Archives de catégorie : Blog-Notes

LES ENFANTS TRACENT LA LIGNE DU CHEMIN…

                            A Jules, Alphonse, Camille et Gustave,

sur une photo de Marie Bayart.

        Ce n’est pas vous qui courez sur le chemin mais lui, tapis volant de caillasses et de terre, qui semble s’accrocher à vos semelles. Ivresse et bonheur de s’en aller à la quête de l’horizon. Bonheur de l’instant, échappée forestière où les arbres, pins sylvestres ou chênes pédonculés ressemblent à des candélabres éclairant votre sente.

Comme si vous vouliez inventer et imaginer l’avenir ensemble, comme si vous aviez le pouvoir magique de changer le monde. Il suffit d’y croire ! Frères de lumière pour enchanter nos existences.

Les enfants sont des magiciens dont on sous-estime la puissance.

Votre baguette de prestigiditateurs est constituée d’une branche d’arbre qui sème des étoiles sur votre route.

Grâce à vous, nous portons encore dans nos âmes la folie de croire en demain.

                                                      © Laurent BAYART

                                                     2 mai 2025

POURSUIVRE LE CHEMIN ET CONTINUER LA ROUTE…

                                             A la mémoire d’Isabelle Fauvelle,

          Le temps passe et file, nous entraînant dans la poussière des sentes, les embruns des vagues et les ronciers des chemins creux. Vagabonder dans l’éphémère, en sachant que nous ne sommes que des ombres fugaces que le soleil abandonnera un jour.  Devenu hors-jeu et glisser dans cet ailleurs parsemé d’étoiles et de petits lutins de novae.

Nous partirons, nous aussi, un jour qu’il ne nous appartient pas de connaître. Peut-être que nos destinées sont fixées à jamais dans les lignes des paumes de la main ? Qui sait ? Mais nous ne savons pas, ou si peu, déchiffrer les cartes et portulans des mystères de la vie…

Plusieurs s’en sont déjà allés. Que sont mes amis devenus…/ Je crois que le vent les a ôtés… nous psalmodiait Rutebeuf.

Nous sommes de passage mais nous pensons demeurer toujours dans l’instant. En effet, comment s’imaginer s’évaporer et s’envoler pour toujours ?

Salut à toi l’amie déjà partie…Bien trop tôt ! Pour ce Cap Nord qui se trouve désormais au paradis !

Le temps nous entraîne dans ses lamentos mais il s’arrête pour toujours. C’est l’infini de la camarde.

Et si la vie commençait finalement de l’autre côté ?

                                                                    © Laurent BAYART

                                                                             28 avril 2025

NOUS IRONS ENSEMBLE JUSQU’AU BOUT DU CHEMIN…

                                                                A Véronique, avec le Mont Saint-Michel juste derrière nous…

        Le temps a posé son lierre et ses chardons en nous, et un peu de liqueur d’orties dans les entrelacs de nos veines, mais nous poursuivons, vaille que vaille, notre chemin…En semelles de vent et en brinquelant, nous continuons à poser nos pas devant nous. Notre marche en duo constitue le tempo de notre amour, même si la sente a parfois été (par)semée d’embuches, escarpée et pétrie d’ornières. Mais qu’importe, après tout, si notre chemin de Compostelle aboutit à cette cathédrale qui pulse dans nos cœurs et fait chanter nos âmes. C’est l’essentiel, non ?

Continuer à glisser nos pas ensemble comme un arpège sur la feuille de route d’une partition.

Et demain, lorsque nous arriverons au butoir de ces confins, nous demanderons à nos âmes de nous tailler la route.

Deux étoiles côte-à-côté, comme Tristan et Yseult ou Roméo et Juliette.

La Sainte Vierge nous tendra les bras et nous montrera, à jamais, la marche à suivre…

© Laurent BAYART

                                                        26 avril 2025

MON ARBRE QUI POUSSE EN MOI COMME UNE AME SŒUR…

                                             Avec la complicité d’Alphonse,

          Un jour, j’ai rêvé d’être un arbre. Je me trouvais dans mon jardin, lorsque les branches d’un pommier se sont mises à me chuchoter quelques ineffables paroles que des mésanges et autres merles m’ont rapportées jusqu’à la conque de mes oreilles…

Ainsi, les arbres parlent aussi ! Le monde végétal papote et converse avec nous ! Il suffit de lui prêter l’oreille, de l’entendre et mieux encore, de l’écouter !

Paroles tirées par les cheveux des racines et par les bras tendus de leurs branches qui sont, comme des offrandes et autres prières offertes au ciel qu’ils ne cessent de côtoyer.

Les arbres sont nos frères, sinon nos amis.

Dans mon jardin, je me trouve ainsi à genou comme dans une cathédrale à ciel ouvert, dans cette connivence étoilée où le monde végétal pose sa prière qui fait chanter mon âme. Rendez-vous quotidien des fraternités partagées.

Mon arbre est comme un cierge dont la flamme est portée par le soleil.

                                                                  © Laurent BAYART

                                                    23 avril 2025

LIVRE / LES SUBLIMES « IMPROMPTUS » D’ANDRE COMTE-SPONVILLE.

         Je ne suis guère un aficionado de la philosophie, mais, force est de constater que l’ouvrage d’André Comte-Sponville m’a enthousiasmé par son écriture et sa pensée fluides et limpides. Cet ouvrage, intitulé La clé des champs et autres impromptus, est composé d’une douzaine d’articles rassemblés et qui entrent dans la série que l’auteur définit, faisant référence à Schubert, comme des impromptus : textes brefs, résolument subjectifs, écrits sur le champ et sans préparation ».

Digression sur l’euthanasie qui signifie, étymologiquement, en grec une bonne mort. Plus loin, le philosophe nous assène que l’optimisme est un devoir, parce que si nous voulons changer le monde, il faut croire d’abord que c’est possible. André Comte-Sponville nous offre des textes passionnants qui captent l’attention du lecteur. Ainsi, nous confie-t-il aussi que :  le désespoir, lorsqu’il est tonique, peut devenir un remède, parfois contre l’angoisse et la déception…/…Cela explique que les pessimistes ne se suicident que rarement… La mort de l’enfant reste la suprême injustice (il a « perdu » un bébé de six semaines…) : …Mais mourir sans avoir vécu, ou presque ? Cela semble aller contre la logique, contre la morale, contre la vie même. Il rajoute, magistral et lucide qu’être mère ou père, c’est la seule sainteté dont nous soyons ordinairement capables. 

Il y a beaucoup d’empathie et d’humanité dans son écriture, notamment lorsqu’il affirme : …le handicap, même sévère, n’est qu’une forme de normalité. Encore faut-il l’habiter, du mieux qu’on peut…Plus légère et littéraire la digression sur Athos, l’un des trois mousquetaires. Pastichant aussi la célèbre affirmation de Jacque Séguéla : A 50 ans, si on n’a pas une Rolex, c’est qu’on a raté sa vie. Je dirais plutôt, en forme de boutade et pour mon propre usage : A 70 ans, si tu as encore peur de la mort, c’est que tu as raté ta vie.

Très belle affirmation et lucidité aussi : Heureuse ou malheureuse, on ne se remet jamais de son enfance, on fait avec, on la pousse devant soi, en effet, et c’est ce qu’on appelle grandir.

Magnifique et sublime dernier texte consacré à sa maman. Plein d’amour, de pudeur et de compassion pour cette femme, désespérée, malheureuse et alcoolique, qui se suicida… : l’alcoolisme, chez elle, n’est qu’un symptôme, pas du tout la cause…Et plus loin, cette magnifique confession en forme d’amour : J’aurais tout donné, les premiers jours, pour la revoir ne serait-ce que dix minutes, juste le temps de lui dire à quel point je l’avais aimée, à quel point je l’aimais encore.

Quelle belle conclusion et preuve de l’immensité de l’amour d’un enfant, devenu adulte et senior puis orfèvre philosophe, à sa mère fracassée : Va au bout de tes rêves, ma petite maman chérie : réveille-toi !

Un livre magique et magnifique dont on ne sort pas indemne !

                                                               © Laurent BAYART

  • La clé des champs et autres impromptus d’André Comte-Sponville, PUF, 2023.

LIVRE « MEMORICIDE » OU PHILIPPE DE VILLERS LE BRETTEUR VENDEEN.

         Habitué des plateaux télé, polémiste et pourfendeur de l’uniformisation du monde, à l’heure de l’Intelligence Artificielle, Philippe de Villiers (de son vrai nom Philippe Marie Jean Joseph Le Jolis de Villiers de Saintignon), créateur éclairé du fameux spectacle son et lumière du Puy du Fou, mais aussi (on le sait moins) à la genèse du mythique Vendée Globe, nous offre un vibrant plaidoyer et un véritable chant d’amour à l’adresse son pays qui se délite, selon lui.

Écriture à coups de rapière qu’il assène avec talent et lucidité. Ancien secrétaire d’état à la culture, président de département, député, ministre…homme politique controversé (il avait fait, à l’époque, l’éloge de Poutine), il aime son pays d’un amour immodéré et souhaiterait qu’il retrouve son lustre : La résistance au mémoricide passe par les retrouvailles avec nos lignées, notre langue, nos frontières, notre mémoire commune, notre art de vivre.

Plus loin, il assène avec lucidité et passion : Aux Français, on ne peut souhaiter qu’une seule chose : de tomber amoureux et d’échapper aux censeurs qui voudraient leur donner à habiter une planète défrancisées. Tombez amoureux de la France. Une nation, c’est un lien amoureux. Moi, je suis tombé amoureux de la France…Peu d’homme politique nous offre pareille déclaration d’amour ! Caustique éclairé, le Vendéen lance des pics avec un certain sens de la formule : Nous sommes dans un temps où l’on ne doit dépenser le mépris qu’avec économie, vu le grand nombre de nécessiteux. Lyrique aussi lorsqu’il évoque sa chère Vendée : A chaque aube, la nature dressait son festin. C’était un hymne à la Vendée pastorale, flamboyante, processionnelle, exubérante. J’écoutais, extatique, un chardonneret, qu’on appelait le « Mozart des cimes …Sublime aussi lorsqu’il fait référence au Mont-Saint-Michel : On y grimpe avec son âme.

Plus loin, cet homme des Lumières fustige avec justesse : On a quitté, depuis longtemps, le café Procope, le champ de la controverse, l’échange des mots et des saillies de l’esprit germanopratin. On ne discute plus, on frappe. On n’argumente plus, on disqualifie. Élégamment pamphlétaire, De Villiers distille ses impressions, ses humeurs, ses points de vue et autres analyses. Autant vous dire qu’il n’a guère apprécié aussi la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques à Paris, seule Céline Dion s’en sortant du haut de la Tour Eiffel…

Iconoclaste, il nous affirme que l’idée européenne est donc née outre-Atlantique, dans le Bureau ovale. C’est une idée américaine. Jean Monnet n’en a pas été l’inspirateur, il en a été l’agent. Il aura passé toute la seconde guerre mondiale en Amérique. Avec un statut de banquier d’affaires. Il participe aux réunions les plus secrètes du cabinet Roosevelt. Il en deviendra l’ombre portée en Europe…Et plus loin, il en rajoute une couche : …puis je lui ai demandé qui était le père de l’Europe. Il m’a confirmé que cette expression de « père fondateur » venait là encore des Etats-Unis, en référence à la Constitution américaine…et de déboulonner encore quelques statues et statuts, dont l’icône Robert Schumann ! On reste perplexe et surpris…

Ce Vendéen passe tout le monde à l’aspirateur, sinon à la Moulinex ! 

Pour conclure, il fait référence à cette France qui résiste, en nous remémorant un fait divers qui s’est déroulé le 8 juin 2023. A Annecy : quatre enfants et deux adultes sont grièvement blessés après une attaque au couteau par un réfugié syrien. Face à l’assaillant se dresse celui qu’on va surnommer le héros au sac à dos. Il s’appelle Henri, il est diplômé de philosophie. Il est présent sur le chemin du criminel alors qu’il effectuait un tour de France des cathédrales. L’auteur de ce livre l’a rencontré et lui a demandé d’où vient cette délibération intime ?(Cet acte de s’interposer face à l’assassin) – De mon pèlerinage au cœur de la France des Cathédrales. Je sens vibrer en lui une France des Hautes voûtes gothiques. 

Une belle conclusion et un sublime acte de foi et d’amour. Philippe de Villiers rend un hommage appuyé à cette France qui donne de l’espérance par cet amour de l’autre qui lui fait côtoyer les étoiles, sinon les flèches des cathédrales.

                                                                        © Laurent BAYART

  • Mémoricide de Philippe de Villiers, Fayard 2024.

MON AME A TROUVE LE CHEMIN DE CETTE CATHEDRALE.

         Je n’ai finalement pas eu besoin de chercher une coquille pour me mettre en route. La sente s’est ouverte comme le bâton de Moïse fendant les vagues et les flots de la mer. Ma canne a suffi. Je suis parti en cette quête intérieure tel un pèlerinage et j’ai trouvé mon propre chemin de Compostelle. Saint Jacques m’a aidé et indiqué la direction à suivre. Nul besoin de déplier cartes et boussoles. Les étoiles en mon corps m’ont chuchoté la marche à suivre…

Mes Pyrénées à moi se sont dressées comme d’infranchissables pics. 

Parfois, sur les chemins, il n’est pas forcément nécessaire de marcher…il suffit d’être pèlerin dans l’âme et de se laisser guider par l’Indicible.

Et je suis arrivé au bout de ce chemin où une cathédrale de lumière a fait chanter mon âme.

Et là, même ma canne s’est mise à prier.

                                                              Laurent BAYART

                                                                 15 avril 2025

MAUVAISES HERBES….

                                             Pour Alphonse et Gustave,

         Elles courent la prétentaine les herbes folles que l’on dit mauvaises dans mon jardin. L’ivraie…livrée à elle-même. Je sens s’agacer, des ensembles de salades qui émergent, de leur mainmise dictatoriale sur mon potager que j’essaie de « domestiquer ». Elles prolifèrent prolixes et constituent quelques taches vertes posées dans l’harmonie d’une feuille de papier vierge. Tandis que des pâquerettes et autres pissenlits montrent leurs belles rondeurs et corolles dans cet espace de verdure. Les enfants qui m’aident à les arracher me demandent pertinemment si ces fleurs constituent de la mauvaise herbe ? Que nenni ! Ces fleurettes représentent des brins et brindilles de poésie semés sur mon jardinet ! Elles posent leurs majuscules tels des haikus dans le corps d’un texte littéraire.

Mais les mauvaises herbes sauront se retirer lorsque mes courgettes, haricots, potirons et autres tomates se mettront à chanter leurs andantes. Je les aiderai à prendre la poudre d’escampette !

Les mauvaises notes hiatus s’éclipseront de ce concerto improvisé.

Les mains du chef d’orchestre arracheront ces croches en pâmoison… pour que mon jardin retrouve sa belle clef de sol.

                                                      © Laurent BAYART

                                                               13 avril 2025

SEULS AU MONDE OU ECOUTER L’OCEAN NOUS PARLER…

                                             Sur une photo de Patrice Durupt.

         Le temps parfois suspend sa litanie et son infini ressac. Il s’arrête et se suspend magiquement aux arêtes de la pendule. A moins que cela ne soit une clepsydre ? Toujours une question de sable, comme celui de la plage… Nous sommes des fétus de paille face à l’immensité qui déroule son rideau. Le ciel et l’océan nous regardent…Les étoiles sont les coquillages de l’espace. Nous attendons la venue de l’improbable sur ce banc qui nous offre sa patience. Toi et moi voyageons dans l’immobilité du temps. Nous nous trouvons dans l’attente d’un improbable rendez-vous.

Les bancs font office de radeaux de la Méduse qui dérivent, immobiles, sur la plage.

Tous les deux, nous patientons sans connaître le but de notre quête ou de notre voyage immobile. Les yeux fixés vers l’essentiel.

S’aimer dans l’instant présent.

Avant que l’océan se retire en nous emmenant, pour l’éternité, avec lui…

                                                               © Laurent BAYART

                                                                       8 avril 2025

NOUVEAU CAFE DES POETES A STRASBOURG OU QUAND LES TASSES IMAGINENT LEURS VERS…

Marie Otmesguine avait déjà initié, voici quelques années des soirées poésie où chacun pouvait partager ses mots et les mettre en voix. Cette femme inspirée et inspirante est littéralement habitée par la poésie et propose un « nouveau café des poètes », nous offrant de nouveaux grains de poésie caféinés ! Et voici qu’elle « remet le couvert » en proposant, tous les mois, un rendez-vous original et chaleureux.

Pour cette toute première édition, elle accueillera Cécile Biehler – auteur de plusieurs recueils de poèmes, de nouvelles et de correspondances – et Margo Quere pour une lecture à deux voies de leurs textes écrits en duo. Puis, elle proposera une « scène ouverte » où chacun pourra lire et faire découvrir son imaginaire.

  • Vendredi 25 avril 2025 à 19h « Le nouveau café des poètes » à la librairie Dinali, Grand’Rue à Strasbourg.