Archives de catégorie : Blog-Notes

ET DANSENT LES BOUTONS DU CLAVIER DE L’ACCORDEON…

                                                            A Fabien Christophel,

          Il fait de la chorégraphie et des entrechats avec ses doigts sur le clavier, boutons de nacre de l’accordéon. Et dansent les notes, pianotent allégrement pour envoyer les sons guillerets avec leurs airs de guinguette. Batifolent et farandolent, les croches en do ré mi fa sol la si do… Elles vont se suspendre à quelques nuages de passage en faisant de petits concertos de partitions volantes. Le soleil apprécie et mouline le tempo avec ses baguettes de rayons. Quel chef d’orchestre ! Le soufflet s’étire ainsi comme un rideau de théâtre, poumons de l’instrument, dit-on…Envoutement de la musique qui remplit nos cœurs de joie et de palpitations de bonheur, en nous rendant la vie plus légère. 

J’aime ces instants échappés à la fuite du temps où mon âme se remplit de sérénité et de quiétude.

Là tout s’arrête. On dirait que l’éternité joue un bal musette, comme si la vie se suspendait à cette boite noire magique…

Nos oreilles sont devenues des coquillages où à la place du bruit des mouettes et de la mer, on peut percevoir le chant, chalutier d’un accordéon…

Le musicien est un marin qui nous fait prendre le large…

                                                      © Laurent BAYART

                                          14 juin 2025

CINQUANTE ANNEES DE CONNIVENCES EN FEUILLEES DE MOTS.

Les mots m’habitent depuis si longtemps que j’en ai presque oublié le jour où ils ont déferlé dans ma vie comme de petits soleils papillonnant dans la plénitude de mes jours. J’aime ce compagnonnage de l’absolu qui m’offre le bonheur de l’instant, me faisant palpiter et jubiler. 

Avec eux, j’ai sillonné les routes de l’imaginaire que je poursuis encore aujourd’hui, me révélant à moi dans d’improbables découvertes.

Les mots m’ont appris à mieux me connaître et m’appréhender. A prendre confiance aussi.

Cinquante ans de connivences journalières.

Qui aurait cru ?

Je n’ai pas de mots pour dire cet indicible besoin d’écrire et de poser mon imaginaire sur une feuille qui n’est jamais restée blanche longtemps…

                                                                        © Laurent BAYART

                                                                                 8 juin 2025

VISAGE QUI GLISSE SUR LE MIROIR.

                                    Sur une photo de Nemorin, alias Erik Vacquier, avec la complicité de Véronique…

         Sur le miroir, mon visage joue les feux follets et glisse sur la paroi à l’infini. Je suis un autre et me scrute curieux et goguenard. Le temps fait des escapades avec nos faciès et nous envoie ses grimaces. Mes yeux sont des billes de lumières qui semblent s’en aller à la quête de l’absolu. Je m’abandonne ainsi au gré du hasard des parois de la glace sur laquelle ma peau patine langoureusement. Je est un autre qui me regarde vaguement amusé.

Qui es-tu toi qui m’observe en lançant les flammèches de l’interrogation?

Puis je m’en vais, m’éclipse et l’écran redevient blanc. Ne reste plus que le paysage.

Et si la mort n’était finalement qu’une surface lisse sur laquelle on cesse de se refléter ?

Pour partir tout simplement de l’autre côté du miroir…

                                                      © Laurent BAYART

                                          4 juin 2025

ALAIN TIGOULET L’AMI PHOTOGRAPHE PARTI POUR UNE BALADE DANS UN ETERNEL PERIGORD DE LUMIERES ET D’ETOILES.

En un petit clic, adagio photographique, Alain s’en est allé, par le grand angle des étoiles et des lumières, pour aller vagabonder dans l’infini du cosmos. Parti pour toujours mais présent à jamais dans l’infini de l’instant, à prendre quelques photos afin d’éterniser nos vies et d’y mettre de l’instantanéité dans le fil d’or de nos éternités. L’objectif est ainsi fixé sur l’absolu en zoom continu.      

Te voilà désormais à te balader dans un Périgord de couleurs et de rencontres impromptues, en ivresse de découvertes et de poésies buissonnières. Salut l’ami ! que j’avais appris à connaître et à apprécier, discret et talentueux orpailleur d’images. Le monde est ainsi cruel pour séparer ceux qui aiment la vie et qui jouent de l’arpège sur les émotions, au fil du temps.

Te voilà désormais hors-cadre, hors-champ et, à jamais, fixé dans une constellation de lumière qui s’étire à l’infini.

Il restera une carte de visite sur les images que tu nous as, élégamment offertes, au fil de tes pérégrinations photographiques.

Merci Alain ! Adieu ou au revoir…Qui sait ? Le temps, pour toi, ne passera et ne filera plus…

Te voilà désormais comme une étoile accrochée au cosmos afin d’éclairer le chemin de ceux qui aiment les images qui parlent à l’âme.

                                                           © Laurent BAYART

LE BONHEUR EST SI PRES… ET DANS LES PRES.

                             Avec la complicité d’Alphonse,

              Le bonheur est dans les prés. Se coucher sur la moquette d’herbes folles et de pâquerettes qui jouent du stradivarius sur le damier du sol ; bonheur à savourer et à consommer sans modération. Je me délecte de ces instants de communion avec la terre. Quelques fourmis me demandent ce que je fais là ? -Eh ben, je prends la tension de la terre, son pouls et ses pulsations ! Je sens l’infiniment petit qui joue du tango sur mon corps. Jubilation de ces chatouillis d’herbes et symphonie de verdure. Me mettre au diapason de la planète et m’inventer mille vibrations dans les ondes de l’infini. Des étoiles glissent sur moi. Je me transforme en coccinelle, en hanneton, en libellule ou en simple moucheron. Qu’importe ! 

Je suis en harmonie et c’est bien l’essentiel.

Le bonheur est dans les prés. 

Des pâquerettes taquines et espiègles ont posé leurs diadèmes blancs sur ma tête de petit garçon en fleur.

                                                   © Laurent BAYART

                                                            24 mai 2025

AVANCER EN DUO AVEC UNE CANNE DE MAGICIEN…

                            A Véronique, Quarante-quatre années d’un serment tous les jours renouvelés…

              Les jours filent et nous parlent à chaque instant…Le temps passe, mais il reste la liturgie de cet amour qui remplit nos âmes de l’ivresse féconde d’être ensemble. Tant de vies se dénouent autour de nous, tant de tempêtes et de vagues déferlantes sur les bonheurs du quotidien, tant de blessures viennent frapper nos amis et nos proches…alors, se tenir la main toujours et encore au fil des jours, est comme une aubade qui nous enchante de sa cantate. 

Savourer la seconde car elle s’en va déjà, se défile et s’évapore derrière le miroir…

Nous n’avons plus besoin de mots et de paroles pour psalmodier nos dialogues.

L’essentiel nous habite pour l’éternité.

Demain, nous continuerons de marcher, brinquebalants comme des apostrophes sans syntaxe, mais nous serons debout à l’image de i sans point final au-dessus de leurs têtes.

                                                   © Laurent BAYART

                                                23 mai 2025

LIVRE / FRANCK BUCHY OU LE PEREGRIN DES LISIERES ET DES BORNES VOSGIENNES.

         Grand reporter aux Dernières Nouvelles d’Alsace, Franck Buchy seul et à pied a traversé les Vosges du nord au sud, en suivant la limite administrative entre l’Alsace et le reste de la France. Une incroyable et improbable odyssée pédestre qu’il s’est appropriée, comme une épopée intérieure et un exploit sportif en ivresse de découvertes. Ce carnet de friches, véritable éloge des lisières, est autant un hymne à la nature qu’un manifeste de l’esquive.

Franck, pérégrin de l’ultime, vagabonde dans cet humus vert où les sapins deviennent des candélabres éclairant cette superbe cathédrale verte que constitue les Vosges. Inventer l’inconnu juste derrière chez soi ; trahir les secrets de son propre jardin ; se frayer une échappée tangible. De journalier de l’écriture, l’auteur nous offre des pépites de littérature et un texte magistral qui chante l’art de cette douce fuite en avant que constitue la marche. 

Belle et fine écriture qui convoque l’émotion du lecteur, devenu compagnon de sente : l’adret alsacien est touffu et épais comme une toile acrylique bâclée au couteau…Plus loin, le pérégrin nous confie que marcher sur le fil d’une frontière, c’est devenir invisible. Et plus avant, de nous distiller cette magnifique image de poète : les arbres sont plantés comme des cure-dents. Franck devient philosophe et chantre des sentes et des chemins qu’il (ré)invente en marchant : Parcourir les bordures, c’est écumer l’arrière-boutique du monde et s’immiscer dans la porosité…Livre singulier et atypique qui chante l’ivresse de la fuite si féconde pour notre âme. Et l’auteur de nous rappeler, fort justement, que les bouts du monde lui rappelleraient à chaque seconde que l’inconfort a davantage de vertus prophylactiques que la paresse prudentielle. Carte à l’appui en début d’opuscule, on savoure cette échappée de lumière : la géographie est la littérature de l’ostensible. Plus loin encore, il rajoute que marcher, c’est parler au monde.

Superbe écriture de l’ultime comme un dialogue avec la terre et son humanité retrouvée. Et au fil de la marche, le journaliste devient écrivain et fait sa mue tel un reptile inspiré : Les lacets se tordent comme des spaghettis dans un nuage de lait.

Franck Buchy est un arpenteur de bornes qui réenchante le quotidien et refait se mouvoir l’histoire. En une ultime confidence, ce Jacquet a trouvé son Compostelle en nous confiant que la différence entre la marche et l’errance ne réside pas dans le sens des pas mais dans la disposition de l’esprit.

Franck Buchy est le poète de l’instant et du chemin, ses pieds sont des plumes qui tracent la route…devenue aérienne.

                                                                   © Laurent BAYART

  • Fugue au cœur des Vosges de Franck Buchy, Transboréal, 2020.

LIVRE / NOS AMES OUBLIEES OU UNE PEPITE DE LITTERATURE DE STEPHANE ALLIX.

        Rien que le titre est déjà une magnifique et sublime oraison de mots. Ce livre, magistralement voire énigmatiquement intitulé Nos âmes oubliées, chante la liturgie de cette enfance fracassée et meurtrie qui reste en nous durant toute notre existence. Come-back sur un séisme : l’inceste vécu par Stéphane Allix…Un immense retour sur soi et sur un passé meurtri et fracassé qu’il a voulu occulter et qui rejaillit à la surface de sa vie. L’auteur évoque aussi cette mystérieuse conscience qui nous habite : Pourquoi pensons-nous que le cerveau produit de la conscience, comme le foie produit de la bile ? Il nous parle de ces expériences de mort imminente qui déconcertent le monde médical et la science, nous rappelant que le cerveau est l’organe qui a le plus besoin d’énergie, proportionnellement à son poids. Plus loin, il suggère que le cerveau serait une sorte de médiateur, un organe d’adaptation à l’environnement quotidien…/…canalisant une conscience indépendante et affranchie de la matière et du temps. Stéphane Allix rajoute cette interrogation que : nous ne percevrions qu’un tout petit fragment du réel…/…Quand le cerveau ne la retient plus, notre conscience serait en mesure d’accéder à une réalité plus grande, échappant aux contraintes du temps et de l’espace…

L’auteur nous parle de ces breuvages psychoactifs tel l’ayahuasca qui est une des substances psychédéliques les plus puissantes du monde…Elle est utilisée dans les rituels chamaniques depuis des milliers d’années, rajoutant plus loin, notamment, que le LSD et la psilocybine semblent ouvrir une autoroute vers l’inconscient…Et, Stéphane Allix de rajouter : Voilà pourquoi les psychédéliques peuvent être si déstabilisants : ils rendent visible tout ce que notre esprit tente en permanence de nous cacher…En fait, notre inconscient nous protégerait ! L’auteur nous parle aussi de ce frère disparu dramatiquement dans un accident de voiture : Comment traverserions-nous nos deuils si nous savions que celles et ceux que l’on a aimés sont toujours vivants ?

Concernant l’inceste, il rappelle qu’entre 5% et 10% des Français ont été victimes de violences sexuelles durant leur enfance…/…et dans 80% des cas, au sein de la sphère familiale !

L’auteur chemine pour retrouver celui qui lui a brisé une part de son enfance et de son innocence…Un tête à tête courageux et, peut-être, la meilleure des psychothérapies !

Un superbe et intense ouvrage qui nous parle de ce cheminement qui nous mène jusqu’à notre âme.

                                                       © Laurent BAYART

  • Nos âmes oubliées de Stéphane Allix, Éditions Albin Michel, 2021.

LIVRE / LE PALAIS DE L’ELYSEE NOUS OUVRE SES PORTES ET SES COURSIVES…

          Cet ouvrage de trois-cents pages se révèle être passionnant et fourmille d’anecdotes savoureuses et d’informations croustillantes sur cet emblématique palais, devenu symbole de l’état français. L’histoire nous confie que, c’est au début du XVIIIème siècle, que le comte d’Évreux a fait bâtir son hôtel particulier à coté du Grand-Cours, les Champs Élysées qui deviendra la résidence emblématique de nos chefs d’Etat. Ce lopin de terre sur lequel fut construit l’hôtel d’Évreux s’appelait le terrain des Gourdes, car on y cultivait des cucurbitacées…Un sacré pied de nez onomastique à ceux qui allaient habiter cette résidence ! On disait, à l’époque, qu’elle était la plus belle maison de plaisance des environs de Paris. Puis, le palais devint la propriété du prince Joachim Murat, époux de Caroline Bonaparte et beau-frère de Napoléon. D’ailleurs, le lieu prendra le nom de « Elysée Napoléon ». Puis, la demeure fut affectée comme résidence du président de la République par la constitution de 1848. 

Cet opus fourmille de détails et de renseignements anecdotiques mais, parfois, surprenants. Ainsi, nous apprenons que le palais de l’Elysée abrite quelque 320 pendules qui sont remontées une fois par semaine ! Quant aux présidents, il en a déjà « hébergé » 25…Jean Casimir-Perier n’aura été président que six mois et vingt jours, François Mitterand, lui, restera treize ans, onze mois et vingt-six jours. Et pour les données plus actuelles, on découvrira qu’en 1989, Brigitte Macron, alors qu’elle vivait à Truchtersheim dans le Bas-Rhin, avec son ex-mari le banquier André-Louis Auzière, se présenta sur la liste municipale « Truchtersheim demain » qui fut battu et l’on ne vit plus jamais le nom de Brigitte Auzière sur une liste électorale. 

En revanche, elle rentrera par la grande porte au palais de l’Elysée. Comme quoi, l’histoire fait parfois de jolis pieds de nez à la vie (politique)!

                                                       © Laurent BAYART

  • 1001 secrets -très bien gardés- de l’Elysée de Sophie Dubois-Collet,  Les Éditions de l’Opportun, 2021.

FRATRIE, LA BELLE AVENTURE D’EXISTER ENSEMBLE.

                                   Avec la complicité d’Alphonse et de Gustave, sur une photo de leur maman.

       Frères, nous sommes des lumières qui portons nos mains jointes et attachées à la félicité de l’instant, pour aller toujours de l’avant. Compagnons de sang dans la majuscule de nos fratries, nous transportons les cierges de nos voix et de nos espérances afin d’illuminer nos sentes.

Tu es ce morceau de moi et je suis ton alter égo. Nos âmes sont jumelles et communiquent par le diapason de nos corps. Nous nous trouvons en harmonie et en connivences constantes. Nul besoin de grands discours pour arpenter en sifflant notre route. Marcher d’un même pas et parler d’une même parole. Frérots pour la vie…

Frère, nous sommes des passerelles jointes pour s’en aller conquérir les mondes. Demain, tu m’aideras à traverser les fleuves et je te tiendrai la main pour renverser les montagnes.

A deux, les verbes deviennent enchantés, sous le regard bienveillant de notre bonne fée : notre mère qui tient la main à chacun de nous, afin de rendre le monde plus beau et le chemin plus serein.

Frères, hier, aujourd’hui, demain et pour toujours.

                                           © Laurent BAYART

                                          7 mai 2025