BILLET D’HUMEUR / ACTE 25 / UN BESOIN DE POESIE

 

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Nous avons tous un besoin de poésie en nous. En ces temps perturbés où des urubus menaçants ne cessent de vriller nos espérances et de planer au-dessus de nos têtes, l’absence de sens et le vide qui aspirent les êtres humains nous empêchent de rêver et de nous élever. Le monde est devenu absence. Chacun vaque à ses occupations, course le temps et envoie nerveusement textos et mails. L’homme a perdu la tête sans pour autant avoir été décapité. Aujourd’hui le temps file et glisse mais ne passe plus. Lui aussi, a contracté la pathologie de la bougeotte. On a jeté la clepsydre pour la chorée d’un chronomètre. On veut l’excellence et la performance mais on oublie tout simplement d’aimer, et de prendre le temps … Qu’est-il devenu cet être humain qui abandonne son enfant dans la voiture, en pleine canicule ? A ne plus se rendre compte de la détresse qu’il côtoie dans la rue ? A ne plus saluer celui qui lui tend la main ? A ne plus embrasser ceux qui l’aiment ? Comment en être arrivé là. Si bas ?

Comme si tout basculait dans le néant, comme si les coupeurs de gorge étaient devenus des prophètes, comme si la barbarie ressortait d’un ADN perturbé. Nous sommes des oiseaux blessés. L’homme a perdu tout ce qui faisait l’enchantement du monde. Qui pour admirer la beauté des étoiles et des astres ? Qui pour observer le vol d’un papillon ? Qui pour s’émerveiller devant une libellule, un chat ou le frissonnement du vent dans les feuilles d’un arbre ? Nous allons désormais trop vite. Pour aller où ? Nous avons oublié le chemin, l’itinéraire et la destination.

Chaque pas pourrait nous emporter vers notre Compostelle. Avec au bout une cathédrale comme un fleuve de lettres. Tabernacle de poésie qui brille dans nos nuits. Les mots sont des lumières qui offrent à nos âmes des fragrances de bonheur. Choisissons la rose plutôt que les effluves de cendre !

Nous avons infiniment besoin de poésie. Et chacun la porte en soi, comme une lettre que l’on a omis d’affranchir. Un seul timbre suffirait pour la faire enfin voyager…Dans le fond, c’est tout ce qu’elle demande.

                                                                                                                      Laurent BAYART

5 réflexions sur « BILLET D’HUMEUR / ACTE 25 / UN BESOIN DE POESIE »

  1. Laurent !

    C’est trop beau ! La p poésie sauvera le monde disait le Printemps des Poètes de mars où le thème était l’insurrection poétique avec le visage de Maiakowski dessiné par Ernest Pignon Ernest !
    Merci pour ce beau billet d’humeur que je transmets à mes amis….

  2. De tous temps les mots ont sauvé, relié les hommes. En premier lieu la poésie.
    Prendre le temps ; cette évidence !
    Juste s’arrêter, écouter, regarder, répondre aux enfants…
    Le temps de faire ce château de sable que les premières vagues emporteront.
    Merci Laurent

    1. Merci Jean pour ces mots qui sentent si bon la poésie des instants partagés et du regard tourné vers l’autre. Nous avons tous besoin de celui que nous croisons, qui enrichit notre regard de toujours plus d’amour et d’humanité. Les routes et les chemins sont aussi faits pour ça !

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