Tous les articles par Laurent Bayart

LA FENETRE QUI FAIT CHANTER MON AME.

        Elle est le miroir du dehors, de l’outre paysage qui sollicite en moi la folle envie de prendre le large, la poudre d’escampette… 

La fenêtre m’offre la lumière des étoiles et l’astre du soleil. Parfois, un papillon vient illuminer l’encadrement en esquissant des arabesques autour des croisées. Parfois, aussi un merle ou une pie vient jouer une partition aérienne autour de cette lucarne qui devient magique…

Les vitres sont mes écrans de téléviseur sur lesquelles le monde s’affiche et me propose la magnificence de ses programmes.

J’observe avec émerveillement le tableau du paysage. Dès fois, aussi, j’aperçois le flûteau d’un avion qui passe dans le ciel en laissant la trace de sa partition.

Et parfois, aussi, le chat pose sont séant soyeux sur le rebord et m’accompagne, complice de connivence, dans cette muette contemplation.

Regarder, c’est un peu s’adonner à la prière avec le bréviaire de ses yeux.

                                                   © Laurent BAYART

                                            8 novembre 2025

LIVRE / « Y-A-T-IL DES LECONS DE L’HISTOIRE ? » D’EGAR MORIN OU LA JEUNESSE QUI N’A PAS D’AGE.

       Edgar Morin, sociologue et philosophe, continue d’être le témoin vigilant et attentif d’un monde qui se délite. A cent-quatre ans, il nous apprend, avec son nouveau livre, que les destructeurs peuvent être aussi de grands civilisateurs, que les mythes influent puissamment sur le réel, qu’un seul individu peut parfois changer le cours de l’histoire…

En seize « leçons », ce sage éclairé nous revisite l’histoire et la généalogie de la barbarie et des guerres, entre le passé, l’histoire immédiate et le présent qui fait grincer nos existences. Et Morin de rappeler judicieusement, au vue de ce qui se déroule actuellement au Proche-Orient : Une autre leçon à tirer de cette histoire est qu’il ne suffit pas d’avoir été persécuté pour ne pas devenir persécuteur. Et plus loin, de rajouter, comme une évidence que la rationalité des sciences et des techniques est amplement mise au service des guerres.

Et l’écrivain de rappeler que L’invasion de la Gaule par Rome a créé une entité gallo-romaine elle-même transformée par l’invasion des Francs puis la formation, à partir d’un petit royaume capétien, d’une nouvelle civilisation qui sera celle de la France.

Voici un petit livre qui nous rafraîchit la mémoire en essayant de « tirer » quelques leçons de l’histoire où Rien n’est plus humain et plus inhumain que la guerre. 

Plus loin, en forme de conclusion, pas vraiment rassurante, Edgar Morin rajoute : …une élite technocratique californienne a ressuscité puis mondialisé une croyance en le progrès fondée sur les succès des sciences. Cette idéologie promet à la fois l’immortalité, une société parfaite régulée par l’intelligence artificielle…

                                                      © Laurent BAYART

  • Y a-t-il des leçons de l’histoire ? d’Edgar Morin, Denoël, 2025.

LIVRE / LES ŒUVRES COMPLETES DE GEORGES BRASSENS OU LE POETE DU PHONOGRAPHE.

        Monumental ouvrage totalement exhaustif consacré à Georges Brassens (1921-1981), celui qui a fait entrer la poésie dans la chanson : poèmes, romans, préfaces, écrits libertaires, correspondance, poèmes et chansons, bien sûr, emblématiques, enregistrées, posthumes, orphelines, pour les autres, retrouvées, esquisses…

Adolescent, ce jeune homme inspiré se destinait à l’écriture, il ambitionnait vraiment d’être écrivain, il s’imaginait volontiers poète…Et le prologue de ce pavé (sous la plage !) de stipuler :L’écriture n’a jamais cessé d’être sa vraie passion. Brassens a été un auteur acharné, opiniâtre, capable de peaufiner les paroles d’une chanson pendant des mois…D’ailleurs, on découvrira plus loin les premiers jets et brouillons de ses futurs « tubes ». De ses chansons à lire, on se délecte et déguste cette écriture qui chante, où finalement, la spiritualité n’est pas totalement absente, loin de là ! : Si l’éternel existe, en fin de compte, il voit/ Qu’je m’conduis guèr’ plus mal que si j’avais la foi. Pourfendeur invétéré de tous les uniformes, il fustige le kaki emmédaillé: C’est beau les marches militaires, / Ca nous fait battre les artères./ On semble un peu moins fanfaron,/ Sitôt qu’on approche du front.

Ecléctique, le chanteur à la pipe, a également publié deux romans ! Dont un chez Gallimard ! Eh oui, sauf que… : Les critiques ont reçu cette semaine un livre édité par Gallimard. Titre : « La lune écoute aux portes ». Auteur : Georges-Charles Brassens. Et le journal de préciser : A la page 31, on peut lire, M. Henri Bordeaux, roi des cons ; M. Gallimard, voleur monstrueux…Il n’est pas coutume qu’un auteur insulte son éditeur. (1947) Sauf, qu’il s’avère qu’il s’agit d’un faux ! Brassens a estampillé le logo de Gallimard sur son ouvrage publié à compte d’auteur ! Iconoclaste et provocateur. Dans cet opus, on découvrira les innombrables préfaces et la profusion de sa correspondance qu’il abandonnera ensuite : Pour ce qui est des lettres, j’ai décidé de ne plus les ouvrir, de faire comme si je ne les recevais pas. Il me faudrait sept heures par jour pour les lire et leur donner suite…

Autodidacte, Georges Brassens aimait les mots et les travaillait, tel un orfèvre du verbe, avec amour et passion.

L’éditeur de cet ouvrage-référence nous révèle l’alchimie et l’architecture de ses créations singulières et atypiques : L’objet des Œuvres complètes n’est pas de publier l’intégralité des brouillons de Georges Brassens. Mais le lecteur de l’ouvrage a le droit de savoir comment l’auteur écrivait, comment il se colletait avec cette langue qui lui tenait tant à cœur.

Un artiste génial qui a posé ses pépites de mots dans l’oreille du phonographe.

                                                    © Laurent BAYART

  • Georges Brassens, œuvres complètes (Cherche Midi), 2007. 

1586 pages.

MARIE, LA GRACE DE DIEU QUI M’ACCOMPAGNE SUR LA SENTE…

                             Sur une photo de Rémi Picand,

         Le temps passe et file inexorablement et je perçois toujours cette indicible et inexplicable présence, si proche dans l’invisible de ces amours qui viennent de l’autre côté des apparences. Comment expliquer ce fil d’or auquel je suis relié à cette Dame du rocher ? Tu gardes et veilles sur ce petit garçon, abandonné, errant et brinquebalé par l’existence, loupiot qui est resté en moi et me colle à l’âme…

Comment exprimer cette présence sans rituels, sans sacrements, sans églises, sans ordonnances épiscopales ?

Voilà, que tout simplement, tu tiens -toujours et encore – la main à ce petit garçon.

L’autre jour, au moment où je ne le l’attendais pas, tu m’as fait un petit signe pour me signifier ta présence.

Croire, c’est mettre des paillettes d’or sur sa vie et marcher devant soi, sans même voir le chemin…

…et suivre, aveuglément, cette Vierge Marie, gardienne de tous les enfants qui ont gardé leur âme, comme on laisserait un caillou dans sa poche…

                                                    © Laurent BAYART

                                                3 novembre 2025

LECTURE MUSICALE DE LAURENT BAYART A L’EGLISE SAINT ARBOGAST DE BOURGHEIM, LE SAMEDI 8 NOVEMBRE 2025 A 18h30.

Dans le cadre du Marché de la Saint Martin de Bourgheim, Laurent Bayart proposera une lecture musicale avec l’accordéoniste Fabien Christophel, autour de ses deux derniers ouvrages : « Le soleil danse sur mon jardin » et « Le Magicien en manteau rouge » dans le cadre de ses cinquante ans d’écriture.

L’animation sera suivie d’une rencontre et d’une séance de dédicaces.

*Le samedi 8 novembre 2025 à 18h30 à l’église Saint Arbogast de Bourgheim. Entrée gratuite (plateau).

ALLO WEEN ? OU UN COUP DE FEEL MONSTRE…

A l’occasion d’Halloween…

              C’est un jour de monstruosités où l’on joue à se faire peur. C’est glaglaçant/sang. Le téléphone sonne et vibre, résonne comme dans un film d’horreur. Allo Ween ? – Qui est à l’appareil ? Quel est le pendu qui se balance de l’autre côté de la ligne ? Un squelette ? Un zombi ? Un spectre ? – Allo ! Personne ne répond…et puis, une voix (électronique) d’outre-tombe me fait la promotion de ses produits !

Ouf, ce n’est qu’un appel publicitaire. Une boîte de pompes funèbres me propose ses services !

Je ne réponds pas…la laisse débiter son baratin et – ironie du sort – je fais même le mort…

Écrivain, j’ai toujours adoré les cadavres exquis !

                                           © Laurent BAYART

                                        31 octobre 2025

DANS LA COUR DE RECREATION…

              Fourmilière de cartables et de petites têtes enjouées en ivresse d’odyssées ludiques. La cour de récréation se révèle être une immense salle de motricité à ciel ouvert, sous le regard vigilant et bienveillant de quelques maîtresses garde-chiourmes. Tapages en mille voltages et autres sonorités débridées. Les enfants s’ébrouent et s’égayent joyeusement en courant comme des dératés, esquissant d’impromptus pas de danse lors de leurs ébats en jeux divers. Volées de moinillons quasiment incontrôlables sauvageons qui profitent de cet espace cloisonné pour batifoler allègrement.

Mais, tout d’un coup, la sonnette hulule son trident (r)appel à l’ordre.

La récréation est terminée !

Des dizaines d’étourneaux se rassemblent sous l’œil de leurs magisters féminins, en rangs d’oignons. Les classes se forment et se reforment…

Le tocsin signe la fin de la récréation. 

La craie de l’ardoise prend la place des traits blancs de la marelle laissés sur le tableau noir du goudron de la cour de l’école…

                                           © Laurent BAYART

                                        28 octobre 2025

LIVRE / UNE MONUMENTALE RETROSPECTIVE DES MILLE MEMOIRES D’UN JOURNALISTE HORS NORME : JEAN-PIERRE ELKABBACH.

          Plus qu’un journaliste, Jean-Pierre Elkabbach représente une institution dans le domaine des médias, bref, une véritable référence ! Ce livre de mémoires raconte avec maestria, comme un journal, ces années fabuleuses à écouter battre le pouls du monde et à rencontrer d’innombrables personnalités qui ont façonné l’histoire !

Les rives de la mémoire se dévore à l’image d’un roman, en l’occurrence celui de l’actualité immédiate. L’auteur, né à Oran, Perdant son père jeune et déambulant dans le cimetière, entend une voix lui marteler : Ne perds pas de temps, jette-toi dans la vie ! Magistral conseil qu’il appliquera très vite. Et il reprend pour lui la belle phrase de Claude Roy qui a écrit : (je commence peut-être) à marcher au même pas que moi. L’ouvrage regorge d’anecdotes dont celle concernant la rencontre fortuite de celui qui allait s’appelait Enrico Macias : Un jour, au cours d’un reportage dans un bled, appelé Châteaudun-du-Rhumel, à une cinquantaine de kilomètres de Constantine, j’embarque un autostoppeur avec sa guitare. Il s’appelle Gaston Ghrenassia. Instituteur-formateur, il ne se sépare jamais de son instrument, même lorsqu’il donne ses cours…/…Le passage radio de ce musicien anonyme fut suivi de milliers d’autres. En effet, le jeune homme quitta l’Algérie pour la France quelques semaines plus tard. En 1962, je le revis à Paris. Il était venu m’offrir son premier disque, un modeste quarante-cinq tours. Je le mis entre les mains de deux producteurs de Paris Inter. L’un, séduit, accepta de le diffuser, l’autre me rendit le disque : « Il ne vaut pas un clou » Dis à ton ami de trouver un autre métier…/…Un an plus tard, il devenait célèbre grâce à l’émission Cinq colonnes à la une…

Passionnant ouvrage, que l’on ne lit pas mais qu’on dévore, qui fourmille d’anecdotes et de croustillantes petites infos, notamment celle ayant trait à la lecture des épreuves du livre La Bombe atomique et l’avenir de l’homme de Karl Jaspers sur lequel l’auteur conclut, philosophe : Hiroshima nous avait rendus collectivement responsables de notre survie. 

Marié avec l’écrivain(e) Nicole Avril, il confie aux lecteurs : les années n’ont pas eu de prise sur elle. Elle reste toujours la même : cette présence légère et intense, cette silhouette immuable…A souligner, l’espiègle et complice photo sur laquelle ils pédalent en duo sur un tandem. Plus loin, l’homme qui a rencontré les plus grands dirigeants de la planète recueillit cette confidence d’un certain François Mitterrand : …que s’il avait su écrire, il n’aurait pas fait de politique…

Le livre regorge aussi de photos emblématiques de ces interviews et rencontres avec des personnalités célèbres : Brigitte Bardot, Jean Ferrat Yasser Arafat, Anouar El-Sadate, Georges Marchais, Richard Nixon, Henry Kissinger, Mikhaïl Gorbatchev, Vladimir Poutine…la liste est interminable et impressionnante ! 

On se rappelle également que Jean-Pierre Elkabbach animait, avec Alain Duhamel, une émission politique intitulée Cartes sur table.Espiègle et taquin, il nous rappelle que les meilleures audiences revenaient de loin à Georges Marchais…avec, cette réplique culte de l’homme politique communiste : – Taisez-vous Elkabbach !

Ce livre foisonne et regorge d’informations passionnantes sur la vie, la politique, l’actualité qu’il côtoyait avec maestria.

Edouard Balladur lui fit un jour cette confidence : Mon souhait serait d’achever ma carrière politique comme premier ministre de François Mitterrand. Il est affaibli par la maladie. Nous irons ensemble paisiblement vers la fin de nos destins.

Cet immense et emblématique journaliste décéda le 3 octobre 2023 en laissant un immense vide dans cette profession si atypique qu’est l’écriture de l’actualité dont il fut une cheville ouvrière. Lui qui portait une certaine admiration pour François Mitterrand, disant de lui : …il n’était ni un héros, ni un saint, mais l’artiste politique peut-être le plus fascinant du XXème siècle…La mort réunissant soudain le personnage et la personne.

                                                                 © Laurent BAYART

  • Les rives de la mémoire de Jean-Pierre Elkabbach, Bouquins, 2022.

FILIGRANE TOMBALE.

        Un pied dans la tombe ? Non, mon visage qui s’affiche tel un hologramme sur le marbre de la pierre funéraire. Comme un clin d’œil ? Un présage ? Mon faciès apparaît dans les allées du cimetière. Fantôme en quadrichromie qui semble m’observer…Bizarre. Cela me met un peu mal à l’aise. On a l’impression qu’il s’agit d’un chromo, portrait affiché du défunt. Zut, les dates ne sont pas encore inscrites…Ouf.

Je me retourne et il n’y a pas de croque-mort pour prendre les dimensions, me cartographier et me mesurer, afin de me poser ensuite dans la boite à chaussure qu’il enterrera, juste en -dessous.

Je respire et profite de mon sursis pour m’en aller.

Mon visage me suit et quitte le monument funéraire.

Il est parfois rassurant d’avoir un poisson pilote.

                                           © Laurent BAYART

                                        23 octobre 2025

CANNE ANTENNE DE MA MARCHE…

        Telle une antenne droite et en bois, ma canne martèle la marche à suivre et m’accompagne fidèlement dans mes pérégrinations de brinquebalant. Comme un doigt levé vers le ciel. Boussole, elle m’indique la direction de la rose des vents. Elle semble aussi percevoir le chuchotement des étoiles et la psalmodie du soleil. 

Marcher, c’est poser des bornes devant soi et semer des petits cailloux derrière. Sillage du bateau qui laisse l’éphémère empreinte de ses vagues…

Pérégrin boiteux, je me dirige vers cette cathédrale de Compostelle qui ne dit pas son nom.

Le chemin, qui se déroule devant moi, constitue déjà un sanctuaire, alors pourquoi demander à Dieu l’obole d’un miracle et la grâce de son aide, si j’avance toujours et encore ?

                                                   © Laurent BAYART

                                              22 octobre 2025