Archives de catégorie : Blog-Notes

LES JOURS S’ENVOLENT AVEC LE VENT ET LES NUAGES…

          Passants, nous glissons tels des nuages sur la terre, à l’image de nos frères de gaze sur le carrelage bleu de l’azur. Nous ne faisons que passer, en transit vers d’autres mondes, d’autres sentes et paysages. Nous avons oublié que nous ne sommes que des nomades…Nous avons perdu à l’esprit que nous filons et déambulons sur un invisible fil, en transit entre deux voies.

Partir, toujours et encore, ailleurs et nulle part dans l’invisible de l’absolu qui s’appelle l’éternité.

Les cimetières ne sont que de vastes tarmacs où nos corps demeurent en partance pour une autre destination.

Un nom gravé sur une étoile dans l’une des milliards et des milliards de voie lactées et autres systèmes solaires qui composent l’univers.

Nos corps sont des bouts de confettis abandonnés dans la grande kermesse de la vie.

                                                               © Laurent BAYART

                                                30 juin 2025

ALBERT STRICKLER OU LA LUMIERE DE L’ETOILE QU’IL NOUS GLISSE COMME UN CHUCHOTEMENT…

         C’est avec une infinie émotion que j’ai lu le dernier opus littéraire de l’ami et frère en littérature qu’était Albert Strickler. Son ultime journal de l’année 2023 est comme un dernier pinceau de lumière qu’il nous adresse d’une étoile si lointaine, désormais disparue et pourtant si proche, vivante et clarteuse.

Adieu à la splendeur constitue une échappée du verbe et de la poésie dans le quotidien qui illumine nos existences. Matutinaux, tous les deux, nous avions entamé une conversation épistolaire par mail, tel un rendez-vous informel dans lequel nous échangions quotidiennement sur l’essentiel et les banalités des jours qui éclairaient nos existences. Albert était un porteur de lumière qu’il reste encore aujourd’hui, malgré sa disparition. Il est ainsi des étoiles dont la clarté continue de parvenir jusqu’à nous, bien après leur disparition…

Dernier volume de cette grande aventure littéraire. Le 7 novembre 2023, Albert a quitté son navire. Pour le lecteur, pour l’ami, c’est une sensation étrange d’avancer à ses côtés au cours d’une année qu’il ne finira pas. Vision prémonitoire, lui qui avait intitulé l’un de ses opus justement Boîter jusqu’au ciel ! Réveillé très tôt, mais dans l’impossibilité de me lever, je contemple la marqueterie de mon plafond comme une constellation de bois, dont je déchiffre les nœuds. Lui qui souffrait le martyr avec une maladie de Lyme qui le…laminait et lui déchirait les articulations : Pauvre de moi ! Je secoue mon tapis de bain par la fenêtre et vois, arrachés par la douleur, s’envoler mes bras. 

Merveille de cette écriture quotidienne qu’il sublime en orpailleur du verbe et des mots. Immensément touché aussi lorsque nous nous revîmes (la dernière fois) à Mundolsheim et qu’il voulut me prendre en photo dans mon jardin…Joie aussi de revoir Laurent Bayart, local de l’étape, et frère en « brinquebalance », qui pointe désormais l’horizon avec sa canne…Appendice devenu indispensable comme un trait d’union vertical qui m’aide à ouvrir ma sente tel Moïse la Mer rouge !

Que d’émotions en relisant cette feuille de route que constitue son journal. Nous nous connaissions depuis les années quatre-vingt en nous découvrant – sur le tard – d’incroyables connivences ! La vie est belle comme le répétait son petit père…

Prémonition ? Le 11 février, Albert écrivait comme un cri en une ultime confidence : Pas seulement au bout du rouleau, mais au bord du précipice. Un pas de plus, et je tombe dans l’abîme.

Non, Albert, tu n’es pas « tombé », mais tu planes désormais dans la plénitude de l’éternité. Ainsi, tu continues de m’adresser quelques missives, désormais en provenance de la boite mail du cosmos et de l’invisible…Mais qu’importe, nous continuons notre indicible et fécond dialogue !

                                                                   © Laurent BAYART

  • Adieu à la splendeur, journal 2023, d’Albert Strickler, Éditions du Tourneciel, Collection le Chant du merle.

CINQUANTE ANS QUE LES MOTS DANSENT ET TOURBILLONNENT EN MOI…

                                            Dans le jardin d’Elisabeth et de Didier, à Betschdorf.

         Le temps joue de la bossa nova en nous, court et file au gré du grand sablier qui égrène la vie. Ecrire demeure un miracle quotidien, une grâce de chaque moment qui reste en moi, après tant et tant d’années…

Les mots comme des cantiques ont semé des graines d’amour et de passion. Qui aurait cru, qu’en commençant à noircir quelques feuillets, j’allais continuer et persévérer pendant plus d’un demi-siècle ?

Dans mes veines coule le sang de la passion qui m’a ouvert au monde et aux découvertes de chaque instant.

Ecrire, une pépite qui a posé son or dans mes pupilles. Et depuis, chaque mot que je rédige est comme de l’eau de source qui sortirait du vivier de mon âme.

Je suis un ruisseau qui, un jour, deviendra rivière pour me jeter inéluctablement dans l’océan du cosmos.

Pour écrire à jamais sur l’échine d’une étoile.

                                                               © Laurent BAYART

                                                27 juin 2025

TANT D’ANNEES A TRIMBALER MES MOTS…

                                                     Sur une photo prise dans le jardin d’Elisabeth et de Didier à Betschdorf.

                  Ils sortent de la boite noire de mon inspiration/respiration et bourlinguent avec moi au fil des années…Cinquante ans de pérégrinations au fil des mots sur les sentes de l’imaginaire que je ne cesse d’arpenter au fil des jours. Qui aurait cru en commençant à noircir le papier au printemps de ma vie ? 

Des livres comme des bornes pour baliser mon chemin, des autels de papier sur la caillasse de ces layons de l’émerveillement. Inspirer/respirer. L’écriture a enchanté ainsi mon quotidien et posé ses étoiles et marque-pages sur l’éphéméride des jours qui passent mais ne filent plus…

Tels des galets peints, mes mots se sont posés sur mon itinéraire comme des bornes kilométriques.

Qui aurait cru continuer et poursuivre cette route ?

Chemin de Compostelle qui s’arrêtera lorsque j’aurais atteint la cathédrale sacrée.

Et là, j’allumerai une bougie et partirai avec elle dans la clarté de l’éternité.

                                                           © Laurent BAYART

                                                 23 juin 2025

ET DANSENT LES BOUTONS DU CLAVIER DE L’ACCORDEON…

                                                            A Fabien Christophel,

          Il fait de la chorégraphie et des entrechats avec ses doigts sur le clavier, boutons de nacre de l’accordéon. Et dansent les notes, pianotent allégrement pour envoyer les sons guillerets avec leurs airs de guinguette. Batifolent et farandolent, les croches en do ré mi fa sol la si do… Elles vont se suspendre à quelques nuages de passage en faisant de petits concertos de partitions volantes. Le soleil apprécie et mouline le tempo avec ses baguettes de rayons. Quel chef d’orchestre ! Le soufflet s’étire ainsi comme un rideau de théâtre, poumons de l’instrument, dit-on…Envoutement de la musique qui remplit nos cœurs de joie et de palpitations de bonheur, en nous rendant la vie plus légère. 

J’aime ces instants échappés à la fuite du temps où mon âme se remplit de sérénité et de quiétude.

Là tout s’arrête. On dirait que l’éternité joue un bal musette, comme si la vie se suspendait à cette boite noire magique…

Nos oreilles sont devenues des coquillages où à la place du bruit des mouettes et de la mer, on peut percevoir le chant, chalutier d’un accordéon…

Le musicien est un marin qui nous fait prendre le large…

                                                      © Laurent BAYART

                                          14 juin 2025

CINQUANTE ANNEES DE CONNIVENCES EN FEUILLEES DE MOTS.

Les mots m’habitent depuis si longtemps que j’en ai presque oublié le jour où ils ont déferlé dans ma vie comme de petits soleils papillonnant dans la plénitude de mes jours. J’aime ce compagnonnage de l’absolu qui m’offre le bonheur de l’instant, me faisant palpiter et jubiler. 

Avec eux, j’ai sillonné les routes de l’imaginaire que je poursuis encore aujourd’hui, me révélant à moi dans d’improbables découvertes.

Les mots m’ont appris à mieux me connaître et m’appréhender. A prendre confiance aussi.

Cinquante ans de connivences journalières.

Qui aurait cru ?

Je n’ai pas de mots pour dire cet indicible besoin d’écrire et de poser mon imaginaire sur une feuille qui n’est jamais restée blanche longtemps…

                                                                        © Laurent BAYART

                                                                                 8 juin 2025

VISAGE QUI GLISSE SUR LE MIROIR.

                                    Sur une photo de Nemorin, alias Erik Vacquier, avec la complicité de Véronique…

         Sur le miroir, mon visage joue les feux follets et glisse sur la paroi à l’infini. Je suis un autre et me scrute curieux et goguenard. Le temps fait des escapades avec nos faciès et nous envoie ses grimaces. Mes yeux sont des billes de lumières qui semblent s’en aller à la quête de l’absolu. Je m’abandonne ainsi au gré du hasard des parois de la glace sur laquelle ma peau patine langoureusement. Je est un autre qui me regarde vaguement amusé.

Qui es-tu toi qui m’observe en lançant les flammèches de l’interrogation?

Puis je m’en vais, m’éclipse et l’écran redevient blanc. Ne reste plus que le paysage.

Et si la mort n’était finalement qu’une surface lisse sur laquelle on cesse de se refléter ?

Pour partir tout simplement de l’autre côté du miroir…

                                                      © Laurent BAYART

                                          4 juin 2025

ALAIN TIGOULET L’AMI PHOTOGRAPHE PARTI POUR UNE BALADE DANS UN ETERNEL PERIGORD DE LUMIERES ET D’ETOILES.

En un petit clic, adagio photographique, Alain s’en est allé, par le grand angle des étoiles et des lumières, pour aller vagabonder dans l’infini du cosmos. Parti pour toujours mais présent à jamais dans l’infini de l’instant, à prendre quelques photos afin d’éterniser nos vies et d’y mettre de l’instantanéité dans le fil d’or de nos éternités. L’objectif est ainsi fixé sur l’absolu en zoom continu.      

Te voilà désormais à te balader dans un Périgord de couleurs et de rencontres impromptues, en ivresse de découvertes et de poésies buissonnières. Salut l’ami ! que j’avais appris à connaître et à apprécier, discret et talentueux orpailleur d’images. Le monde est ainsi cruel pour séparer ceux qui aiment la vie et qui jouent de l’arpège sur les émotions, au fil du temps.

Te voilà désormais hors-cadre, hors-champ et, à jamais, fixé dans une constellation de lumière qui s’étire à l’infini.

Il restera une carte de visite sur les images que tu nous as, élégamment offertes, au fil de tes pérégrinations photographiques.

Merci Alain ! Adieu ou au revoir…Qui sait ? Le temps, pour toi, ne passera et ne filera plus…

Te voilà désormais comme une étoile accrochée au cosmos afin d’éclairer le chemin de ceux qui aiment les images qui parlent à l’âme.

                                                           © Laurent BAYART

LE BONHEUR EST SI PRES… ET DANS LES PRES.

                             Avec la complicité d’Alphonse,

              Le bonheur est dans les prés. Se coucher sur la moquette d’herbes folles et de pâquerettes qui jouent du stradivarius sur le damier du sol ; bonheur à savourer et à consommer sans modération. Je me délecte de ces instants de communion avec la terre. Quelques fourmis me demandent ce que je fais là ? -Eh ben, je prends la tension de la terre, son pouls et ses pulsations ! Je sens l’infiniment petit qui joue du tango sur mon corps. Jubilation de ces chatouillis d’herbes et symphonie de verdure. Me mettre au diapason de la planète et m’inventer mille vibrations dans les ondes de l’infini. Des étoiles glissent sur moi. Je me transforme en coccinelle, en hanneton, en libellule ou en simple moucheron. Qu’importe ! 

Je suis en harmonie et c’est bien l’essentiel.

Le bonheur est dans les prés. 

Des pâquerettes taquines et espiègles ont posé leurs diadèmes blancs sur ma tête de petit garçon en fleur.

                                                   © Laurent BAYART

                                                            24 mai 2025

AVANCER EN DUO AVEC UNE CANNE DE MAGICIEN…

                            A Véronique, Quarante-quatre années d’un serment tous les jours renouvelés…

              Les jours filent et nous parlent à chaque instant…Le temps passe, mais il reste la liturgie de cet amour qui remplit nos âmes de l’ivresse féconde d’être ensemble. Tant de vies se dénouent autour de nous, tant de tempêtes et de vagues déferlantes sur les bonheurs du quotidien, tant de blessures viennent frapper nos amis et nos proches…alors, se tenir la main toujours et encore au fil des jours, est comme une aubade qui nous enchante de sa cantate. 

Savourer la seconde car elle s’en va déjà, se défile et s’évapore derrière le miroir…

Nous n’avons plus besoin de mots et de paroles pour psalmodier nos dialogues.

L’essentiel nous habite pour l’éternité.

Demain, nous continuerons de marcher, brinquebalants comme des apostrophes sans syntaxe, mais nous serons debout à l’image de i sans point final au-dessus de leurs têtes.

                                                   © Laurent BAYART

                                                23 mai 2025