DESPORTS / LA REVUE A DEGUSTER AVEC UN MARQUE-PAGE.

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En jaune sur la couverture et à pois rouge en pages de garde, le numéro 6 de la très belle revue – habillée en format livre – Desports s’affiche résolument estivale ou plutôt Tour de France et Cyclisme. Actu oblige. Ce livre qui rassemble les meilleures plumes de la littérature sportive se savoure comme un très bon vieux vin, mûri en fût ou plutôt en bidon vintage…Bernard Chambaz, Benoît Heimermann, Paul Fournel, Eric Fottorino ou Jean-Louis Le Touzet forment une équipe de cadors à la pointe de stylo remarquable.

Outre, les inévitables pages consacrées à la Grande Boucle, on trouvera des articles passionnants, notamment sur le cyclisme au Rwanda. Sport qui est devenu une manière de refaire une certaine forme d’unité nationale après les massacres du génocide. C’est l’ancien pro Jonathan Boyer qui a été l’instigateur du fameux tour éponyme. Ce même coureur, condamné par la justice américaine, qui retrouve la paix de l’âme en mettant son expérience au service des ténors du pédalier locaux. A suivre aussi le journal de voyage de la Courneuve, où l’on accompagnera l’équipe le Flash, club de football américain qui rassemble une multitude de nationalités disparates pour une passion commune. On restera pantois devant La farce hongroise à Cany-Barville. L’histoire vraie et hallucinante arrivée en été 1954 à un dirigeant lillois qui, croyant recruter un international magyar (en l’occurrence Zacharias), eut affaire à un individu voulant créer le buzz, comme on dirait aujourd’hui. Un match de démonstration troua les filets du grotesque et hilarant subterfuge : Il a insisté pour tirer un corner à ma place. Seulement, il a raté la balle et a frappé du pied le poteau de corner…Risée des dirigeants d’un des plus grands clubs de foot de l’époque et une expression qui restera pour la postérité, lorsqu’on commande une pression dans le Nord : Gaston, une Zacharias bien fraiche ! A signaler aussi, l’article remarquable sur Le Laos : patrie de pétanque. Loin du pastis, des accents à la Pagnol et du thym, le pays des éléphants est aussi celui de la pétanque…Un surprenant héritage colonial !

Et puis, pour finir, on reviendra sur le cyclisme et ces éternelles suspicions face au dopage et à Lance Armstrong, spectre en cuissard qui hante encore le Tour de France. Le texte de Julian Barnes résume bien ce besoin de magie et d’enchantement que ressentent tous les spectateurs agglutinés au bord des routes : Ce dont nous avons besoin et ce que nous voulons c’est simplement ceci : savoir que penser au juste de ce que nous avons vu.

                                                                                                                      Laurent BAYART

* Desports 6, 25 bld Romain Rolland,75014 Paris.

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