Habitué des plateaux télé, polémiste et pourfendeur de l’uniformisation du monde, à l’heure de l’Intelligence Artificielle, Philippe de Villiers (de son vrai nom Philippe Marie Jean Joseph Le Jolis de Villiers de Saintignon), créateur éclairé du fameux spectacle son et lumière du Puy du Fou, mais aussi (on le sait moins) à la genèse du mythique Vendée Globe, nous offre un vibrant plaidoyer et un véritable chant d’amour à l’adresse son pays qui se délite, selon lui.
Écriture à coups de rapière qu’il assène avec talent et lucidité. Ancien secrétaire d’état à la culture, président de département, député, ministre…homme politique controversé (il avait fait, à l’époque, l’éloge de Poutine), il aime son pays d’un amour immodéré et souhaiterait qu’il retrouve son lustre : La résistance au mémoricide passe par les retrouvailles avec nos lignées, notre langue, nos frontières, notre mémoire commune, notre art de vivre.
Plus loin, il assène avec lucidité et passion : Aux Français, on ne peut souhaiter qu’une seule chose : de tomber amoureux et d’échapper aux censeurs qui voudraient leur donner à habiter une planète défrancisées. Tombez amoureux de la France. Une nation, c’est un lien amoureux. Moi, je suis tombé amoureux de la France…Peu d’homme politique nous offre pareille déclaration d’amour ! Caustique éclairé, le Vendéen lance des pics avec un certain sens de la formule : Nous sommes dans un temps où l’on ne doit dépenser le mépris qu’avec économie, vu le grand nombre de nécessiteux. Lyrique aussi lorsqu’il évoque sa chère Vendée : A chaque aube, la nature dressait son festin. C’était un hymne à la Vendée pastorale, flamboyante, processionnelle, exubérante. J’écoutais, extatique, un chardonneret, qu’on appelait le « Mozart des cimes …Sublime aussi lorsqu’il fait référence au Mont-Saint-Michel : On y grimpe avec son âme.
Plus loin, cet homme des Lumières fustige avec justesse : On a quitté, depuis longtemps, le café Procope, le champ de la controverse, l’échange des mots et des saillies de l’esprit germanopratin. On ne discute plus, on frappe. On n’argumente plus, on disqualifie. Élégamment pamphlétaire, De Villiers distille ses impressions, ses humeurs, ses points de vue et autres analyses. Autant vous dire qu’il n’a guère apprécié aussi la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques à Paris, seule Céline Dion s’en sortant du haut de la Tour Eiffel…
Iconoclaste, il nous affirme que l’idée européenne est donc née outre-Atlantique, dans le Bureau ovale. C’est une idée américaine. Jean Monnet n’en a pas été l’inspirateur, il en a été l’agent. Il aura passé toute la seconde guerre mondiale en Amérique. Avec un statut de banquier d’affaires. Il participe aux réunions les plus secrètes du cabinet Roosevelt. Il en deviendra l’ombre portée en Europe…Et plus loin, il en rajoute une couche : …puis je lui ai demandé qui était le père de l’Europe. Il m’a confirmé que cette expression de « père fondateur » venait là encore des Etats-Unis, en référence à la Constitution américaine…et de déboulonner encore quelques statues et statuts, dont l’icône Robert Schumann ! On reste perplexe et surpris…
Ce Vendéen passe tout le monde à l’aspirateur, sinon à la Moulinex !
Pour conclure, il fait référence à cette France qui résiste, en nous remémorant un fait divers qui s’est déroulé le 8 juin 2023. A Annecy : quatre enfants et deux adultes sont grièvement blessés après une attaque au couteau par un réfugié syrien. Face à l’assaillant se dresse celui qu’on va surnommer le héros au sac à dos. Il s’appelle Henri, il est diplômé de philosophie. Il est présent sur le chemin du criminel alors qu’il effectuait un tour de France des cathédrales. L’auteur de ce livre l’a rencontré et lui a demandé d’où vient cette délibération intime ?(Cet acte de s’interposer face à l’assassin) – De mon pèlerinage au cœur de la France des Cathédrales. Je sens vibrer en lui une France des Hautes voûtes gothiques.
Une belle conclusion et un sublime acte de foi et d’amour. Philippe de Villiers rend un hommage appuyé à cette France qui donne de l’espérance par cet amour de l’autre qui lui fait côtoyer les étoiles, sinon les flèches des cathédrales.
© Laurent BAYART
- Mémoricide de Philippe de Villiers, Fayard 2024.
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