Archives de catégorie : Blog-Notes

LIVRE / LE JEU DU CHAT ET DE LA SOURIS OU LA DANSE DE MORT CHINOISE A LA MANIERE DE CAMUS.

Son nom et prénom tiennent en trois lettres, A Yi est un jeune écrivain chinois vivant à Pékin, né en 1976, qui détonne dans le panorama de la littéraire de l’Empire du Milieu. Ancien policier, il a quitté son travail, puis sa femme pour devenir journaliste et écrivain. Ce livre, qui tient un peu de L’étranger d’Albert Camus, est né d’une manière d’absurde et d’un profond ennui que cet homme ressentait dans sa prime jeunesse ainsi que d’un fait divers sanglant, sans motif : Par une journée ordinaire, dans une petite ville de la Chine provinciale, un adolescent tue de trente-sept coups de couteau sa camarade de classe.

Il dit se retrouver un peu dans ce personnage rongé par l’ennui et décidera de réécrire l’histoire à sa manière. Le jeu du chat et de la souris est un récit décapant d’un jeune psychopathe meurtrier. Surprenant qu’il soit publié ainsi en Chine, car souvent les auteurs chinois se retrouvent exilés en Amérique ou en Angleterre où ils poursuivent leur carrière. A Yi s’explique : le héros, entièrement dévoré par l’ennui, ne trouve plus rien qui le motive. Alors il tue quelqu’un, dans l’espoir que le fait d’être poursuivi puisse combler le vide qu’il éprouve. Travail psychologique de cet jeune prodige de la littérature chinoise qui déclare : Je n’ai pas fait l’éloge de cet acte, pas plus que je me suis gardé de le juger avec impatience ou parti pris.

Fait divers glaçant que l’auteur narre avec distance, récit mené tambour battant où un jeune homme sombre soudainement dans la barbarie la plus abjecte, tout simplement à cause d’un ennui posé comme une verrue sur un soleil de printemps.

                                                                            @ Laurent BAYART

Le jeu du chat et de la souris de A Yi, traduit du chinois par Mélie Chen, Editions Stock, 2017.

BILLET D’HUMEUR / ACTE 78 / JOJO A FRANCHI LA PORTE DES ETOILES…

Georges, dit Jojo.

Compagnon et ami félin, depuis plus de 14 ans, fidèle depuis tant d’années, nous avions -nous-aussi- oublié avec le temps que la Camarde pouvait aussi faucher la vie des chats…La mort, c’est bien connu, ne s’adresse qu’aux autres !  J’avais 48 ans (62 aujourd’hui…) quand tu nous avais choisi, avec tes deux frères à moustaches, lorsque nous avons « cherché » un matou à la SPA. C’est dire, le chemin emprunté ensemble. Nous en sommes sortis avec 3 mousquetaires à rapières de griffes ! 

Quel bonheur alors de partager nos existences et d’avoir vécu en amis pendant si longtemps. Temps qui file trop vite lorsque le sablier se brise et laisse son sable couler, à l’image du sang. Qui dira ses mystérieuses connivences ? 

Georges, Jojo, était un aficionado de nos canapés et fauteuils, dont il avait (Tout comme ses frères) posé ses griffes comme on glisse un parafe…Le sigillé de leurs pattes à lames effilées faisant foi. Nous t’aimions, car oui, on peut aussi aimer des animaux ! N’en déplaise à certains. Malgré ton caractère bien trempé…Tête de cochon affublée de vibrisses ! Nous partagions ces petits bouts de bonheur quotidien qu’on appelle nos existences. Ainsi, tu nous « apprivoisais » comme on essayait de t’amadouer. Nos âmes et nos coeurs se trouvaient au diapason de ces moments échangés. Comment expliquer l’alchimie de l’amour qui transporte nos corps dans la vibration de l’affection ? Ah, ce bonheur d’entendre le ronronnement d’un chat à travers la peluche de son corps. Comme un moteur qui réchauffe la couette de nos vies. Vedette, tu avais les vibrisses et les coussinets en extase car tu figurais – en vedette à poils – sur la couverture du livre dédié à nos trois chats et notre furet de l’époque : L’Antre chats que j’avais publié avec Claire-EliseUne manière de rester pour toujours et de t’inscrire dans une forme d’éternité. L’écriture et les photos se gravent dans le marbre du temps, grâce au papier. Une espèce de passeport du toujours.

Jojo, hier à ton enterrement, j’ai chuchoté un Notre Père car j’ai l’intime conviction que tout se rejoint, que tout se reforme et qu’au paradis, chacun regagne sa coque. L’Un se reconstitue. Nous redevenons des enfants de Dieu. Voici, d’ailleurs, que tu caracoles désormais avec Félix… Les larmes en fontaine de ta maîtresse m’ont aussi fait pleurer. La tristesse est une manière de préparer la joie des retrouvailles. Celle inscrite dans la mystérieuse ligne de nos destins.

 Voilà que tu dessines, dans notre salon, des arabesques avec ta queue, encastré dans nos jambes, comme si tu réclamais la pitance d’un peu de pâté. Mais nous ne pouvons plus t’apercevoir, rien que te deviner…Un jour, nous aussi, nous franchirons la fine cloison qui sépare les mondes. On appelle cela « La porte des étoiles ».  Adieu Jojo.

                                                                   @ Laurent BAYART

                                                                   19 septembre 2019

BILLET D’HUMEUR/ ACTE 77 / MON VAL D’AJOL.

Lorsque j’arrive chez toi, dans ton écrin de verdure, je sens mon âme être au diapason de tes sapins qui représentent une kyrielle d’étoiles accrochées à tes reliefs. Leurs épines en étincelles brillent de mille feux dans mes rétines éblouies qui font de la confiture avec les fruits de leurs images flamboyantes. De quoi engranger de savoureuses réserves en verrines de couleurs pour les longs jours d’hiver, gris et parfois blancs de neige, qui auront tôt fait de venir. Ici, le temps s’écoule langoureusement au fil de l’eau, et je dirais même  qu’il combeaute majestueusement ! Mon Val de Joye se veut être un roman du terroir que l’on lit paisiblement, en admirant le panorama à la Feuillée Nouvelle.Bibliothèque naturelle où les rayons des étagères sont encore en version originale d’épicéas.

 Je me trouve en paix dans ce paysage qui respire les fougères et les foins. Plus loin, dans sa petite grotte aménagée derrière la Résidence, la vierge Marie, immaculée et altière, veille sur toi avec amour et bienveillance. Tous les Ajolais sont ses enfants. Petite chandelle qui éclaire nos sentes. Et parfois, tu ressembles, ô mon Val d’Ajol, à ta manière vosgienne à la Lourdes pyrénéennes car, lorsque j’arrive dans ton espace, je me débarrasse des béquilles imaginaires qui m’empêchaient de marcher droit. A défaut de miracle, ta cathédrale de lumière pose sa sérénité et sa plénitude en moi. 

Je redeviens papillon, libellule ou insecte. Miracle de cette communion retrouvée avec le monde. Ici brille la majuscule de l’instant.

                                                                   @ Laurent BAYART

LIVRE/ L’INCR0YABLE FRESQUE TIBETAINE DE FAN WEN « UNE TERRE DE LAIT ET DE MIEL ».

Ce morceau de pavé en feuillets fins a de quoi faire peur : pensez, quasiment 900 pages de littérature chinoise ! Autant dire qu’il faut que l’écrivain – en l’occurrence Fan Wen – puisse vous tenir en haleine, sinon on risque de prendre le bouquin pour un presse-papier…

Nous voilà entrainés dans les gorges du Mékong et la montagne sacrée du Khawa Karpo dont on dit que si, de son vivant, un Tibétain n’a pas tourné une fois autour de la montagne sacrée de Khawa Karpo, personne après sa mort ne voudra porter son cadavre considéré comme impurRoman singulier, nous précise t’on, dans le paysage de la littérature chinoise contemporaine. Histoire d’une Conquista version missionnaires français dans le Tibet. Communauté catholique, emmenée par le père Charles, qui érige une église avec en toile de fonds des conflits religieux et rivalités ancestrales. Depuis que nous avons reçu le baptême, nous sommes comme le sel dissous dans l’eau, qui en garde à jamais le goût ! Incroyable fresque qui nous transporte dans un vaste monde aux reliefs escarpés, avec une galerie de personnages hallucinants tel ce brigand, assoiffé de sang, Tsering Dawa qui finira dans la piété religieuse, prononçant ses vœux et prenant le nom de Chöphel. 

« Une terre de lait et de miel » nous entraine dans un tourbillon narratif impressionnant. Philosophie bouddhiste omniprésente, au fil des pages, comme ce On commence par faire du feu avec du bois, mais au final, c’est le feu qui détruit la forêt ! Nous sommes dans ce paysage pentu des terres tibétaines où les dieux et les esprits sont constamment présents car un homme sans rêves est comme un oiseau sans ailes…

                                                                           @ Laurent BAYART

Une terre de lait et de miel, de FAN Wen, éditions Picquier, roman traduit du chinois par Stéphane Lévêque, 2013.

BILLET D’HUMEUR / ACTE 76 / L’AMAZONIE DANS LE CACA TOES (BRESILIEN).

L’Amazonie dans le caca…toès !

Et voilà que la presse nous relate la surprenante allusion scatologique du président brésilien à l’interrogation d’un journaliste lui demandant s’il était possible de concilier « croissance et préservation de l’environnement », tout en relevant le défi de nourrir une population mondiale toujours plus exponentielle, et Jair Bolsonaro de répondre, que le moyen de préserver l’environnement : C’est de Faire caca un jour sur deux ! Oups, ou plutôt crotte, j’en tombe sur le cul ! Cela voudrait dire que celui qui ne fait jamais chanter la tinette, c’est-à-dire le constipé chronique, serait le seul à vraiment se soucier de la planète ? Voilà qui va ravir les luttes intestines dans la communauté scientifique et autres pythonisses de l’apocalypse. Notre ami en ayant rajouté une couche (culotte) en déclarant qu’il convient de manger moins, à défaut de souscrire un abonnement à Comme j’aime ! Afin de devenir maigre comme un fil de fer. Bref, vous connaissez l’adage : une assiette légère vous offre un étron fluet.

On savait déjà depuis quelque temps déjà que le monde marchait sur la tête mais, merdre ! Comme aurait dit le Père Ubu, voilà qu’il se dandine –incontinent – sur les toilettes ! A regarder de près, avec la loupe de la lunette des WC, on devient myope de l’anus. Tout cela prêterait plutôt bien à sourire si les chefs d’état des pays les plus puissants du monde ne faisaient pas dans le grotesque et l’ubuesque. Pour mémoire : ces messieurs possèdent l’arme atomique. De quoi raser, à l’instar de l’Amazonie, toute la planète ! 

Le président brésilien, quant à lui, à défaut de posséder des armes nucléaires, est doté d’une sacrée tronçonneuse ! On serait tenté de dire que tous ces gens-là nous font bien chier, mais on nous tomberait encore sur le râble en nous soupçonnant de vouloir détruire la planète et de la polluer à outrance !

Voilà une sacrée danse des fous à laquelle nous sommes conviés. Reste à éviter de tomber dans les trous de ce bal de l’absurde…des gens qui marchent sur la tête, ou plutôt sur leur croupion ! Il faudrait définitivement tirer la chasse et passer enfin à outre chose. Problème : le rouleau de p.q. est désespérément vide. Normal tous les arbres ayant été tronçonnés !

                                                                                @ Laurent BAYART

                                                                               

BILLET D’HUMEUR / ACTE 75 / SAINTE MARIE OU LA GRACE D’UN JOUR PAS COMME LES AUTRES.

Merci à Némorin, alias Erik Vacquier, pour cette magnifique photo (tombe de mère Térésa à Calcutta).

Ce jour du 15 août (miaou comme disent les chats) constitue une petite pépite dans le calendrier. Sainte Marie vient enchanter l’éphéméride.  La foi reste une oasis de grâce dans ce monde de plus en plus barbare qui nous pousse inexorablement vers le bas et l’obscurité. Et pourquoi pas s’offrir la merveille d’un moment vertical ? Plonger dans cette parole qui nous vient d’ailleurs pour nous emporter dans le maelstrom de l’amour. Enfin…Loin des contingences matérielles qui nous font oublier l’essentiel. La vraie quête de nos existences !

Ainsi,  en ce jour particulier, une kyrielle de souvenirs m’assaille à m’étourdir d’émotions. D’abord, je pense à ma fille Marie dont c’est la fête aujourd’huiPuis à notre petit-fils Jules né un 15 août voici quatre ans. Me reviennent également, en boucle, les chansons dédiées à la vierge Marie chantées par Mannick, mais aussi celle de Jean Humenry Dame du rocher… C’était un temps où les compositeurs venaient rafraîchir nos âmes et nous enivraient d’espérance. Jour comme un instant de respiration dans cet agenda qui file à une vitesse de tgv. Trop vite. Bien trop vite…

Marie…Je me souviens de ce prêtre qui me confiait : Tu es un protestant marial…Pourquoi pas ? Je ne sais d’où cela me vient mais du plus profond de moi, cette femme blanche et diaphane m’apparaît telle une lumière enchantée dans la nuit. Allez chercher à comprendre tout cela ? Les réponses muettes sont les plus belles. Nous ne possédons pas toutes les clefs de notre âme. Et demeurons des enfants à regarder le soleil car il nous offre quelques pastilles d’éternité. Et pourquoi pas cette folie de croire encore ? 

Il faudra bien retrouver des chemins apaisés pour marcher vers l’absolu. Tant d’étoiles nous attendent. Elles sont à notre portée. Il suffit simplement de leur réciter la liturgie de ce rendez-vous sacré, pour qu’une rencontre  vienne illuminer notre sente.

                                                                                @ Laurent BAYART

                                                                                15 août 2019

LIVRE / VIE ET MORT DE MARCO PANTANI

Journaliste à l’Equipe, Philippe Brunel a bien connu le grand champion cycliste que fut Marco Pantani, mort d’une overdose de cocaïne dans un hôtel résidence à Rimini, le 14 février 2004, dans des circonstances mystérieuses. Suicide, meurtre, accident ? Personnage romantique, fascinant, Marco Pantani fait partie de ces « forçats de la route » qui se sont forgés une légende, adulé par la foule et par ses aficionados, l’Italie du cyclisme ne s’est jamais totalement remise de cette tragique disparition. 

L’écrivain-Journaliste, Philippe Brunel retrace sa route et tente d’éclairer cette part d’obscurité que l’homme recelait en lui. Ombre et lumière d’un sportif hors norme qui affirmait : Ou je deviens un champion ou je finirai délinquant. On le définissait ainsi : C’est un hypersensible, ambivalent, soucieux de son indépendance…Pour la petite histoire, on sait que tout bascula pour lui le 5 juin 1999 où il fut exclut du Tour d’Italie à Madonna di Campiglio après un contrôle non conforme, son taux hématocrite étant supérieur à la normale, alors que la victoire lui tendait les bras. Etait-ce une cabale dirigée contre lui ? On sait que son destin, dès lors, bascula dans l’irrémédiable chute. Il fréquenta les prostituées, les dealers et le monde interlope de la mafia. Sa mère, qui le défendra sans relâche, ne croira jamais à la thèse du suicide. 

Elefantino (petit éléphant), alias Marco Pantani, se dopait, comme les autres, mais pas plus. Victime d’un système impitoyable, saut de chaînes mortel qui le fit plonger dans cette descente à tombeau ouvert que représente la cocaïne. L’enquête policière et le dossier ouvert par le journaliste laisse planer quelques doutes. On reste parfois abasourdis par les détails scabreux de ce récit. Ainsi, comme les vols de cadavre étaient assez courants, après l’autopsie, le médecin-légiste emmena chez lui le cœur de Pantani dans une valise réfrigérée…

Il reste surtout la poésie de cette magistrale épopée et la belle chanson des Wampas intituléeRimini. Ode à ce champion qui nous a fait tant rêver et c’est, finalement, tout ce qui importe. Seule demeurera la beauté de ses chevauchées cyclistes qui offrirent des extrasystoles à notre imaginaire.

                                                                            @ Laurent BAYART

Vie et mort de Marco Pantani de Philippe Brunel, Grasset, 2007.

LIVRE / CHINA DREAM DE MA JIAN

La littérature chinoise recèle d’innombrables pépites que nous découvrons au fil des lectures buissonnières. Voici que je fais connaissance avec Ma Jian, dont les livres sont interdits en Chine et qui serait l’une des voix les plus importantes et les plus courageuses de la littérature chinoise contemporaine. 

China Dream mélange fiction et réalité exacerbée en dressant un portrait décalé de la société chinoise gouvernée par le président Xi Jinping, devenu responsable à vie de l’Empire du Milieu, le parlement chinois ayant supprimé la durée maximum du mandat présidentiel…Son objectif, déclare l’auteur, est que d’ici le centenaire du Parti Communiste Chinois en 2021, notre société soit modérément prospère, et pour le centenaire de notre République en 2049, que notre économie ait surpassé celle des Etats-Unis et que la Chine ait retrouvé une place centrale à l’échelle internationale. Ce livre, à mi chemin entre la fiction et le récit, évoque cette idée folle, sinon science « fictionnesque », de remplacer les rêves personnels par le Rêve Chinois Collectif. Manière de société totalitarisme qui veut brider les rêves pour les transformer très vite en…cauchemars. Belle narration emmenée par Ma Jian où l’on note, au détour d’une page, cette savoureuse métaphore : Si tu te préoccupes de ce que tu es aux yeux des gens, tu finiras par mourir dans leur bouche. 

Belle fable contemporaine qui nous fait voyager dans cette Chine contemporaine où la rivière Fenshui a pris la couleur du thé noir. A noter, la très belle œuvre de couverture de l’artiste Ai Weiwei aux branches nues et irrégulières (qui) semblent rappeler la mission totalitariste de la suppression du passé et la quête obstinée de l’individu.

                                                                                                              @ Laurent BAYART

China Dream de Ma Jian, éditions Flammarion, 2019.

LIVRE / LES TRIBULATIONS D’ALOYSE TRAMINER A STRASBOURG OU UNE TALENTUEUSE FANTAISIE POLICIERE.


Un héros qui se nomme Traminer pourrait –justement – porter le prénom de Gewurz, et bien c’est loupé ! Il s’appelle Aloyse à l’instar du bien-nommé Alzheimer dont on oublie fréquemment le prénom…Et pour cause !

Les frères Urban –  Pierre-Yves, l’auteur et parolier, et Michel-Paul, le linguiste, nous régalent avec ce savoureux policier intitulé gaillardement Les tribulations d’Aloyse Traminer à Strasbourg en trois cents pages bien denses et nourries au cépage de l’hémoglobine mais pas que…Histoire d’un libraire strasbourgeois victime d’une série d’agressions, témoin de meurtres et tutti quanti. On « tribule » avec lui dans les rues strasbourgeoises. Ce polar qui ne ressemble à aucun opus du genre, nous entraîne – en lecteurs touristes – dans les rues, les bonnes adresses et les lieux culturels. On entre ainsi dans la Houb ou Houblonnerie où Roger Sieffer y perd ses choux.On côtoie l’histoire, la gastronomie, mais aussi des silhouettes au nom flouté que l’on distingue…

Le récit est mené de mains de maîtres et l’on se laisse glisser dans le dédale des ruelles de la capitale alsacienne où l’intrigue nous tient en haleine. On se rendra souvent – en compagnie de Traminer – au Nouveau Commissariat Central de la ville où la belle Sandra Marini, commissaire de son état, mène l’enquête avec une rare conscience professionnelle…Galerie de personnages bien réussie qui donne le ton d’un livre à l’humeur joyeuse. Le père de Traminer, poète alsacien, ayant choisi d’écrire dans cette langue parce que c’est une langue imagée, donc poétique. Les meurtres sont toujours – grâce aux auteurs – une merveilleuse façon de s’approprier une ville !

Bravo messieurs, Urban & Urban, le linguiste et le parolier ! Et comme disait l’humoriste Germain Muller,  En Alsace, le contraire est toujours vrai…Il suffit tout simplement de le vérifier et, en dialecte s’il vous plaît !

                                                                            @ Laurent BAYART

Les tribulations d’Aloyse Traminer à Strasbourg, Fantaisie policière et philosophique de Urban & Urban, Editions La Nuée…noire !

BILLET D’HUMEUR / ACTE 74 / UNE CAMPAGNE DE BRUITS…


L’actualité devient diaboliquement ubuesque. On en rirait même si tout cela n’était pas traité en mode sérieux par les médias goguenards. L’affaire récente du coq Maurice  a « effrayé » la chronique. Va t’il être condamné, ce gallinacé cocoricant, qui perturbe les chastes portugaises de citadins en villégiature à la campagne ? Le monde – on le sait depuis un certain temps – marche sur la tête ou plutôt sur la crête…Voilà que certains ne supportent plus les bruits des champs, des pâturages et de la cambrousse. Voici que le chant des cigales, le meuglement des bovins, le croassement des grenouilles, le bourdonnement des guêpes, le ruissellement des sources, le froissement des feuilles dans les arbres, le bzz des moustiques, et j’en passe, (Et vraiment des meilleurs !) sont devenus indésirables au pays des culs-terreux. Le silence doit régner dans nos terroirs comme si nous nous trouvions en plein désert. Quoi que…Les chameaux, les grains du sable et le soleil plombant ne font-ils pas de bruits ? La campagne pacifiée pour la paix auditive des touristes occasionnels des cités, à la recherche du grand silence ? Une retraite monacale dans le chuchotis de la parole ? La grande muette pour une échappée mystique et bucolique ?

 A moins que ces migrants des buildings, des grands ensembles, du macadam et des trottoirs bondés veulent tout simplement pouvoir écouter tranquillement leurs IPhone ou leur téléviseur rapatrié au vert pour la circonstance ? 

Se gaver de leurs propres bruits qu’ils viendraient exporter à la campagne ? Fini le réveille-matin d’un cocorico ou le chevrotement d’une chèvre, on n’entendrait plus que le pianotage de doigts faisant de l’arpège sur les touches du portable…

Les vaches dans les étables ne pourraient plus fermer l’œil de la nuit et les coqs réduits à l’insomnie seraient dans l’obligation de compter les… moutons, afin de retrouver (enfin !) le sommeil !

                                                                           @ Laurent BAYART

                                                                                28 juillet 2019