Archives de catégorie : Blog-Notes

UNE PETITE BOULE D’OR EN PLUS SUR LE GRAND BOULIER ARITHMETIQUE DE LA VIE.

A toi, Véronique.

          Le temps nous entraîne dans son maelström qu’on le veuille ou non, il nous bouscule, chahute, tourneboule mais nous enchante aussi, au gré de cette ronde folle de la vie. Je t’aime encore et toujours comme à nos premières étreintes de notes et autres rendez-vous. La partition continue à distiller sa tendre musique toujours en nous… N’est-ce pas l’essentiel ? Les instants ont glissé contre vents et marées, houles et soleil, ressacs et tempêtes, mer d’huile et rouleaux de vagues déferlantes. A deux, telle une conjugaison qui se déclinerait par tous les temps…Aimer, le seul verbe qui restera dans notre grammaire et autre vocabulaire. 

C’était hier que nous avons lié nos existences sur ce banc de la Place de la République à Strasbourg. Toi, fluette infirmière et moi jeune agent de la Préfecture.

Depuis le temps s’est arrêté. Notre rendez-vous s’est fixé à jamais dans l’agenda des jours qui passent. Ce banc est devenu un sanctuaire…

Ensemble nous avons suspendu les secondes pour y poser des paillettes d’or. Nous étions loin d’imaginer alors le chemin que nous allions prendre…Notre Compostelle amoureux.

Et sur ce banc, je t’attends toujours et encore, et te retrouve chaque jour.

© Laurent BAYART

                                                                                 27 mars 2024

LES SOURIRES ROUMAINS OU LE LIMON FERTILE DU DANUBE.

                                            A Carmen, Iarina et George, ainsi qu’aux absents, Anastasia et Eric Baude,

                   Le Danube a jeté son limon fertile sur les bords de la Souffel à Mundolsheim. Rives enchantées des sourires roumains qui viennent esquisser des chemins et autres méandres de joie sur les visages amis. Retrouvailles des bateliers de ce fleuve mythique et magique au diapason du Rhin. Oiseaux traversiers qui sont venus, via les sentes de ses eaux, en oiseaux migrateurs, jusqu’aux rives de l’Atlantique en passant par notre maison bleue sise en Alsace. Se retrouver après ce voyage comme une route de la soie qui traverserait l’Europe, via le chemin du fleuve, jusqu’à la mer Noire et son delta si prolifique. Là, les cigognes blanches, les pélicans, les hérons Pourpré ou cendré déambulent et s’affûtent telles des notes sur une partition liquide. Jubilation de se retrouver en passant par Vienne, l’ancienne capitale d’une ancestrale Mitteleuropa, où les échassiers se mettent à danser sur le parquet bien ciré d’un azur bleuté. 

Symphonie où le monde devient si beau grâce aux amis qui viennent faire de la chorégraphie sur nos cœurs et faire chanter nos âmes avec les hautbois et le violoncelle des oiseaux-voyageurs.

J’aime ces moments où l’on accoste aux rives du Danube pour repartir toujours et encore vers d’autres confins, à l’image de nos destinées.

L’amitié est un long fleuve paisible qui traverse le temps pour faire de nous des pêcheurs et des matelots venant se ressourcer dans l’éternelle genèse de nos fraternités.

                                                                        Laurent BAYART

                                                                           23 mars 2024

PARTIR PAR LA GRANDE PORTE DU GANGE…

                                                              Sur une photo de Némorin, alias Erik Vacquier.

          Les fleuves nous emmènent dans les méandres et limons de l’éternité. Leurs éléments liquides coulent et s’écoulent vers l’océan où la vie se jette dans l’immensité du cosmos bleu de l’eau. Nos corps plongent et deviennent fétus de pailles, feuilles ballotées par les courants et brindilles de bois comme des cédilles et autres accentuations végétales. Le temps passe au rythme de cet encrier qui se déverse dans les ondes de ce Gange, mère de tous les fleuves, qui nous promet la rédemption et l’éternité. Nous déambulons, ballotés par les inspirations fluviales vers des nirvanas qui attisent notre imaginaire.

Se glisser dans l’eau et se laisser emporter.

Quelques poissons en anges gardiens veillent à notre improbable cheminement.

Eau bienfaitrice et matriarcale qui nous verse dans le grand baptistère. La mort se déguise en naissance et prend sa source dans cet Himalaya si près des étoiles.

Dieu, tel un nautonier, nous donne rendez-vous sur sa pirogue.

Et le temps s’arrête à jamais.

                                                                        © Laurent BAYART

                                                                            19 mars 2024

LA RONDE DES MOTS ET DES LIVRES SOUS LE TALISMAN DE L’AMITIE.

                                            A notre café littéraire, Brigitte et Rémi, Patricia et Véronique.

          Les mots dansent sur des coins de table et les livres se mettent à la page dans ces moments de partage intense. Gourmandises de vocabulaires et d’histoires, trames de récits, narrations en odyssées déjantées et autres palpitations de l’histoire. Coups de cœur à l’heure du café. Et pendant que l’un présente son ouvrage de chevet, les croissants viennent danser une bossa nova endiablée sur nos papilles qui virevoltent de bonheur, papillons se délectant de pollen ! quand ce ne sont pas des morceaux de fromage, de jambons et ivresses gustatives de pains croustillants…La littérature est en goguette à l’aune du petit déjeuner ! L’amitié constitue une rencontre de fraternité qui nous offre la sérénité de se retrouver régulièrement. Rendez-vous des connivences, café philosophique et discussions à bâtons rompus comme si nous marchions ensemble sur un chemin de Compostelle parsemé des coquillages de la syntaxe, de phrases et de verbes aux mille saveurs et couleurs. Nous aimons tant ces instants précieux où le temps s’arrête, coincé entre une assiette, un verre, une tasse et un livre grand ouvert…comme l’évangile du jour  récité dans le réfectoire d’un couvent.

Magie de ces retrouvailles où chacun devient le messager et avocat d’un livre à découvrir, croquer et déguster.

Petite académie, divin aréopage où dans l’agenda de chacun se fixe en lettres d’or ce précieux rendez-vous, tel un marque-page que l’on calerait entre les feuillets/fougères pour ne pas perdre la route et s’égarer sur la sente.

Les mots sont de petits cailloux semés en chemin qui nous ouvrent la voie. Abécédaire et grammaire de cette jubilation de découvrir à chaque instant que la route n’est jamais aussi belle que lorsque nous cheminons ensemble.

                                                                        © Laurent BAYART

                                                                                 15 mars 2024

MON JARDIN SOURIT A CEUX QUI PASSENT…

                                                                  A Victor, de passage…

            Pépites des rencontres impromptues en commençant doucement à apprêter mon jardin-potager après son (léger) endormissement hivernal. Une maman et son petit bicycliste, de trois petites rainettes, s’arrêtent devant ma « terra incognita » pour regarder Bécassine, mon épouvantail, comme un phare dominant les embruns et faisant face à l’océan de terre, largement parsemé de foin qui ressemble à des vagues blondes en rouleaux, chevauchant la mer de glèbe. La maman me confiant qu’« il » (Victor, son fistounet) « aime beaucoup regarder votre épouvantail ! » Et voilà que nous entrons dans l’improvisation d’une conversation bien « terre-à-terre », entrecoupée par les passages de trains fusant sur la voie ferrée (Nous habitons en face !), rajoutant « qu’« il » (toujours Victor) adore observer les trains ! » Et le petiot, échappant à la vigilance de sa maman, partit à toute berzingue, via le trottoir en direction des quais !

Étrange et émouvante attirance des enfants vis-à-vis des trains qui symbolisent la partance et les voyages, mais aussi des jardins qui représentent la nature, l’espace et l’évasion aussi, mais en mode sédentaire…Les deux n’étant -finalement- pas antinomiques. Belle conversation entre gens qui ne se connaissent pas grâce au trait d’union d’un potager et sous l’œil complice de Bécassine…

Le monde n’est jamais (décidément) aussi beau que quand on l’aime !

                                                               © Laurent BAYART

                                                11 mars 2024

LE BATELIER DU DANUBE DORT SUR LE PONTEAU…

                                    Pour Eric Baude, Sur une photo de Carmen Andreï, chez elle à Galati, avec vue sur le Danube…

                  Le Danube, tel un félin nonchalant, déambule au fil des paysages roumains de Galati, ancienne cité de Galatz. Des monts et des plaines se profilent à l’horizon en steppes de l’infini. Triangle des enchantements et carrefours des routes maritimes et fluviales. L’eau, langoureuse, s’écoule et laisse caresser l’onde de son râble par la coque des bateaux aux milles pavillons pavoisés. Ils s’en vont baguenauder jusqu’à la mer Noire, via le Delta. Magique Danube qui nous ensorcelle de sa grâce et de sa divine beauté. Ivresse de ce chant muet qui ravit et illumine notre âme de ses pépites d’eaux majestueuses. Des sirènes psalmodient la complainte et le cantique du fleuve dans le bréviaire des étoiles. Dieu a dû imaginer un paradis dans l’andante de ses rives. Les fées et les ondines, tels des bateliers, protègent ses berges et des gladiateurs armés de rets que sont les pêcheurs. De sa tour de guet, un chat jonché sur la tourelle de la hune d’un bateau observe le ballet des oiseaux/navires qui glissent sur le fleuve comme sur l’azur du ciel. 

Long filament limoneux, à l’image d’une clepsydre, le Danube offre au temps qui passe une aubade d’éternité.

Les pendules se figent dans leur cadran et les chats se délectent à regarder le fleuve ondoyer en caressant, de leurs vibrisses, le gouvernail des esquifs…

                                                               © Laurent BAYART

                                                                        8 mars 2024

LES YEUX DES ARBRES SONT NOS BALISES SUR LES SENTIERS…

                                             Sur une photo de René Roesch,

          Dans la forêt, j’ai senti leurs pupilles en écorce m’observer avec bienveillance. Me dévisager ? Regarder à l’intérieur de mon cœur et m’ausculter l’âme. Tel un scan en train de m’analyser et de me cartographier. Malaise du promeneur qui se sent contemplé… Je marchais sous le regard curieux des arbres et de leurs iris grands ouverts se mettant au diapason de mes pas. Chacun prévenant l’autre de la venue d’un visiteur/pérégrin en quête de sente pour aller jusqu’à Compostelle ? Qui sait ? Mais, il n’y avait pas de coquillages pour m’indiquer le chemin ! Juste des épicéas et des fougères, comme des cierges, illuminant ma route de caillasses et d’aiguilles de sapins. Je marchais en sifflant, l’aventure en bandoulière, en essayant de laisser derrière moi le tapis moussu de mon paillasson et le coquillage de ma maison.

Partir, comme une goulée de kilomètres où les bornes seraient des flacons d’alcool.

Ivresse de ces instants où de mes paupières sortent des oiseaux de couleurs qui viennent se fixer aux branches des arbres.

Pour ne cesser de me regarder…Les yeux dans les yeux.

                                                                  © Laurent BAYART

                                                 3 mars 2024

CHARS, CANONS ET AUTRES CHENILLARDS DE GUERRE, RESTEZ SVP… DANS VOS MUSEES !

                               Avec la complicité d’Alphonse, au MM Park de La Wantzenau,

          L’histoire ne cesse d’esquisser sa sombre chorégraphie jaillissant des tréfonds du passé pour venir faire des chiquenaudes aux enfants du Vingt et unième siècle… Les tempêtes et les dévastations impriment leurs cicatrices dans les musées où le récit de leurs dévastations chantent leurs funestes liturgies. Livres d’histoire comme des grimoires où dorment les êtres humains qui se sont évaporés dans les cimetières où la vie bafouille pour l’éternité. Les bruits de bottes rejaillissent pour abasourdir les oreilles des adultes et des enfants. « Plus jamais ça ! » scandait-on encore, il n’y a pas si longtemps. Et voici que les vieux démons (re)sortent de leur boites de Pandore, malgré les ressorts rouillés des vieilles sorcelleries. Le kaki n’est pas que le fruit du plaqueminier, mais aussi une couleur qui habille et colore les hommes en soldats…et éloignent les enfants de leurs mères et de leurs chaumières en quête d’hypothétiques…chimères !

De nouveaux tsunamis menacent le monde mais, parfois, une aile de colombe ou la caresse d’un ange peut éviter l’embrasement.

Il suffit d’y croire et demain, le canon tendu sera enrayé par les poussières de l’amour.

Baiser de paix pour un monde enfin apaisé. 

Rien n’est encore écrit si ce n’est la marche que l’on rédige avec nos semelles pour aller tendre la main vers l’autre.

L’avenir est une plume que la colombe a laissé sur son passage.

                                                               © Laurent BAYART

                                                2 mars 2024

LA PISTE CYCLOPE/CYCLABLE EST SI BELLE…

                                             Sur une photo d’Alain Tigoulet,

          Elle semble avoir inventé le vélo, en tout cas l’attendre avec impatience…cette si belle piste cyclable au goudron bordeau, avec ses bornes inspirées que sont ces arbres qui sillonnent les accotement et tendent leurs branches/biceps vers les nuées. La piste est belle comme une petite route de la soie où les cyclistes, tels les cyclopes de l’Odyssée, en casques profilés de cosmonautes pourraient imaginer des suées vers l’imaginaire des voyages. Aller jusqu’à une échappée belle et rebelle en chambre à air à travers les steppes de l’Eurasie. Jusqu’aux tréfonds de cette finitude où se pose le butoir de l’horizon. La piste cyclable offre son tapis de bitume pour y recueillir la confidence des jantes et le glissement de la gomme des pneus.

J’ai les pieds qui fourmillent de mille vibrations en admirant cette piste qui est comme une invite à la partance.

Ma bicyclette piaffe d’impatience en poussant des hurlements de cheval sauvage.

Partir, c’est une manière de se mettre en piste, de pousser et de chahuter les étoiles sur la voie lactée.

Et, le soleil dans la musette me chante le cantique des prochaines rencontres.

Celles qui font grandir l’âme.

                                                      © Laurent BAYART

                                           28 février 2024

ATTENDRE ET PARTIR LENTEMENT…

                                    Sur une photo (Inde) de Némorin, alias Erik Vacquier.

          La vie n’a jamais cessé de poser la limaille de ses chaînes, le lierre de l’habitude et de rouiller nos articulations ankylosées. Regarder vers le lointain telle une inaccessible chimère en forme de terra incognita. Besoin de partir, de prendre la poudre d’escampette et de mettre les bouts, mais il y a les mais…qui nous retiennent inexorablement à ces existences de barreaux de chaise. Et puis, un jour, un train s’arrête sur un quai, un avion se pose sur un tarmac, une voilier accoste sur la jetée d’un port, une automobiles suspend sa course et s’arrête au ras d’un trottoir, un vélo vous aborde avec sa chambre à air, une main se tend vers vous…

Suspendre son regard tendu sur l’horizon et s’en aller enfin. Les plus beaux voyages sont ceux que l’on n’avait ni cartographié, programmé et même imaginé.

S’en aller en emportant l’anneau de votre chaîne comme l’alliance d’un nouveau départ.

La destination ? Elle demeure illisible sur le billet qui n’est pas encore imprimé.

D’ailleurs, l’agence de voyage est aussi immense que votre âme qui respire les effluves des étoiles et de la voie lactée.

Partir si loin que l’on ne sait même pas par quelle sente revenir.

                                                               © Laurent BAYART

                                                26 février 2024