Archives de catégorie : Blog-Notes

L’HORLOGE COMME UN STETHOSCOPE OU LE BATTEMENT DU SABLE QUI FILE ENTRE NOS DOIGTS…

                                                     En ce jour un peu spécial…

          L’horloge comtoise martèle le temps inlassablement et scande la chanson des instants qui s’effritent. Chaque jour nous entraine dans un tourbillon d’actions et de rencontres, à faire vibrer et pulser nos agendas. Le calepin chante la jubilation de ces cantiques de l’imprévu et de l’émerveillement. Que restera-t-il de nos vies lorsque le temps s’arrêtera ? Où donc irons-nous ? Papillons ou gommettes de l’invisible ? Resteront ces instants d’amour qui ont nourri nos âmes de cette essence nous emmenant sur ce chemin de Compostelle que nous inventons au fil des jours. Pérégriner jusqu’à cet autel/tabernacle où quelques anges gardiens viendront peut-être nous guider. 

Un jour de plus, tel un galet dans notre poche que nous scarifierons de quelques mots, tels des mandalas, pour qu’ils pèsent moins lourd.

Et puis, repartir sans savoir jusqu’où ira la sente et quand elle se terminera. C’est toute l’ivresse de la vie qui est ainsi résumée…

Bonheur d’être éphémère mais en espérant laisser quelques traces dans l’éternité. Entendre toujours battre nos cœurs au-delà de l’absence et le tempo de cette horloge que nous pensions emporter avec nous.

Ecrire sur le dos de la main notre dernier poème… et l’ouvrir comme un coquillage pour y accueillir les étoiles.

© Laurent Bayart

     11 septembre 2023

SUR LE CHEMIN DE L’ECOLE OU LA ROUTE DES CARTABLES.

                                                     A Jules, Alphonse, Camille et Gustave.

          L’estomac un chouïa serré, le cœur un rien bouclé et ceinturé, c’est le (grand) jour de la rentrée où le temps s’arrête pour poser son haleine sur l’ardoise d’une salle de classe. Que nenni ! A l’aune de la technologie, du « cloud » et de l’Internet, les craies ont été remisées dans le grand musée des souvenirs, au grenier dans les malles d’osier vintages ! S’il existe bien une route du vin, du tabac ou que sais-je encore, pourquoi pas celle des cartables ? Au bout de l’horizon se profile déjà l’eldorado de la silhouette de la nouvelle maîtresse qui, elle aussi, a les tripes en bandoulière. A quelle sauce va-t-elle être gobée par les sauvageons de trois pommes ? 

Jour de rentrée, sur le chemin de l’école, les petiots ne sont pas partis à cheval, en voiture ou en bateau à voiles, mais tout simplement en moteur à orteils et autres semelles. Ils sifflent guillerets, excités par cette terra incognita que constitue la cour de récréation. Ne pas louper l’appel !

En route pour la vie, emportés par cette soif d’apprendre et de connaître.

Une manière de chemin de Compostelle où les chiffres, les verbes, les mots et l’alchimie de l’algèbre remplacent les coquillages des Jacquets des bienheureux pèlerins.

Vivement ce soir et le goûter que maman a préparé comme une dictée de gourmandise !

Sans fautes, on va se régaler !

                                                               © Laurent BAYART

                                                                  5 septembre 2023

L’ERRANCE DU PASSANT.

Sur une photo de Némorin, alias Erik Vacquier.

         

Nous passons dans l’embrouillamini des jours qui filent comme derrière un décor en rouleau de cinéma. Destinées fragiles des silhouettes de papier mâché. Nous sommes en mal de rencontres et de fraternités. Croiser l’autre sans un regard en une aumône d’humanité. Aimer notre quidam, le temps d’un regard d’empathie et de compassion. Nous sommes des ombres à la recherche de nos soleils. Astres perdus derrière nos lunettes noires. Aveugles de ne pas pouvoir s’arrêter à l’aune d’une tendresse retrouvée, d’un clin d’œil volé, ou d’un regard de connivence.

Et, reprendre vaille que vaille notre chemin, jusqu’à glisser un jour dans la bande d’arrêt d’urgence.

Là, marcher au ralenti, les corps en panne dans l’attente d’un garagiste, grand réparateur et « rhabilleur » des corps usés.

Puis, partir à la quête d’un Chemin de Compostelle pour rallumer les étoiles.

                                                                  © Laurent BAYART

                                                                        3 septembre 2023

DES TRACES DANS LE SABLE…

                                                      Avec la complicité de Camille,

          Il nous faudra suivre les pas des gens qui nous ont précédé, poser nos semelles dans ces traces imprimées, afin de poursuivre notre chemin en se nourrissant des bonnes ondes laissées au passage. Mais il nous faudra aussi inventer nos propres empreintes en sachant que l’océan et son ressac effacent d’un coup d’éponge, telle l’ardoise de l’écolier, les stigmates de nos existences. L’éternité laisse le bruit du vent dans ses coquillages, mais tout, le reste demeure à l’encans. Il nous faut créer à chaque instant, imaginer notre destinée et faire fi du passé, avant que les vagues et ses embruns brouillent tout message. 

Marcher et pérégriner sans jamais se retourner. Comme un chemin de Compostelle que l’on aurait tracé dans le sable. Tiens donc, justement il est toujours question de coquillages, non ?

Il faut du temps et de la patience, mais vivre, c’est justement cela. Et rien d’autre.

Et parfois une étoile vient glisser son message sur nos pas. Une étoile de mer qui a dégringolé du cosmos.

Moi, j’aime marcher sur le sable. C’est là que tout se forme et se créé. 

Mes châteaux de sable résistent à l’ivresse de l’eau.

                                                               © Laurent BAYART

                                                                        28 août 2023

L’INCROYABLE POTAGER, VIA LE TRANSAT, DE DIDIER HELMSTETTER.

          Rencontré lors d’une animation artistique et lecture musicale dans « Le jardin d’Elisabeth et de Didier » à Betschdorf, j’ai tout de suite été impressionné par la personnalité atypique de Didier Helmstetter, jardinier « paresseux » et agronome de formation qui « officie » à Rosheim en Alsace, mais pas fainéant, ce n’est pas la même chose ! Il a sorti quelques ouvrages sur sa méthode de jardiner, notamment un opus intitulé « Le potager du paresseux » qui m’a littéralement scotché et bluffé. Des ouvrages qui se sont vendus (à plus de 40.000 exemplaires !) comme des petits pains, ou plutôt à la manière de salades ou de haricots ! En effet, comment prendre en mains un jardin sans bêcher, sans composter, sans travailler, ni « engraisser » le sol…Mystère et boule de…foin.

Victime d’un infarctus en 2007 qui « m’a laissé sur le carreau pendant un an et demi. Les séquelles sont irréversibles. Avec mon ventricule gauche réduit à 45% de puissance d’éjection. » Didier a dû chercher une solution afin de pouvoir continuer à « potager » sans risques physiques, et en… potassant il a trouvé la parade ! Et puis, las aussi « des haricots verts venus par avion du Kenya ou des poires importées du Chili…/…le circuit le plus court, c’est celui qui va, à pied, de mon potager à ma cuisine… » Dont acte. Et merci pour l’empreinte carbone dont -finalement- tout le monde parle mais peu se soucie !

Ce livre de près de quatre cents pages constitue une mine de conseils et de renseignements pratiques, rédigé avec humour, étayé et développé avec talent, il fourmille de précisions et de références, avec d’innombrables renvois (plus de quatre cents !). Lavoisier le disait fort bien : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ». Plus loin, l’artiste du jardin, de rajouter : « Contrairement à l’homme, un sol ne fatigue pas. Il s’enrichit. Il construit sa fertilité. » Notre ami est un adepte de la couverture permanente du sol avec du foin, autrement dit de la phénoculture, terme qu’il a inventé.

Bref, ce livre est une pépite pour le jardinier et une mine dans laquelle on trouvera des tas de renseignements utiles et passionnants. De l’or en filon sous forme de papier imprimé ! Et pour celui qui connait des soucis de santé, un viatique qui lui permettra de continuer à s’adonner à sa passion ! C’est tout simplement incroyable…

© Laurent BAYART

  • Le potager du paresseux, produire en abondance des légumes plus que bio sans compost, sans travail du sol, sans buttes. De Didier Helmstetter, réédition, 2019.

DAME DU ROCHER…

                                                                                         A Marie,

          Dame du Rocher, qu’alliez-vous chercher, tout là-haut…chantait Jean Humenry, il y a déjà bien longtemps. Ces paroles et cette musique résonnent encore en moi après tant d’années. Marie continue d’illuminer nos existences par la magie de sa présence qui enchante et embellit nos destinées. Pourquoi cette incroyable et mystérieuse attirance vers elle ? La lumière de ses yeux brille, comme des candélabres et chandelles pour y porter l’espoir sans quoi la vie ne serait qu’un simple passage, une aubade de partance et tout serait donc bien fini… ?

Cette Dame du Rocher nous accompagne, chaque jour, de sa Présence et de son Amour infini, tel un incommensurable soleil fixé dans la niche de cette grotte.

Je m’arrête devant toi et ne sais pas toujours pas pourquoi ? Je suspends ces instants et les confie à ta Bienveillance en ce jour si particulier.

Penser à Toi aujourd’hui, c’est une prière muette dictée par mon âme et psalmodiée par mon cœur.

Marie, tu es une Etoile posée sur notre quotidien.

                                                      © Laurent BAYART

                                          15 août 2023

Sur une photo de Rémi Picand, la Dame du Rocher du Val d’Ajol…

VOYAGE DANS LES GRAMINEES OU IVRESSE BUCOLIQUE DANS LES CHAMPS.

                                                                         A Brigitte Di Scala,

          C’est un voyage à ras de terre, au plus près des insectes qui butinent et lutinent dans les fleurs sauvages des prés. Graminées en goguette qui émerveillent le passant par cette profusion de beauté sauvage qui s’offre au regard du badaud. Les champs proposent leur symphonie de couleurs qui font palpiter les guêpes, bourdons ou autres abeilles, lorsqu’il ne s’agit pas du drone coloré en quadrichromie d’un papillon, sous la généreuse ombrelle végétale d’un bouton d’or, d’une bourrache, d’un épilobe ou d’un bleuet. Exubérance de ce jardin fou, qu’aucun chef d’orchestre pépiniériste ne vient catalyser et domestiquer. Nature en sa genèse première, livrée à son inspiration où l’être humain ne devient plus qu’un détail, qu’une peccadille dans le paysage. Presque une fourmi qui viendrait y apposer l’apostrophe de sa signature. Patte de mouche abandonnée à cette effusion de couleurs flamboyantes. 

Beauté de cet instant de grâce qui réinvente le monde. J’aime me coucher sur cet édredon de fleurs et de fougères, et là, me laisser emmener par cette vague verte qui m’emporte vers d’autres îles…

Océan champêtre où je deviens un naufragé heureux d’échouer sur le pistil, la tige ou le pétale d’une fleur. Là, je m’enivre de pollens comme on goutterait un nectar précieux.

Mon cœur jubile et palpite comme un coquelicot que je pose délicatement sur ce tableau buissonnier.

                                                               © Laurent BAYART

                                                                        12 août 2023

L’INFINIMENT PETIT TOUCHE L’INFIMENT GRAND…

                                             Avec la complicité d’Alphonse,

         N’oublions jamais que nous ne sommes que des confettis devant l’immensité des étoiles et du cosmos, de petites poussières qui gigotons, tant bien que mal, sur le fil tendu d’une immense toile d’araignée qui n’est autre que la voie lactée… Peccadilles de l’univers, infimes étoiles de mer dans l’océan. Nous levons les bras mais nous ne pouvons même pas imaginer effleurer l’apostrophe d’une étoile filante ou d’une nova. Nos destinées sont rédigées et gravées sur la coquille d’un mollusque ou l’écaille d’une raie. Bonheur de cette jubilation d’exister dans cet infiniment grand que nous ne faisons que côtoyer. Nous croyons inscrire nos mots sur la stèle de l’éternité mais nous ne faisons qu’émettre un son éphémère qui s’envolera à peine prononcer, emporté par une brise interstellaire. 

J’aime lever mes bras comme l’oiseau tend les virgules de ses ailes pour s’envoler.

Oui, partir et conquérir ce qui nous échappe.

Le bonheur c’est de savoir que le sable s’écoule de nos mains par la bonde ongulée de nos doigts. C’est là que l’imaginaire commence et que le merveilleux vient enchanter notre monde…

                                                                    © Laurent BAYART

                                                                                10 août 2023

L’IVRESSE DE SE CONJUGUER ENCORE ET TOUJOURS…

         

A Véronique,

Nous avons eu des ivresses vagabondes à se brinquebaler contre vents et marées sur la crête des vagues et l’écume des tourbillons. Chahutés souvent et pris dans des tempêtes qui ne disaient pas leurs noms. Emportés aussi dans des ouragans qui ont chaviré nos destinées dans d’improbables rendez-vous. Nous nous sommes accrochés, tant bien que mal, à ce besoin d’être encore et toujours debout, scotchés au mât à l’image d’un autel, droits comme ces navires qui essuient de gigantesques lames mais gardent le cap sur cette île à l’horizon. Eldorado d’un clocher tel un phare qui brille et brûle au loin, nous offrant l’espoir de nouveaux soleils à conquérir. Un clocher aux confins comme l’estuaire d’une croix.

Conjuguer nos vies, à en oublier nos propres terminaisons pour rester dans notre tempo et diapason.

Avec le verbe Aimer que nous n’imaginions pas vibrer encore si lontemps en nous.

Et puis, continuer le chemin, les dernières foulées étant les plus belles et fécondes.

Notre Compostelle à nous, avec deux ailes pour voler plus haut et plus loin.

Le reste n’est que poussière d’étoile dans nos yeux encore émerveillés.

                                                               © Laurent BAYART

29 juillet 2023

LE SOLEIL S’EST POSE SUR TON VISAGE ET…TOURNE SOL…

                                                                        A Jules,

         Les champs gardent précieusement quelques soleils-hélianthes en miniatures géantes au bout de longues tiges, tels des bâtons de barbes à papa.  Une multitude de feuilles jouent aux nuages en une symphonie de verdure qui forme une épaisse taïga végétale dans laquelle on se perd irrémédiablement…Échappée de luminosité en tournesol jaune d’or qui offre à l’instant une aubade magique. J’aime me fourvoyer dans cette ivresse végétale constituant un labyrinthe, à l’instar de celui formé par les épis de maïs menant à un improbable Graal vert, comme en un jeu naturel qui déplie sa féérie ludique. Une multitude d’astres semblent sourire à quiconque souhaite s’y abandonner et s’y perdre, en cette terre si généreuse et féconde où s’égarent quelques oiseaux traversiers en quête de solitude. Ici, le ciel fait semblant d’habiter le sol pour y semer une profusion de grandes étoiles. Voie lactée verte.

Plus loin, le grand scarabée mécanique d’un tracteur fait office de vaisseau spatial. Un agriculteur-cosmonaute s’en va ou plutôt s’envole à la conquête de la glèbe du cosmos.

Au bout de son exploration et de sa quête, il viendra apprivoiser une terre nouvelle pour y poser d’autres semis d’étoiles…mais ceci est une autre histoire.

Tourne le sol autour d’un immense soleil. Tous les jours, les êtres humains s’inventent de nouvelles planètes.

Il suffit juste d’imaginer un nom !

           © Laurent BAYART

                                                                          24 juillet 2023