par Laurent Bayart

LIVRE / LE VOILE DE TEHERAN OU LE DESTIN D’UNE FEMME EN MODE FEMININ SINGULIER.

Sociologue et psychologue, mais surtout connue comme romancière iranienne, vivant à Téhéran, Parinoush Saniee avait publié assez récemment La voix cachée. Retour sur un autre de ses livres, plus anciens celui-là, mais d’une brûlante actualité : Le voile de Téhéran (interdit de publication dans son pays) où cette femme exceptionnelle raconte la vie de Massoumeh, demoiselle puis épouse, prise dans l’étau d’une famille où les hommes décident pour elle, en la mariant de force. Récit poignant et haletant de plus de six cents pages, dans cet Iran dominé par l’omnipotent Reza Pahlavi, autrement dit le Shah et sa police politique la Savak qui pourchasse les opposants, en l’occurrence un mari fantôme, militant communiste et activiste qui finira par croupir en prison.

Puis, surgissent les Islamistes qui feront basculer l’empire persan dans un autre fondamentaliste et dictature. La femme étant toujours soumise à l’autoritarisme masculin et à ce code de l’honneur qui emprisonne ses héroïnes dans le carcan des traditions. Cette épouse, éprise de liberté, après avoir subi les humiliations a pris sa destinée à bras le corps : J’ai porté le tchador à Qum, j’ai porté le foulard à Téhéran, quand j’ai épousé ton père il n’a pas voulu que je porte le moindre hijab, puis la révolution est venue et j’ai dû porter un foulard et un manteau qui me descendait jusqu’aux pieds…

Aléas et turbulences de l’histoire où la passion amoureuse reste soumise au diktat et au poids des traditions qui font qu’elle ne pourra pas se remarier et vivre avec celui dont elle a toujours été fidèle et amoureuse : – Tout être humain a le droit de décider de sa vie. – Oui, bien sûr, Maman, c’est ton droit. Mais serais-tu prête à exercer ce droit au prix de l’honneur et de la réputation de tes enfants ? Encore un véto au bout du chemin…

Ce livre, d’une force remarquable, est un requiem pour cette liberté au féminin très singulier.

                                                                           @ Laurent BAYART

Le voile de Téhéran de Parinoush Saniee, éditions Robert Laffont, 2015.

CONTRIBUTION DE LAURENT BAYART DANS LE LIVRE/BIOGRAPHIE DE JEAN HUMENRY

La biographie de Jean Humenry rédigée par Nicolas Céléguègne, écrivain et chansonnier, vient de paraître chez l’Harmattan « Itinéraire d’un chanteur obstiné ». Livre somptueux et complet auquel j’ai eu l’honneur de participer – bien modestement – en racontant ma rencontre avec Jean Humenry. Si vous êtes à Paris, vous pourrez venir le 20 décembre à l’Espace l’Harmattan pour fêter la sortie du livre ! Bravo à l’écrivain marseillais Nicolas Céléguègne pour son travail remarquable.

  • « Itinéraire d’un chanteur obstiné » de Nicolas Céléguègne,, 25 Euros chez l’Harmattan. www.editions-harmattan.fr

https://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=64314

LIVRE / NADIA COMANECI OU LA ROUMANIE AU PAS DE GYM.

Fascinant et passionnant livre/récit sur Nadia Comaneci ou La petite communiste qui ne souriait jamais. L’auteure, Lola Lafon, tisse son imaginaire sur la vie réelle de cette (très) jeune championne roumaine de gymnastique au destin fabuleux qui affola l’ordinateur Longinesdu décompte des points lors des Jeux Olympiques de Montréal en 1976. Notée dix sur dix, phénomène rarissime ! Cette Lolita olympique d’à peine quarante kilos, écolière de quatorze ans à la silhouette de jeune garçon…pulvérise les statistiques qui la font entrer dans l’histoire du sport. 

Lola Lafon a choisi de remplir les silences de l’histoire et ceux de l’héroïne et de garder la trace des multitudes hypothèses et versions d’un monde évanoui. L’échange entre la narratrice du roman et la gymnaste reste une fiction rêvée…

Imaginaire certes, mais retranscrit, rédigé comme un reportage inspiré où elle décrit la (jeune) existence de cette Jeanne d’Arc magnésique.On découvre des personnages charismatiques dont ce fameux manager qui transformera la frêle fillette en machine à gagner des médailles d’or : le Hongrois Bela Kàrolyi. Née à Onesti, ville de Moldavie roumaine située au nord-est de Bucarest où d’aucuns diraient qu’une fois qu’on fait le tour de la ville, on n’a qu’à le refaire dans l’autre sens…Humour roumain toujours finement coloré.

Belle description de cette Roumanie dirigée par Nicolas Ceausescu, le Conducator fou (adulé pourtant par les dirigeants occidentaux de l’époque !). Il fit de Nadia l’emblème de la « réussite » de son pays. On assiste à cette étrange « révolution », puis la fuite de Nadia Comaneci qui suivra celle de son entraineur. A t’elle collaboré, participé à cette utopie collective ? L’auteure imagine et laisse planer l’ombre d’un doute ou d’une suspicion.

Mais l’histoire ne retiendra que cette étincelle virevoltante de fillette, égérie des poutres et des barres, qui posa l’étincelle de son talent dans les salles de gymnastique du monde entier.

                                                                       @ Laurent BAYART

La petite communiste qui ne souriait jamais, roman, de Lola Lafon, Actes Sud, 2014.

BILLET D’HUMEUR / ACTE 80 / AU FEU LES POMPIERS, Y’A DES TETES QUI BRULENT !

@ photo de Némorin, alias Erik Vacquier.

Les villes sont rouge sang, des flammes embrasent des immeubles et des automobiles. On hurle au feu et à cet incendie qui lèche les corps, avant que les épidermes se couvrent de cloques et que les hommes soient noyés dans des rideaux de cendres. Disparaissent à jamais. Des hommes en rouge surgissent, en toute urgence, avec leur grande échelle et leurs longues lances pour venir cracher des puissants torrents d’eau… Apaiser les flammèches. Afin d’éteindre ces limons de brasiers ardents qui détruisent tout et que peut-être, d’autres ont allumés… 

Mais, que se passe t’il ? Des cailloux sont jetés sur leurs véhicules qui pimponnentpour venir sauver leurs contemporains ? Mais qui sont ces fourbes, ces fous,  pour leur  jeter ainsi des pierres enflammées ? Qui sont donc ces insensés ? 

Plus loin, une ambulance, floquée d’une croix rouge, pousse des cris stridents. Gyrophares tournicotants. Cette fois-ci, ce sont des  hommes en blanc qui viennent éteindre les incendies du corps. De l’hémoglobine qui embrase les noires blessures et le désespoir des vies menacées. Vite, vite…l’urgence chante l’humaine détresse. Mais, les mêmes apprentis de l’absurdité viennent – eux aussi – bousculer ceux qui viennent soigner et sauver…C’est à ne plus rien y     comprendre ? Que se passe t-il dans la tête de ces hommes qui semblent avoir perdu toute raison ?

Les sirènes hululent et plus personne pour les entendre, ni les comprendre. Non assistance à personne en danger ont-ils éructés, ceux-là même qui…

Mais qui donc éteindra l’incendie qui se propage dans la tête des fous et remettra un peu de lumière dans les yeux des aveugles ?

                                                                            @ Laurent BAYART

                                                                               

EXPOSITION DE PHOTOGRAPHIES A LA BIBLIOTHEQUE DE MUNDOLSHEIM OU 24 H ET UNE HEURE A LA PENDULE DE L’APPAREIL PHOTO DE MARC MEINAU/

@ Marc Meinau

C’est la saison 3 des pérégrinations photographiques de Marc Meinau à Mundolsheim. Et n’allez pas croire que Meinau rime ici avec Krimmeri, C’est bien – petit cours d’eau local oblige – au cœur de la Souffel et du Kochersberg que Marc a posé ses images en instantanées de poésie. 

Il nous avait déjà offert un incroyable tour de Mundo, arpentant minutieusement le périmètre (à la virgule kilométrique près !) de la commune, puis, une balade aérienne et bucolique sur la colline, avec notamment les parapentistes et autres assoiffés d’azur. Aujourd’hui, Marc, (dont la pendule est un peu toquée), nous offre 24h + 1 h à Mundolsheim, passées en juin dernier dans une champêtre déambulation au gré d’un village en fête, pétillant de lieux de rencontres, effervescent comme une bulle de champagne (ou plutôt de crémant !). Cet infatigable observateur, laboureur d’horizons, l’objectif en bandoulière, est parti pour une nouvelle quête, avide de surprises, de fantaisies, de paysages et d’improbables découvertes. 

@ Marc Meinau

Ainsi, Mundolsheim a sorti ses pépites pour cette journée mémorable où chaque habitant devient l’étoile d’une voie lactée dressée à la périphérie de Strasbourg. C’était un jour du mois de juin, le grand 8, plus précisément,  où notre ami alla se joindre à la liesse et aux nombreuses activités organisées à l’occasion de la « Fête de l’été », à la manière de notre Johnny Halliday national, il « alluma le feu » (en quelque sorte !) en compagnie des sapeurs-pompiers locaux, esquissa une ronde en pas de danse avec quelques adolescents, se mêla à la foule, non sans avoir au préalable fait son marché de fruits et légumes sur le parvis de la mairie. Puis, il se fit inviter à une « fête des voisins », comme quoi, notre Marc est devenu un vrai Mundolsheimois ! Après avoir participé à un apéro littéraire et musical, l’appareil photo en goguette en faisant valser quelques courgettes trompettes,  et devinez-où ? 

Au total, vingt-cinq heures ne furent pas de trop pour que notre cicérone vous dresse la carte d’une journée bien remplie à Mundolsheim !

Et le voilà qui vous invite à mettre l’heure exacte sur ses clichés. Une manière de se prendre au jeu. Et vous serez parfois surpris en découvrant la solution… A la bonheur comme disent certains ! Les aiguilles de l’horloge faisant foi, si ce n’est le clic du déclencheur de l’appareil. Souriez, vous êtes sur la photo !  

C’était un jour de juin de cette année, et l’été s’en souvient encore car il avait posé son soleil en épis d’or sur les pupilles de l’objectif de Marc.

                                                                            @ Laurent BAYART

* exposition photo 24 heures à Mundo de Marc Meinau, bibliothèque L’arbre à lire de Mundolsheim, durant tout le mois d’octobre 2019.

BILLET D’HUMEUR / ACTE 79 / LIRE COMME UNE RESPIRATION DE L’INSTANT.

photo prise à l’Hôtel la Résidence du Val d’Ajol (88340)

         Ah, les ouvrages électroniques sont bien pratiques mais…Il manque la poésie de l’instantanéité.  L’odeur du papier que l’on hume comme une douce senteur. Le froissement charnel des feuillets que l’on tourne délicatement. Le grammage de la feuille, son grain, sa sensualité.  Sa beauté, sa ligne, son harmonie, les couleurs de la couverture. Le toucher aussi car, caresser un volume ne peut s’assimiler à poser les doigt sur la surface froide et uniforme d’un Ipad ou d’un IPhone. Il ne raconte rien. Cet objet se contente d’afficher et de fonctionner. 

Le livre, lui, incite au vagabondage de l’instant et à s’abandonner dans ses méandres. Il ralentit le temps et vous joue de l’accordéon avec le soufflet de ses histoires et de sa narration. Ivresse de se laisser emporter. Moments intimes où l’on n’a nul besoin de câble pour rassurer votre batterie. Une édition en papier est une petite merveille qui se recharge  de lui-même. Il suffit d’un lecteur avisé et passionné, de ses yeux qui dansent sur le vélin blanc imprimé  pour que la magie s’opère.

Le bouquin se…livre tout entier à vous. Un canapé, un fauteuil, une lampe de chevet, un bon feu dans la cheminée…et l’ouvrage devient volupté par la grâce de l’instant partagé. L’éternité suspend sa folle course en avant. Il lit dans le temps qui s’arrête.

                                                                       @ Laurent BAYART      

LIVRE / LES BOXEURS FINISSENT MAL…EN GENERAL OU UNE CERTAINE IDEE DE LA CHUTE.

En matière de littérature et autres récits sportifs lus ces dernières années, les ouvrages sur la boxe se révèlent les plus intéressants et passionnants. Celui de l’écrivain et journaliste à Libé, Lionel Froissart, mérite une mention particulière et je ne parle pas que du titre Les boxeurs finissent mal…en général, ni de la superbe photo de couverture : gant et bandelettes, fourreaux des poings-enclumes des boxeurs. Tout un symbole.

Cet ouvrage, rédigé en 12 rounds, raconte la sortie des projecteurs, « clarté d’une gloire éphémère », de quelques boxeurs emblématiques qui se livrèrent à ce combat de trop dont on parle souvent : Tu connais un boxeur, toi, qui a refusé le combat de trop ou qui l’a vu venir ? Evocations romancées des carrières et claps de fin de Sonny Liston, Benny « Kid » Paret, Davey Moore, Marcel Cerdan ou encore le mythique Mike Tyson. L’auteur décrit avec maestria le monde interlope du noble art : Sexe, argent, trucage (ils ne se doutaient pas qu’il existait un sport de combat pour lequel on désignait officiellement les vainqueurs avant de monter sur le ring…), drogue, dopage, mafia…Puis cette inexorable chute vers l’abime comme le dénouement d’un opéra, souvent dramatique, où la mort envoie ces fantassins de la gloire au tapis. La défaite, mon vieux. On ne l’attend jamais et surtout on ne s’y habitue pas…Ces gladiateurs en short de boxe sont à la fois immenses et pathétiques d’humanité, souvent issus de la rue, ces destins constituent une façon de contes de fée noire…On côtoie les lieux mythiques tel le fameux Madison Square Garden ou bien Las Vegas, temple en carton-pâte du jeu et cette ambiance frelatée des combats qui sentent la sueur et l’embrocation. Le plus comique, c’est qu’une soirée de boxe pouvait réunir en quelques mètres carrés les pires voyous de la création accompagnés de leurs hommes de main, parfois simplement séparés par de la flicaille en civil…

Concernant la chute finale, à l’image de la littérature, Lionel Froissart conclut, lucide : Tout le monde perd un jour ou l’autre. Sur un ring ou dans la vie. 

                                                                            @ Laurent BAYART

Les boxeurs finissent mal…en général, roman de Lionel Froissart, éditions Héloïse d’Ormesson, 2018.

LIVRE / LE JEU DU CHAT ET DE LA SOURIS OU LA DANSE DE MORT CHINOISE A LA MANIERE DE CAMUS.

Son nom et prénom tiennent en trois lettres, A Yi est un jeune écrivain chinois vivant à Pékin, né en 1976, qui détonne dans le panorama de la littéraire de l’Empire du Milieu. Ancien policier, il a quitté son travail, puis sa femme pour devenir journaliste et écrivain. Ce livre, qui tient un peu de L’étranger d’Albert Camus, est né d’une manière d’absurde et d’un profond ennui que cet homme ressentait dans sa prime jeunesse ainsi que d’un fait divers sanglant, sans motif : Par une journée ordinaire, dans une petite ville de la Chine provinciale, un adolescent tue de trente-sept coups de couteau sa camarade de classe.

Il dit se retrouver un peu dans ce personnage rongé par l’ennui et décidera de réécrire l’histoire à sa manière. Le jeu du chat et de la souris est un récit décapant d’un jeune psychopathe meurtrier. Surprenant qu’il soit publié ainsi en Chine, car souvent les auteurs chinois se retrouvent exilés en Amérique ou en Angleterre où ils poursuivent leur carrière. A Yi s’explique : le héros, entièrement dévoré par l’ennui, ne trouve plus rien qui le motive. Alors il tue quelqu’un, dans l’espoir que le fait d’être poursuivi puisse combler le vide qu’il éprouve. Travail psychologique de cet jeune prodige de la littérature chinoise qui déclare : Je n’ai pas fait l’éloge de cet acte, pas plus que je me suis gardé de le juger avec impatience ou parti pris.

Fait divers glaçant que l’auteur narre avec distance, récit mené tambour battant où un jeune homme sombre soudainement dans la barbarie la plus abjecte, tout simplement à cause d’un ennui posé comme une verrue sur un soleil de printemps.

                                                                            @ Laurent BAYART

Le jeu du chat et de la souris de A Yi, traduit du chinois par Mélie Chen, Editions Stock, 2017.

LAURENT BAYART DANS LE NUMERO D’AUTOMNE DE LA REVUE FLORILEGE.

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Laurent Bayart nous distille à nouveau un texte dans sa chronique « Entre nous doit dit » où il nous parle d’ écran total. Et si un jour, tous les écrans du monde se teintaient de noir, pour une cécité numérique planétaire ? Que ferions-nous ? Que deviendrions-Nous sans la mainmise de notre oeil électronique ? Voilà la question que se pose le chroniqueur de la revue bourguignonne « Florilège » dans sa cent-soixantième livraison (un record !).

  • Revue « Florilège », septembre 2019, numéro 176. 19, allée du Mâconnais, 21000 Dijon.

BILLET D’HUMEUR / ACTE 78 / JOJO A FRANCHI LA PORTE DES ETOILES…

Georges, dit Jojo.

Compagnon et ami félin, depuis plus de 14 ans, fidèle depuis tant d’années, nous avions -nous-aussi- oublié avec le temps que la Camarde pouvait aussi faucher la vie des chats…La mort, c’est bien connu, ne s’adresse qu’aux autres !  J’avais 48 ans (62 aujourd’hui…) quand tu nous avais choisi, avec tes deux frères à moustaches, lorsque nous avons « cherché » un matou à la SPA. C’est dire, le chemin emprunté ensemble. Nous en sommes sortis avec 3 mousquetaires à rapières de griffes ! 

Quel bonheur alors de partager nos existences et d’avoir vécu en amis pendant si longtemps. Temps qui file trop vite lorsque le sablier se brise et laisse son sable couler, à l’image du sang. Qui dira ses mystérieuses connivences ? 

Georges, Jojo, était un aficionado de nos canapés et fauteuils, dont il avait (Tout comme ses frères) posé ses griffes comme on glisse un parafe…Le sigillé de leurs pattes à lames effilées faisant foi. Nous t’aimions, car oui, on peut aussi aimer des animaux ! N’en déplaise à certains. Malgré ton caractère bien trempé…Tête de cochon affublée de vibrisses ! Nous partagions ces petits bouts de bonheur quotidien qu’on appelle nos existences. Ainsi, tu nous « apprivoisais » comme on essayait de t’amadouer. Nos âmes et nos coeurs se trouvaient au diapason de ces moments échangés. Comment expliquer l’alchimie de l’amour qui transporte nos corps dans la vibration de l’affection ? Ah, ce bonheur d’entendre le ronronnement d’un chat à travers la peluche de son corps. Comme un moteur qui réchauffe la couette de nos vies. Vedette, tu avais les vibrisses et les coussinets en extase car tu figurais – en vedette à poils – sur la couverture du livre dédié à nos trois chats et notre furet de l’époque : L’Antre chats que j’avais publié avec Claire-EliseUne manière de rester pour toujours et de t’inscrire dans une forme d’éternité. L’écriture et les photos se gravent dans le marbre du temps, grâce au papier. Une espèce de passeport du toujours.

Jojo, hier à ton enterrement, j’ai chuchoté un Notre Père car j’ai l’intime conviction que tout se rejoint, que tout se reforme et qu’au paradis, chacun regagne sa coque. L’Un se reconstitue. Nous redevenons des enfants de Dieu. Voici, d’ailleurs, que tu caracoles désormais avec Félix… Les larmes en fontaine de ta maîtresse m’ont aussi fait pleurer. La tristesse est une manière de préparer la joie des retrouvailles. Celle inscrite dans la mystérieuse ligne de nos destins.

 Voilà que tu dessines, dans notre salon, des arabesques avec ta queue, encastré dans nos jambes, comme si tu réclamais la pitance d’un peu de pâté. Mais nous ne pouvons plus t’apercevoir, rien que te deviner…Un jour, nous aussi, nous franchirons la fine cloison qui sépare les mondes. On appelle cela « La porte des étoiles ».  Adieu Jojo.

                                                                   @ Laurent BAYART

                                                                   19 septembre 2019