GILLES LAPOUGE, L’ORPAILLEUR DES VOYAGES.

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Gilles Lapouge est une sorte d’orpailleur des mots et des voyages. Cet écrivain et journaliste connaît bien un pays qu’il raconte souvent  dans ses ouvrages : le Brésil, dans lequel il a résidé plusieurs années en tant que correspondant pour un journal.

Son nouveau livre « Nuits tranquilles à Belém » est singulier par son approche. En effet, le narrateur semble atteint d’une totale amnésie quant à son identité et erre à la rencontre de son personnage. On apprécie l’ironie de l’auteur quand il est question d’écrivain-voyageur, à l’occasion du fameux festival de Saint Malo. Lui, qui se perdait souvent dans ses itinéraires, se considère, comme disait Mallarmé à propos d’Arthur Rimbaud, en « voyageur toqué » ou un « voyageur étonné » car « j’arrivais toujours dans des endroits inattendus qui n’étaient pas dans les mappemondes… ».

Enquête et quête avec un curieux antagoniste du nom d’Olacyr de Freitas, un nom tout en exotisme, à la recherche de Blaise de Pagan, géographe de Louis XIV. Le premier cité, historien à la retraite, disant fort joliment : « Avec la retraite, ma vie s’est remplie de dimanches. Il y avait des dimanches partout. Je ne savais plus qu’en faire. Chaque matin, je tombais dans un dimanche… »

Gilles Lapouge décrit parfaitement bien les contrastes de ce pays-continent : « Au Brésil, ils n’ont qu’une seule nuit. Et un seul noir, un noir dur et luisant comme une carapace d’insecte, un noir indélébile. »

Et puis, on apprécie cette conversation décalée avec Nicolas Bouvier, le parangon de la bourlingue, étonné d’abord puis convaincu par notre écrivain qui prétend qu’un vrai voyageur ne devrait jamais revenir. « Qu’est-ce que tu veux, ce n’est pas ma faute si la terre est ronde. Je reconnais que ça marchait mieux avant, d’accord. Avant, quand la terre était plate, comment tu aurais pu revenir à ton départ ? ».

                                                                                                                      Laurent BAYART

* Nuits tranquilles à Belém, de Gilles Lapouge, Editions Arthaud, 2015.

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