Archives de catégorie : Blog-Notes

LA MAGIE D’ESPERER…

photo noire et blanc et couverture d’Alain Tigoulet,

       Croire encore en l’enchantement des jours comme une poudrerie d’or qui viendrait jeter ses essaims d’étoiles dans le ciel et se déposer, tel un duvet de neige, sur nos espérances. Le monde a tant besoin de retrouver la magie de l’amour afin d’émerveiller les instants qui s’échappent à la fuite du temps ! Et si, cette Divine Attente nous permettait de découvrir que, finalement, sous le grand manteau rouge du Magicien, se cache celui que les hommes attendent depuis la nuit des temps ?

Les rois mages l’ont affublé d’un costume de prestidigitateur mais dans la paille de la crèche brûle la flamme d’un tabernacle.

Les étoiles ne s’y trompent pas : Elles le suivent en ce chemin de croix situé dans le cosmos…

…et tracent une sente de lumières pour arriver jusqu’à Lui.

Là, la baguette du Magicien transforme les ténèbres en une cathédrale où chacun retrouve son âme d’enfant.

L’Esprit de Noël métamorphose un simple sapin en une rivière de luminosité et autres guirlandes de novae où tout en haut sur son faîte, en guise de pointe, brille un grand soleil…

                                                 © Laurent BAYART

                                                   26 décembre 2024

ESCALE DANS L’ESCALIER.

                                    Sur une photo de René Roesch,

       Monter, encore et toujours, jusqu’à se démonter les pieds, escalader vaille que vaille les marches qui vous emmènent vers l’impossible quête des nuées. Ahaner et s’essouffler à faire cracher ses poumons dans ce Graal des hauteurs qui vous fait côtoyer le ciel. Improbable athlète des arêtes et des à-pics. Les escaliers constituent un chemin de croix tout en verticalité, la dernière station vous faisant arriver sur le sofa d’un nuage. 

Vous voilà devenu alpiniste d’un escalier qui dresse ses pentes à l’instar d’une montagne…Ici, pas besoin de cordes ni de piolets, il suffit de faire chanter les muscles de ses jambes et de faire vibrer ses cuisses affûtées comme pour un trail. Ici, il n’est pas question d’épopées alpines ou pyrénéennes mais d’imposants buildings…

La scala est une partition où les marches constituent les notes de cette improbable ascension.

Puis, planter son petit drapeau imaginaire, prendre une photo/souvenir et entamer la descente en appuyant sur le bouton de l’ascenseur.

Là, les étages défilent et s’affichent sur l’écran jusqu’à vous faire parvenir au kilomètre zéro de l’entresol où l’aventure se sépare de sa majuscule.

                                                  © Laurent BAYART

                                                   23 décembre 2024

DANS LA PALPITATION DE L’INSTANT ET L’IVRESSE DE VIVRE.

                                                                               A Véronique,

                  Nous avons vécu l’instant avec passion et ivresse. Le sable s’est écoulé dans l’horlogerie du temps égrenant sa minuterie, nous rappelant que nous ne faisons que passer…et qu’un jour il faudra bien s’arrêter, comme le lapin blanc d’Alice aux Pays des merveilles.

Chercher l’océan et la volupté des mouettes qui jouent de l’arpège dans le ciel et font des broderies avec les nuages en tricotant des arabesques sur l’horizon. Continuer coûte que coûte, côte à côte, ce chemin de Compostelle ou cette quête du Mont-Saint Michel qui se trouve juste derrière nous ; la Sainte-Odile vosgienne des marées ! 

Des années de sentes et de chemins, parfois escarpés, semés d’embûches mais aussi de découvertes et de bonheur pour arriver jusqu’ici.

L’amour est un voyage où l’on composte son billet avec quelques baisers volés à la fuite du temps.

Le contrôleur/prêtre qui nous avait mariés avait bien précisé : le cachet de la poste fait évidemment foi ! 

                                                                    © Laurent BAYART

                                                                        20 décembre 2024

ELLES DANSENT LES LUMIERES QUI SE PRENNENT POUR DES ETOILES.

                                                     Sur une photo de Nemorin, alias Erik Vacquier.

         Intense luminosité d’un ciel de nuit, en mode urbain. La ville s’éclaire et s’habille en éclairage de Noël afin de faire lever la tête des passants. Saint torticolis de la Nativité qui vous incite à regarder au-dessus de vous. De multitudes de petites ampoules se prennent pour des feux follets, en myriades de lucioles, sinon des étoiles pour mettre le ciel en feu comme s’il s’agissait d’une kermesse. Une kyrielle de fils électriques sont ainsi tendus au-dessus des rues, comme si d’hypothétiques fildeféristes allaient se mettre à déambuler sur ce fin chemin de lacet. Fiat lux 

Seraient-ce des pères Noël acrobates abandonnant leurs rennes et leurs traineaux pour aller marcher dans les nuées ?

Une hotte comme une nouvelle constellation apparaît au-dessus d’un toit de building.

La fée électricité tend sa baguette magique avec au bout l’étoile du berger…

                                                             © Laurent BAYART                                          

17 décembre 2024

QUE SERAIS-JE SANS LES MOTS ? (1975-2024).

          Les mots glissent en moi, comme les patins fartés d’un traineau, depuis tant et tant d’années. Aubade en échappée de création qui illumine chacun de mes jours. Complices et compagnons, ils constituent les perles d’un collier qui ne cessent de grandir chaque jour…à l’image d’une parure hawaïenne en fleurs multicolores. Magie et mystère de la création qui m’accompagne depuis si longtemps. Depuis ma jeunesse et ma genèse. Je ne peux me passer de ce compagnonnage si fécond et fertile qui a toujours poussé ma vie vers l’avant. Cette bulle de respiration a fait chavirer mon âme dans la félicité et la sérénité de chaque instant.

Ecrire, c’est poser et reposer son âme sur le fil d’une page. Blanche et immaculée comme de la neige sur laquelle glisse le traineau de mon imaginaire.

Pour moi, Noël, c’est à chaque instant de mon existence.

Le Magicien en manteau rouge m’a offert une hotte remplie de mots et de livres.

L’ouvrage de toute une vie.

                                                                       © Laurent BAYART

                                                                         11 décembre 2024

LIVRE / « DISPARAITRE » DE LIONEL DUROY OU LES PEREGRINATIONS D’UN CYCLISTE QUI DECIDE DE PARTIR POUR MOURIR UN PEU…

          La présentation de ce livre provoque indéniablement la curiosité du futur lecteur : A l’âge où il est d’usage d’envisager un repos bien mérité, Lionel Duroy a choisi d’enfourcher son vélo et de s’en aller vers ces endroits qui l’ont toujours fasciné : la Roumanie, la Moldavie, la Transnistrie…

L’auteur décide donc de partir, de rouler sans autre projet que de jouir du plaisir d’exister…et de disparaître.  -Pardon ? – Mourir, si vous préférez. Le projet de repartir à soixante-dix ans avait surgi six mois plus tôt, une nuit…L’écrivain rejette l’idée de cette attente de la mort et de cette inexorable idée de décrépitude, d’Ehpad et autres…Il décide partir sur les routes, enfourchant son Alex singer (l’équivalent de « Rolls-Royce » pour les connaisseurs), et pense – dans une certaine mesure – ne plus revenir. Partir pour ne pas jouer le jeu de la décrépitude et de la déchéance devant ses proches. Disparaître et ne pas mourir ! Et le vélo constitue le meilleur antidote à cette idée d’inéluctable déchéance : L’homme qui pédale, comme l’homme qui écrit, n’a plus à se sentir coupable d’exister, il paye sa dette à chaque coup de pédale, à chaque ligne écrite, et moi je fais les deux, écrire et pédaler. La seconde partie du livre nous fixe dans ce voyage où il a bien failli laisser sa peau de bourlingueur sur un bas-côté…Et le pérégrin en chambre à air d’arriver dans le Delta du Danube, lieu magique et préservé, et notamment à Sulina où en 1856, cette ville ne comptait qu’une quarantaine de cabanes rassemblés sur la plage, faites de bois et de roseaux. L’auteur nous parle aussi de cette curieuse Transnistrie (coincée entre la Moldavie et l’Ukraine) pays qui n’existe pas, puisque aucune puissance ne le reconnaît. Elle est comme un trou noir à la surface du globe, et donc le lieu idéal, avais-je supposé, pour quitter discrètement la scène. 

Votre serviteur ayant déjà eu la chance de se rendre à Sulina et dans le Delta du Danube, je me suis régalé à l’évocation de ces lieux : Qui ne connaît pas se perdrait alors dans l’immense labyrinthe du delta, et bientôt à court d’essence, s’enfonçant à pied entre les roseaux…Cité lacustre érigée par Nicolae Ceausescu : Sulina était un exil, une punition…Des chevaux sauvages déambulent avec quelques vaches et des armadas de pélicans et d’échassiers…Un lieu magique et préservé, idéal pour mourir ou disparaître…Mais l’auteur reviendra de son périple, Disparaître et mourir, ce sera pour le prochain voyage !

                                                                            © Laurent BAYART

*Disparaître de Lionel Duroy, Mialet-Barrault Éditeurs, 2022. 

MA CANNE COMME UN TRAIT D’UNION VERTICAL…

                           Sur une photo prise dans le jardin d’Elisabeth et Didier, à Betschdorf.

                  Il me suit désormais à la trace, ce trait d’union en bois de hêtre comme un i dressé à la verticale, mon trépied compagnon des aubades pédestres. Canne qui m’accompagne dans mes « envolées » et autres pérégrinations laborieuses à ras de la sente, et au gré de mes déplacements terrestres. Parce qu’il faut bien continuer à avancer et à marcher, coûte que coûte…La vie de brinquebalant et de clopin clopant reste une aubade à cette déambulation -désormais – laborieuse, arrachée à cette pathétique mais bénéfique marche en avant !

La voilà devenue, cette canne en bois, l’appendice -souvent indispensable -de ce corps qui tangue et esquisse une étrange bossa nova dans l’ivresse de se mouvoir, tant bien que mal…

Parfois, celle-ci s’échappe à ma vigilance et vient se poser lourdement sur le sol, comme si elle en avait marre d’avancer, encore et toujours.

Alors, je lui tends la main et la hisse doucement vers moi. Naufragée repêchée en radeau de la Méduse.

Et nous repartons ensemble, en compagnons d’infortune. 

Mon bâton me montre, tel un sextant de marin, la marche à suivre afin de continuer – tant bien que mal – le chemin…

                                                                            © Laurent BAYART

                                                                                 7 décembre 2024

PARTIR ET S’EN ALLER CHATOUILLER LES SENTES ET LES CHEMINS.

                                                     Sur une photo de Remi Picand avec la complicité de Brigitte,

                  Partir et s’en aller baguenauder sur les sentes et les chemins, à l’aventure des rencontres dans l’odyssée des instants qui n’ont plus de fin. Marcher sur le dos des étoiles et de la caillasse, sous l’œil bienveillant du soleil qui joue de la bossa nova sur la peau des pérégrins inspirés par l’air et le vent. 

Que la route est belle lorsqu’elle mène à l’aventure de vivre intensément l’instant présent ! Chaque rencontre constitue une pépite dans l’œil d’un coquillage. J’aime ces moments échappés à la fuite du temps et me délecte de cette seconde qui ne passe plus.

Voyager, c’est une échappée de lumière dans l’ivresse de la rencontre avec l’autre et soi-même. S’écouter par le filin de l’âme qui nous relie à l’essentiel. 

La route est un cantique qui fait chanter nos pieds dans cette offrande éphémère qu’est nos existences. Chaque pas nous relie à la terre. 

Marcher jusqu’à cette cathédrale qui brille au bout du chemin comme un phare dans la tempête et les embruns.

Et là, poser nos bâtons de pèlerins telles des béquilles de mendiants et de gueux.

Et prier, comme on déplierait une carte pour aller jusqu’à Toi.

                                                               © Laurent BAYART

                                                                   4 décembre 2024

LIVRE / FRATERNITE DES BELLES AMES AVEC EDGAR MORIN ET PIERRE RABHI.

          Rencontre éblouissante, un échange étincelant, un message incandescent…La lumière jaillit, nous dit-on, dans ce dialogue entre Edgar Morin et Pierre Rabhi, afin d’enchanter ces instants par la grâce des connivences entre ces belles âmes, le sociologue et l’agro écologiste. 

Écriture de ce dialogue riche et fécond entre ces deux « éclaireurs » qui posent leur vision sur ce monde tourmenté et fragmenté. Ainsi, Edgar Morin de rappeler judicieusement que nous sommes toujours exposés à perdre « quelque chose » dans ce que nous gagnons. Rappel de l’actualité, mais aussi des heures sombres de l’histoire avec la première guerre mondiale et ses dix-neuf millions de victimes militaires et civiles…L’instinct de mort et du carnage qui anime l’être humain comme une lancinante litanie. Et les deux penseurs de rappeler la signification d’un simple baiser : Il signifie que l’on aime, mais, comme on le voit, il est apparu à l’issue d’un processus complexe. long cheminement qui a débuté avec les mammifères exprimant leur tendresse en se léchant et s’est poursuivi avec les humains…Plus loin, les deux compagnons de route de rappeler que la poésie devrait occuper une place prépondérante dans notre être et notre faire…Une manière de réenchanter le monde et de retrouver l’intrinsèque beauté des humanités. Edgar Morin et Pierre Rabhi de rajouter que nous perdons notre capacité à contempler et à admirer…Et Pierre de rappeler : Ne perds pas de temps, agis le plus possible et profite de la vie. Mais attention : profiter de la vie ne signifie pas faire du profit de la vie ! 

Les deux compères et complices de rajouter que nous traversons une formidable crise de la démocratie, et cette démocratie est inadaptée à l’ampleur des enjeux à traiter. 

Et Pierre Rabhi de faire remarquer : Lorsque j’emprunte le train, que constaté-je ? Personne ne se salue et ne se parle – ni même ne lit-, chacun est rivé à son téléphone ou à son ordinateur portable. Des instruments prétendument de communication qui tuent la communication…

Et les deux archanges de l’échange humain de rappeler : Cessons de confondre aptitudes et intelligence, et œuvrons à éveiller l’humanité à prendre conscience qu’elle forme « un », qu’elle partage un destin et un sort communs…

Nous sommes tous, en quelque sorte, des frères d’âme !

                                                 © Laurent BAYART

  • Frères d’âme, entretien avec Denis Lafay, d’Edgar Morin et Pierre Rabhi, Éditions de l’Aube, 2020.

DES BULLES ET DES BOULES TEL UN NOEL QUI DECORE LES NUAGES A L’IMAGE D’UN SAPIN.

                                                     Sur une photo de Nemorin, alias Erik Vacquier                   Les jours avancent et filent dans le grand calendrier des saisons, comme des passants pressés qui se jettent sur le tapis roulant d’un trottoir. Le temps nous étreint et nous emmène chaque jour plus loin, toujours plus en avant…Un immense sapin se dresse sur les places des villes comme un tabernacle dans une église. Des boules en cristal et en verre chantent leurs liturgies en quadrichromie de leurs étourdissantes couleurs scintillantes. Des pères Noël se préparent dans leurs vestiaires, à moins qu’ils ne se trouvent encore dans leurs cabanes dans les vastes forêts de Laponie. Les enfants se mettent à s’appliquer et à rédiger des courriers au Magicien en manteau rouge. A moins qu’ils ne pianotent des courriels sur leurs ordinateurs ou leurs portables ?

Ah que revienne la magie de Noël et croire encore en l’indicible force et présence de l’Esprit !

Nos corps et nos cœurs sont en quête des rois mages et les pistent afin de parvenir jusqu’à la Sainte Crèche. Là où a commencé l’histoire universelle.

Là où se trouve un nourrisson tel un minuscule Père Noël emmitouflé dans ses langes en capeline rouge. 

L’âne, le bœuf, le mouton ou le chameau sont couchés dans la paille comme s’ils esquissaient déjà une prière.

Car chaque être vivant porte le flambeau d’une âme.

                                                                   © Laurent BAYART

                                                                         21 novembre 2024