Archives de catégorie : Blog-Notes

MARIE, LA GRACE DE DIEU QUI M’ACCOMPAGNE SUR LA SENTE…

                             Sur une photo de Rémi Picand,

         Le temps passe et file inexorablement et je perçois toujours cette indicible et inexplicable présence, si proche dans l’invisible de ces amours qui viennent de l’autre côté des apparences. Comment expliquer ce fil d’or auquel je suis relié à cette Dame du rocher ? Tu gardes et veilles sur ce petit garçon, abandonné, errant et brinquebalé par l’existence, loupiot qui est resté en moi et me colle à l’âme…

Comment exprimer cette présence sans rituels, sans sacrements, sans églises, sans ordonnances épiscopales ?

Voilà, que tout simplement, tu tiens -toujours et encore – la main à ce petit garçon.

L’autre jour, au moment où je ne le l’attendais pas, tu m’as fait un petit signe pour me signifier ta présence.

Croire, c’est mettre des paillettes d’or sur sa vie et marcher devant soi, sans même voir le chemin…

…et suivre, aveuglément, cette Vierge Marie, gardienne de tous les enfants qui ont gardé leur âme, comme on laisserait un caillou dans sa poche…

                                                    © Laurent BAYART

                                                3 novembre 2025

ALLO WEEN ? OU UN COUP DE FEEL MONSTRE…

A l’occasion d’Halloween…

              C’est un jour de monstruosités où l’on joue à se faire peur. C’est glaglaçant/sang. Le téléphone sonne et vibre, résonne comme dans un film d’horreur. Allo Ween ? – Qui est à l’appareil ? Quel est le pendu qui se balance de l’autre côté de la ligne ? Un squelette ? Un zombi ? Un spectre ? – Allo ! Personne ne répond…et puis, une voix (électronique) d’outre-tombe me fait la promotion de ses produits !

Ouf, ce n’est qu’un appel publicitaire. Une boîte de pompes funèbres me propose ses services !

Je ne réponds pas…la laisse débiter son baratin et – ironie du sort – je fais même le mort…

Écrivain, j’ai toujours adoré les cadavres exquis !

                                           © Laurent BAYART

                                        31 octobre 2025

DANS LA COUR DE RECREATION…

              Fourmilière de cartables et de petites têtes enjouées en ivresse d’odyssées ludiques. La cour de récréation se révèle être une immense salle de motricité à ciel ouvert, sous le regard vigilant et bienveillant de quelques maîtresses garde-chiourmes. Tapages en mille voltages et autres sonorités débridées. Les enfants s’ébrouent et s’égayent joyeusement en courant comme des dératés, esquissant d’impromptus pas de danse lors de leurs ébats en jeux divers. Volées de moinillons quasiment incontrôlables sauvageons qui profitent de cet espace cloisonné pour batifoler allègrement.

Mais, tout d’un coup, la sonnette hulule son trident (r)appel à l’ordre.

La récréation est terminée !

Des dizaines d’étourneaux se rassemblent sous l’œil de leurs magisters féminins, en rangs d’oignons. Les classes se forment et se reforment…

Le tocsin signe la fin de la récréation. 

La craie de l’ardoise prend la place des traits blancs de la marelle laissés sur le tableau noir du goudron de la cour de l’école…

                                           © Laurent BAYART

                                        28 octobre 2025

LIVRE / UNE MONUMENTALE RETROSPECTIVE DES MILLE MEMOIRES D’UN JOURNALISTE HORS NORME : JEAN-PIERRE ELKABBACH.

          Plus qu’un journaliste, Jean-Pierre Elkabbach représente une institution dans le domaine des médias, bref, une véritable référence ! Ce livre de mémoires raconte avec maestria, comme un journal, ces années fabuleuses à écouter battre le pouls du monde et à rencontrer d’innombrables personnalités qui ont façonné l’histoire !

Les rives de la mémoire se dévore à l’image d’un roman, en l’occurrence celui de l’actualité immédiate. L’auteur, né à Oran, Perdant son père jeune et déambulant dans le cimetière, entend une voix lui marteler : Ne perds pas de temps, jette-toi dans la vie ! Magistral conseil qu’il appliquera très vite. Et il reprend pour lui la belle phrase de Claude Roy qui a écrit : (je commence peut-être) à marcher au même pas que moi. L’ouvrage regorge d’anecdotes dont celle concernant la rencontre fortuite de celui qui allait s’appelait Enrico Macias : Un jour, au cours d’un reportage dans un bled, appelé Châteaudun-du-Rhumel, à une cinquantaine de kilomètres de Constantine, j’embarque un autostoppeur avec sa guitare. Il s’appelle Gaston Ghrenassia. Instituteur-formateur, il ne se sépare jamais de son instrument, même lorsqu’il donne ses cours…/…Le passage radio de ce musicien anonyme fut suivi de milliers d’autres. En effet, le jeune homme quitta l’Algérie pour la France quelques semaines plus tard. En 1962, je le revis à Paris. Il était venu m’offrir son premier disque, un modeste quarante-cinq tours. Je le mis entre les mains de deux producteurs de Paris Inter. L’un, séduit, accepta de le diffuser, l’autre me rendit le disque : « Il ne vaut pas un clou » Dis à ton ami de trouver un autre métier…/…Un an plus tard, il devenait célèbre grâce à l’émission Cinq colonnes à la une…

Passionnant ouvrage, que l’on ne lit pas mais qu’on dévore, qui fourmille d’anecdotes et de croustillantes petites infos, notamment celle ayant trait à la lecture des épreuves du livre La Bombe atomique et l’avenir de l’homme de Karl Jaspers sur lequel l’auteur conclut, philosophe : Hiroshima nous avait rendus collectivement responsables de notre survie. 

Marié avec l’écrivain(e) Nicole Avril, il confie aux lecteurs : les années n’ont pas eu de prise sur elle. Elle reste toujours la même : cette présence légère et intense, cette silhouette immuable…A souligner, l’espiègle et complice photo sur laquelle ils pédalent en duo sur un tandem. Plus loin, l’homme qui a rencontré les plus grands dirigeants de la planète recueillit cette confidence d’un certain François Mitterrand : …que s’il avait su écrire, il n’aurait pas fait de politique…

Le livre regorge aussi de photos emblématiques de ces interviews et rencontres avec des personnalités célèbres : Brigitte Bardot, Jean Ferrat Yasser Arafat, Anouar El-Sadate, Georges Marchais, Richard Nixon, Henry Kissinger, Mikhaïl Gorbatchev, Vladimir Poutine…la liste est interminable et impressionnante ! 

On se rappelle également que Jean-Pierre Elkabbach animait, avec Alain Duhamel, une émission politique intitulée Cartes sur table.Espiègle et taquin, il nous rappelle que les meilleures audiences revenaient de loin à Georges Marchais…avec, cette réplique culte de l’homme politique communiste : – Taisez-vous Elkabbach !

Ce livre foisonne et regorge d’informations passionnantes sur la vie, la politique, l’actualité qu’il côtoyait avec maestria.

Edouard Balladur lui fit un jour cette confidence : Mon souhait serait d’achever ma carrière politique comme premier ministre de François Mitterrand. Il est affaibli par la maladie. Nous irons ensemble paisiblement vers la fin de nos destins.

Cet immense et emblématique journaliste décéda le 3 octobre 2023 en laissant un immense vide dans cette profession si atypique qu’est l’écriture de l’actualité dont il fut une cheville ouvrière. Lui qui portait une certaine admiration pour François Mitterrand, disant de lui : …il n’était ni un héros, ni un saint, mais l’artiste politique peut-être le plus fascinant du XXème siècle…La mort réunissant soudain le personnage et la personne.

                                                                 © Laurent BAYART

  • Les rives de la mémoire de Jean-Pierre Elkabbach, Bouquins, 2022.

FILIGRANE TOMBALE.

        Un pied dans la tombe ? Non, mon visage qui s’affiche tel un hologramme sur le marbre de la pierre funéraire. Comme un clin d’œil ? Un présage ? Mon faciès apparaît dans les allées du cimetière. Fantôme en quadrichromie qui semble m’observer…Bizarre. Cela me met un peu mal à l’aise. On a l’impression qu’il s’agit d’un chromo, portrait affiché du défunt. Zut, les dates ne sont pas encore inscrites…Ouf.

Je me retourne et il n’y a pas de croque-mort pour prendre les dimensions, me cartographier et me mesurer, afin de me poser ensuite dans la boite à chaussure qu’il enterrera, juste en -dessous.

Je respire et profite de mon sursis pour m’en aller.

Mon visage me suit et quitte le monument funéraire.

Il est parfois rassurant d’avoir un poisson pilote.

                                           © Laurent BAYART

                                        23 octobre 2025

CANNE ANTENNE DE MA MARCHE…

        Telle une antenne droite et en bois, ma canne martèle la marche à suivre et m’accompagne fidèlement dans mes pérégrinations de brinquebalant. Comme un doigt levé vers le ciel. Boussole, elle m’indique la direction de la rose des vents. Elle semble aussi percevoir le chuchotement des étoiles et la psalmodie du soleil. 

Marcher, c’est poser des bornes devant soi et semer des petits cailloux derrière. Sillage du bateau qui laisse l’éphémère empreinte de ses vagues…

Pérégrin boiteux, je me dirige vers cette cathédrale de Compostelle qui ne dit pas son nom.

Le chemin, qui se déroule devant moi, constitue déjà un sanctuaire, alors pourquoi demander à Dieu l’obole d’un miracle et la grâce de son aide, si j’avance toujours et encore ?

                                                   © Laurent BAYART

                                              22 octobre 2025

CINQUANTE ANS DE SOLEIL SUR LES FEUILLETS DE MES MOTS…

                                    Photo de Baladia Abdellali,

       Ivresse du soleil de l’écriture qui fait couler son encre sur les nuages des feuillets en pages blanches. Magie de la création illuminant ma vie et merveilles de cet imaginaire, compagne et comparse depuis ma genèse/jeunesse, comme si les étoiles avaient décidé de mettre leurs pastilles de lumières dans mon âme. 

J’écris et avance, jour après jour, dans cette majuscule et ce feu ardent qui éclairent mon âme d’enfant.

Ecrire représente une magie qui me porte et me fait m’envoler au-dessus de ma propre vie.

Je suis un oiseau qui pose un peu de son encre dans le ciel.

Et si, un jour, je devais suspendre mon vol en chemin, le soleil continuerait toujours et encore de brûler et de briller en moi.

Le point final ne représente finalement qu’un astre de plus dans l’infini du cosmos.

                                                 © Laurent BAYART                                                      14 octobre 2025

JE EST UN AUTRE OU LE JEU DU MIROIR.

                                          Sur une (vieille) photo de Némorin, Alias Erik Vacquier.

              Nos visages glissent sur les miroirs. Je est un autre mais qui suis-je donc finalement ? Je cherche à me retrouver et me reconnaître. Mon âme esquisse des entrechats sur la surface lisse de la glace qui me renvoie à mon image et mon reflet. Étais-je, jadis, une novae qui distillait sa lumière longtemps après m’être éteinte ? Qui sommes-nous donc pour déambuler ainsi au fil de nos existences et de nos apparences, à chercher, constamment ce que nous sommes ou ce que nous fûmes ? Genèse de nos existences. 

Je m’éloigne ainsi chaque jour de cette naissance et me dirige vers l’astre du soleil qui me gobera un jour.

Je deviendrai alors un lutin de lumière et me déguiserai en étoile pour aller danser dans le cosmos.

Voie lactée où les miroirs font de la chorégraphie sur le parquet lustré d’une nuit qui n’est pas vraiment la nuit…

                                              © Laurent BAYART

                                       28 septembre 2025

L’ALSACE DES ECRIVAINS DE GILLES PUDLOWSKI OU UNE SAVOUREUSE ASSIETTEE DE LETTRES.

         Petit livre passionnant qui se lit comme un roman, L’Alsace des écrivains charme et nous enchante. Gilles Pudlowski, auteur et chroniqueur gastronomique, nous régale littéralement en nous offrant cette savoureuse assiettée, opus que l’on déguste comme un met délicat. 

De l’Alsace Bossue au Sundgau, en passant par la Bruche, le Ried ou la route des vins, nous vagabondons avec bonheur dans cette littérature succulente comme une bonne choucroute ! Gastronomie de l’écriture et de textes colorés. Ainsi, nous nous délectons avec Erckmann-Chatrian, faisant référence à Phalsbourg : …avec ses six bastions, ses trois demi-lunes, ses deux avancées, ses casernes, ses poudrières, ses ponts, ses glacis et ses remparts, et ses petites maisons bien alignées, se dessinait là comme sur un papier blanc. Puis, on plonge dans La Petite Pierre selon René Char : Pour qu’une forêt soit belle, il faut qu’elle ait l’âge et l’infini…Puis, nous passons en Outre-Forêt : C’est une « Alsace dans l’Alsace » avec sa route des villages fleuris…Quant à Wissembourg, nichée aux extrêmes du nord… (elle) pourrait faire croire que cette cité frontalière est fâchée avec ses voisins germains. Mais c’est sans doute le pouvoir de la littérature d’inventer des impasses là où les chemins s’ouvrent aux autres avec aisance. Faisant référence à Haguenau, la cité de Barberousse, l’auteur croque : l’Alsace du Nord, bruyante et animée, avec ses commerces de bouche et de vêtements, ses abords forestiers, sa grande forêt plate, son bourg de pèlerinage de Marienthal, constitue un important carrefour routier…/…gardant son « tracé en rond » …elle offre aujourd’hui un visage éclectique qui n’est pas sans charme. Quant à Saverne et son château des Rohan, le grand Victor Hugo en parle comme le Versailles alsacien. Croustillant, petit ouvrage passionnant et instructif, on apprendra ainsi qu’à Luttenbach, se trouvait la maison du marquis de Coubertin…Y trouve-t-on les anneaux olympiques sur le fronton de la bâtisse ?

Exquis petit livre qui ravira les gourmands et les gourmets de littérature !

                                                                       © Laurent BAYART

  • L’Alsace des écrivains de Gilles Pudlowski, Éditions Alexandrines, 2016.

ECRIRE, CETTE PASSION QUI ME BRULE ET M’HABITE DEPUIS TANT D’ANNEES…

                                            A mes cinquante années d’écriture,

                           Lumières et chandelles de mon quotidien, les mots tournent autour de moi depuis si longtemps. Le temps passe et file sur les feuillets noircis et les ouvrages publiés, mais la passion demeure intacte. Je suis leur scribe, à raconter un peu leur genèse et l’ivresse de cette écriture qui me taraude depuis si longtemps. Comment vivre sans l’hémoglobine, ADN de l’écriture ?

Ecrire, une passion en forme de viatique qui me pousse toujours vers l’avant, vers l’odyssée de vivre intensément et de partager mes rencontres.

Je suis avide de ces instants que je partage et qui me poussent toujours vers demain.

Le point final se trouve quelque part devant moi, à toujours me précéder comme un gamin espiègle qui court et ouvre le chemin…

Ecrire, plus qu’un mot : une aventure de l’instant qui dure…

C’est un peu, un morceau d’éternité volé à la fuite du temps.

                                                               © Laurent BAYART

                                          24 septembre 2025