Archives de catégorie : Blog-Notes

L’ECHIQUIER DE LA VIE…

                                    Avec la complicité d’un échiquier réalisé par bayartbois,

               Ne serions-nous, finalement, que de simples pions à nous déplacer sur le damier d’un jeu qu’on appellerait tout simplement la vie… ? Tenter d’avancer, coûte que coûte, sans se faire renverser par un roi, une reine, valdinguer d’un coups de sabot de cheval ou un potentat en bois qui nous broierait sans pitié. Ne pas se laisser estourbir par l’échec, et continuer d’avancer sur ce chemin/ jeu damier où chaque case peut s’avérer être un chausse-trape. L’existence est parfois (et souvent) un jeu de guerre où il nous faut parvenir jusqu’à la dernière ligne où la mort devient l’enjeu suprême. 

Damer la piste et poursuivre le lent glissement de sa marche…

Et puis, arrivé au bout, devenir une étoile filante sur ce jeu de bois où l’âme d’un arbre nous accueillera.

Échec et mat. Écriture rimbaldienne du déplacement à ras de case.

Jeu est décidément un autre.

                                           © Laurent BAYART

                                          16 février 2025

L’ASIE DES CINEMAS QUI COLORIENT NOS YEUX…

                                          Sur une photo de Némorin, alias Erik Vacquier, Festival International des Cinémas d’Asie de Vesoul.

              C’est un tourbillon multicolore et multilingue qui déroule son tapis rouge sur les écrans de cinéma qui deviennent des terminaux d’aéroports. Magie des films asiatiques qui égrènent leurs romances en version sous-titrée. Ainsi, se délecte-t-on des images et de la poésie, ainsi que de l’exotisme des parlers et des idioms des langues de là-bas…, mais aussi, en même temps, on lit les dialogues, plaisir des yeux qui font du yoyo sur les images animées…On devine que les spectateurs ou plutôt les festivaliers sont de vrais polyglottes ! Vastes Liseuses en quadricolore, les mots s’écrivent devant nos pupilles émerveillées. 

Les couloirs sont d’interminables routes de la soie qui nous (em)mènent dans d’improbables pays, loin du paillasson de notre maison, abandonné pendant quelques jours…

On découvre alors que même notre facteur a les yeux bridés et des accents coréens ou japonais, à moins que cela ne soit du mongolien ? 

Et qu’il vient, non pas à bicyclette mais monté sur un chameau de Bactriane.

Le monde fait son cinéma et l’on voyage, vaille que vaille, coûte que coûte, dans l’émerveillement des découvertes. 

Les fauteuils rouge de la salle de cinéma sont devenus des tapis volants…

                                                   © Laurent BAYART

                                                          16 février 2025

LIVRE / L’IRAN DE DELPHINE MINOUI OU L’ODE A LA FEMME IRANIENNE « BADJENS ».

         Chiraz, en Iran, automne 2022, la révolte « Femme, vie, Liberté ». Une Iranienne escalade une benne à ordures, prête à brûler son foulard en public. D’origine iranienne, Delphine Minoui, grand reporter au Figaro, couvre depuis plus de vingt-cinq ans l’actualité du Proche et Moyen-Orient. Ses ouvrages connaissent un immense succès récompensés notamment par le prix Albert Londres.

Bad-jens, mot à mot, mauvais genre…espiègle ou effrontée. Et il en faut, du courage et de la ténacité à ces femmes pour survivre et braver les nombreux interdits imposés par les mollahs ! Ne serait-ce que montrer sa chevelure qui devient un immense parjure, sinon une provocation : …les cheveux des femmes renferment une étincelle qui aguiche les hommes. Et qu’il faut désormais les couvrir pour nous prémunir d’eux. Et de rajouter plus loin, un zest philosophe et lucide : A l’école et dans la rue, je serai celle qu’on veut que je sois. / A la maison, celle que je veux être.

L’humour est aussi une forme de résistance : Il a cette façon trop cheloue de s’adresser à nous sans nous regarder./ C’est comme s’il parlait à un mur…/…Heureusement qu’elle n’a pas mis ses chaussettes Mickey…Résistance par la musique, l’art, l’envie de s’envoler joyeusement dans l’ultime, le tatouage aussi qui est plus qu’un dessin : un moyen de « se »raconter sur la peau, d’en faire le paysage d’histoires inversées…Quant à la jeunesse, elle pourfend et brave la loi d’airain du grand silence et de l’obscurité : Les jours de soleil, on s’arrête au pied des ruines de Persépolis./ On choisit un coin d’herbe et on se roule des pelles…Ainsi, même les ancêtres et les vestiges sont complices de ces frasquesEt plus avant, ce désir de laisser son corps aller à la fête : Envie de me rappeler que j’ai un corps, d’être sensuelle, de sentir que j’attire, d’être désirable et de désirer…

Est largement évoquée le décès de Mahsa Amini qui est morte parce qu’elle portait un « vêtement inapproprié ». Le chemin reste long et semé d’embûches pour ces femmes courageuses qui savent ce que signifie la liberté. Elles scandent le poème de Tâhereh, (exécutée après s’être dévoilée devant une assemblée d’hommes, 1817-1852) : Si le ciel désire voir mon visage, / Il sortira chaque matin son miroir en or.

                                                               © Laurent BAYART

  • Badjens de Delphine Minoui, Seuil roman, 2024.

LIVRE/ L’AVENTURE QUI VOUS MENE EN BATEAU OU « ANTARCTICA BLUES » DE JENNIFER LESIEUR.

          Épuisée par sa vie parisienne, Jennifer Lesieur, l’auteure (plusieurs biographies à son actif, un Prix Goncourt de la biographie et le prestigieux Jack London !), embarque sur le MS Fram pour une croisière en destination de l’autre bout du monde : l’Antarctique. …l’endroit le plus froid, le plus venteux, le plus sec du globe. Un continent de 14 millions de kilomètres carrés, soit la superficie des Etats-Unis et du Mexique réunis, constitué d’un socle rocheux recouvert par 90% de la glace du globe…/…Si cette glace, d’une épaisseur moyenne de 2300 mètres, fondait, le niveau des océans augmenterait de 60 mètres…Voilà pour ce curriculum présenté en forme de superlatifs impressionnants. 

Nous nous trouvons non loin du passage de Drake et de la Terre de feu, du cap Horn et des Malouines ainsi que de la Géorgie du sud (…l’île est vierge de toute présence humaine, hormis quelques volontaires dans l’ancienne station baleinière de Grytviken. Elle grouille en. Revanche de faune…). Plus loin, faisant toujours référence à cette île, de rajouter, parlant des reliefs qui s’y trouvent : …la Géorgie du Sud est une élévation. Une main divine a dû empoigner un fragment des Alpes et le jeter là, en plein cœur de l’Atlantique Sud.

 Jennifer Lesieur nous conte l’histoire des navigateurs et autres explorateurs qui sont partis en quête d’aventure de l’extrême, dans ce cosmos blanc où l’homme devient une étoile abandonnée à l’infini. Terre où d’intrépides originaux qui n’ont pas…froid aux yeux se lancent dans d’improbables défis comme ce dénommé Pugh qui décide de faire un crawl d’un kilomètre au pôle Nord pour montrer l’ampleur de la fonte accélérée de l’Antarctique…/…Debout sur la banquise, il plonge dans l’océan, vêtu d’un slip de bain, d’un bonnet et de lunettes de piscine. L’eau est à -1,7 degrés….

Voilà un ouvrage passionnant qui nous parle de ces confins qui se trouvent si proches et si méconnus. Voyage au pays des tabulaires (une forme d’icebergs) qui dérivent et font du canoë, façon mastodontes !).  Une terre de paix (pour combien de temps encore ?) : En 1959, 12 nations ont signé un traité établissant l’Antarctique comme « terre de paix et de science ».

Magnifique déambulation dans ces terres de glace où, selon Charcot, celui-ci trouvait les lectures terrestres plus à même de préserver la santé mentale de ses hommes, plutôt que les boites de conserve…Dont acte !

                                                                    © Laurent BAYART

  • Antarctica blues de Jennifer Lesieur, Stock, 2024.

EMMENEZ-MOI AU BOUT DE LA TERRE…

                                             Avec la complicité d’une partition de Jeanine…

          Emmenez-moi au bout de la terre, là où le vent décidera de m’emporter en faisant de moi une curieuse éolienne soumise aux caprices du dieu des vents…Partir et glisser sur les méridiens en enivrante ritournelle. Devenir funambule des fuseaux horaires pour réinventer le monde au gré de mes voyages improvisés. La musique pose ses partitions comme une mappemonde qui prendrait ses aises sur une table et s’étendrait langoureusement à l’image d’un chat.

Peut-être que le vent s’est infiltré dans le soufflet d’un accordéon ? Et voilà le musicien devenu virtuose des pérégrinations ! Ses doigts qui pianotent marchent sur les touches comme sur un chemin.

Le linge qui sèche sur un fil tendu s’acoquine avec les pinces éponymes…afin que les mouchoirs, chemises ou draps ne prennent pas la poudre d’escampette et ne terminent pas dans la grande essoreuse d’un cumulo-nimbus.

Sur le clavier de l’accordéon, un courant d’air a glissé sa fausse note.

Et voilà qu’une clef de sol se prend pour un delta plane, tandis qu’un fa dièze fait du rodéo sur l’échine d’une vache.

Quant aux paroles qui s’envolent, elles ont décidé de faire le tour du monde, avec leurs mots volages, et d’entamer un « Vendée Globe » aérien.

Une partition en plein air, c’est de la musique qui a décidé d’inventer sa salle de spectacle !

Le jardin est devenu un vaste auditorium tout vert…

                                                               © Laurent BAYART

                                              8 février 2025

CINEMAS D’ASIE DE VESOUL / L’IVRESSE DES IMAGES QUI BOUGENT ET NOUS RACONTENT DES EPOPEES EN FORME D’HISTOIRES MAGIQUES…

         Fresques et frasques en version originale sous-titrée dans les steppes des ruelles de la capitale vésulienne où les maisons se sont transformées en yourtes et les ruelles en caravansérails. Mais qui donc a érigé un torii près de la (grande) Motte et posé un kimono au pied du… Sabot ?

Le Festival International des cinémas d’Asie déroule son tapis rouge et ses chameaux de Bactriane devant l’époustouflant paysage de montagnes, de collines et d’herbes folles qui font figure d’aquarelles sur l’écran blanc de projection. Chaque spectateur devient un nomade/ pérégrin qui déambule sur cette route de la soie imaginaire, déroulant ses bobines et autres pellicules pour nous faire rêver en intérieur/nuit et en rails de travelling !

Asie de l’imaginaire et de la création où l’on découvre de nombreuses pépites de réalisations cinématographiques qui enchantent les pupilles des festivaliers.

Et ne pensez pas, amis bourlingueurs, que cette noirceur qui pose son jet d’encre sur la salle est une éclipse solaire, c’est, tout simplement, un film qui va commencer…

Magie de l’image, le générique ouvre le rideau tel Moïse fendant les flots de la mer Rouge…Son bâton n’étant qu’une baguette de chef d’orchestre ou plutôt de réalisateur !

                                                                        © Laurent BAYART

  • 31ème Festival International des Cinémas d’Asie de Vesoul, du 11 au 18 février 2025. 
  • www.cinemas-asie.com
  • Tel 06 84 84 87 46

LIVRE / « CHANT (OU REQUIEM ?) POUR EUROPE » DE PAOLO RUMIZ.

         Né à Trieste en 1947, Paolo Rumiz est considéré comme l’un des plus grands écrivains italiens contemporains.  Je suis tombé par « hasard » sur cet ouvrage, intrigué par le titre, paru récemment intitulé « Chant pour Europe ».

A l’heure où l’Europe (dont le nom proviendrait de l’akkadien Erèbe qui signifie l’ombre, l’endroit où le soleil se couche) se trouve à un moment critique, voire de bascule de son histoire, malmenée par l’actualité et les événements. Cet auteur majeur nous offre une ode sans concession à cette utopie qui semble prendre l’eau, à l’image de ces migrants qui meurent noyés dans leurs frêles embarcations (La Moya, navire centenaire) en voulant rejoindre ce rêve de liberté…

Pour ce faire, l’auteur nous esquisse une vaste fresque à la manière d’une odyssée homérique à sa recherche avec quatre Argonautes qui voguent sur cet esquif légendaire. Et cet écrivain, chantre du drapeau bleu étoilé, rappelle : Il ne connaissait pas d’autres terres capables de réunir le bouleau, le figuier et l’agave, les cathédrales et les refuges alpins, les archipels et les fleuves qui divaguaient, les synagogues, les phares, les minarets. 

Écriture magistrale et plaidoyer vibrant dans lequel, lucide, il martèle : Méfie-toi de l’esprit et des lumières du jour, si trompeurs ; seules les nuits te disent la vérité ». Et l’Italien de faire référence aux camps de réfugiés où à Leros, l’Europe a encore bu la tasse, avec le vent (qui) murmure parmi les buissons. C’est la voie des peuples perdus…/…Jus de fruits, chaussures d’enfant, une ligne avec son hameçon, des couches, des porte-monnaie, un moïse pour nouveau-né…Et plus loin, de rajouter : …et le fantôme d’un ferry s’éloignait de Leros, terminus des peuples.

Paolo Rumiz nous scande l’essentiel en nous remémorant que l’histoire est à l’image de notre vieille Méditerranée, comme un leitmotiv et une répétition sans fin. 

…Mais rappelle-toi : si tu ne veux pas que la mémoire se perde, laisse le vent passer entre les lignes.

                                                                    © Laurent BAYART

  • Chant pour Europe de Paolo Rumiz, Éditions Arthaud, 2024.

NOTRE DAME DES LUCIOLES.

                                            Sur un photo de Rémy Picand,          

De petites lucioles brûlent et dansent, immobiles, dans cette cathédrale devenue l’étoile de la foi, gonfanons de clarté qui brillent dans les ténèbres du cosmos. Lumières qui se jouxtent, se côtoient et caracolent comme des frères. Peut-être, s’agit-il de minuscules âmes sollicitant l’offrande d’une prière ? Que sait-on de l’invisible ?

Elles psalmodient dans le silence un oratorio de cantiques à l’adresse de la Vierge Marie. Soleil et ballerine, Majuscule Madone qui chante la gloire éternelle de son fils sacrifié.

Bougies, chandelles, candélabres, lumignons…qu’importe la flamme, l’essentiel étant la lumière qu’ils transportent jusqu’à nos corps !

A côté, un homme à genou contemple, avec dévotion, le ciel à travers les vitraux de la cathédrale de Notre Dame de Paris.

Un ange passe en lui offrant la lueur d’une espérance : Celui qui espère entendra toujours un cantique dans les grelots du silence…*

                                                               © Laurent BAYART

  • Le Magicien en manteau rouge, Laurent Bayart.

CINQUANTE ANS QUE LES MOTS M’HABITENT ET DANSENT DANS MA TETE (1975-2025).

                                          Sur une photo de René Roesch,

        C’était un jour sans queue ni tête (comme l’aurait dit Jacques Prévert). Cela devait être en septembre 1975, lorsque j’ai commencé à noircir une feuille de papier avec mon imaginaire, sans penser un instant que la route continuerait si longtemps. Et depuis…les mots n’ont jamais cessé de m’habiter et d’émerveiller ma vie en posant des pépites de soleil dans mes pupilles.

Ecrire, comme jeter un seau au fond de soi-même et le remonter, chaque jour, rempli à ras bord de mots de toutes les couleurs qui dansent une bossa nova endiablée en moi.

Merveille de la création qui m’habite depuis tant d’années et trace ma route jusqu’à aujourd’hui. Que serai-je sans ces mots qui sont des viatiques et les vitamines de chaque seconde ? 

Compagnons de chemin qui me font vibrer au diapason des instants que j’invente ainsi.

La lumière que l’on laisse fut aussi le titre d’un de mes ouvrages publié en 2004, mais cette luminosité est restée en moi depuis.

Ecrire, c’est allumer une bougie ou une chandelle qui m’éclaire désormais depuis si longtemps.

Un jeune homme, fou, ébouriffé et insouciant, a glissé sa carte de visite en mon âme de senior.

Son rire espiègle et taquin vibre encore en moi aujourd’hui.

Mes mots sont les siens pour toujours. Vieillir, mystère absolu, car on retourne sur ses pas, tout en avançant…

                                                   © Laurent BAYART

                                                29 janvier 2025

MYSTERE EN BLACK AND WHITE.

          Petite boule de poils noirs, Noëlle en black and white joue les mannequins devant mon appareil photo. La coquine, elle attend que le p’tit t’oiseau sorte de son nid avec le clic ! A moins qu’il ne s’agisse tout simplement d’une souris ? Dans ce cas, gare à elle !

Elle prend la pose, telle une starlette, et me scrute avec ses pupilles pleines de mystère. Que voit-elle derrière ses yeux sibyllins de chatte, un rien sauvageonne ?

Noëlle, abandonnée en forêt et apprivoisée par nous, s’est installée en notre maison devenue une vaste chatière. Désormais, sur le paillasson figure l’effigie d’un félin et quand quelqu’un écrase de son doigt la sonnette, on entend la musique d’un ronronnement et d’un miaou ! 

Même le facteur nous prend pour des originaux, voire de drôles de matous ! Mais, que voulez-vous, nous on aime les félins !

Et, franchement, avouez que le monde est toujours plus beau lorsque c’est un chat qui le regarde avec ses yeux, comme des billes d’enfants taquins qui roulent et roulent jusqu’à nos cœurs.

                                                      © Laurent BAYART

                                             26 janvier 2025