Né à Trieste en 1947, Paolo Rumiz est considéré comme l’un des plus grands écrivains italiens contemporains. Je suis tombé par « hasard » sur cet ouvrage, intrigué par le titre, paru récemment intitulé « Chant pour Europe ».
A l’heure où l’Europe (dont le nom proviendrait de l’akkadien Erèbe qui signifie l’ombre, l’endroit où le soleil se couche) se trouve à un moment critique, voire de bascule de son histoire, malmenée par l’actualité et les événements. Cet auteur majeur nous offre une ode sans concession à cette utopie qui semble prendre l’eau, à l’image de ces migrants qui meurent noyés dans leurs frêles embarcations (La Moya, navire centenaire) en voulant rejoindre ce rêve de liberté…
Pour ce faire, l’auteur nous esquisse une vaste fresque à la manière d’une odyssée homérique à sa recherche avec quatre Argonautes qui voguent sur cet esquif légendaire. Et cet écrivain, chantre du drapeau bleu étoilé, rappelle : Il ne connaissait pas d’autres terres capables de réunir le bouleau, le figuier et l’agave, les cathédrales et les refuges alpins, les archipels et les fleuves qui divaguaient, les synagogues, les phares, les minarets.
Écriture magistrale et plaidoyer vibrant dans lequel, lucide, il martèle : Méfie-toi de l’esprit et des lumières du jour, si trompeurs ; seules les nuits te disent la vérité ». Et l’Italien de faire référence aux camps de réfugiés où à Leros, l’Europe a encore bu la tasse, avec le vent (qui) murmure parmi les buissons. C’est la voie des peuples perdus…/…Jus de fruits, chaussures d’enfant, une ligne avec son hameçon, des couches, des porte-monnaie, un moïse pour nouveau-né…Et plus loin, de rajouter : …et le fantôme d’un ferry s’éloignait de Leros, terminus des peuples.
Paolo Rumiz nous scande l’essentiel en nous remémorant que l’histoire est à l’image de notre vieille Méditerranée, comme un leitmotiv et une répétition sans fin.
…Mais rappelle-toi : si tu ne veux pas que la mémoire se perde, laisse le vent passer entre les lignes.
© Laurent BAYART
- Chant pour Europe de Paolo Rumiz, Éditions Arthaud, 2024.
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