LIVRE/ LA GRANGE AUX SOUVENIRS DE CLAUDINE MALRAISON

Cet ouvrage de souvenirs, signé par l’artiste-peintre, Claudine Malraison, nous ouvre les portes d’une armoire magique et les pages d’un album d’où s’échappent les poussières aurifères d’un passé enchanté. Voilà que cette plasticienne, bien connue sur la place, troque son pinceau pour le stylo ou le piano d’un clavier d’ordinateur, afin de raconter son enfance dans l’ancien quartier maraîcher de la Robertsau, là où ses parents possédaient une ferme. Dans notre famille, il n’y a que des filles. Je suis la treizième et en plus, je suis née un vendredi treize nous confie, espiègle, l’au teure. « La grange aux souvenirs » recompose ainsi par touches les joies et tragédies d’une enfance où pétillent et fourmillent mille et une anecdotes, drôles, caustiques et parfois dramatiques. Aussi, quand la porte de la grange est ouverte, on voit le soleil pénétrer par tous les interstices. Grâce de ce lieu emblématique qui constitue –en quelque sorte – la ligne de partage des eaux de tous les rendez-vous où gamins et marmots viennent s’encanailler et savourer l’instant. Ainsi, apprend-on au détour d’un feuillet que c’est ici que l’aiguille d’un gramophone a entonné les airs du Beau Danube bleu…Drame également avec la mort accidentelle de Maria, suite à une chute ou ailleurs, la mémoire tragique d’un suicide… L’écriture simple restitue les évocations vintage des années soixante, lorsque le monde était encore un peu coloré par la poésie d’une certaine lenteur. Au détour d’un paragraphe, conçu tel un sentier buissonnier, la petite Claudine, résidente d’une ferme oblige, confie que je serai infermière… ou que, lance t’elle, parlant d’urine et de son oncle : En Alsace, elle est toute jaune à cause de toute cette bière qu’il boit ! Récit à la Pergaud où La guerre des boutons ne se trouve pas trop loin non plus.

Voilà un petit livre à l’esthétique remarquable qui nous offre des instants de bonheur. Noisettes de souvenirs que l’on croque avec délectation, nous permettant de retrouver quelques images sépia d’un passé, pas si lointain que ça, car il laisse encore la buée de sa respiration sur la lucarne des vitres du grenier ou du moins d’une certaine grange…

                                                                                                                   Laurent BAYART

 

La grange aux souvenirs, récit de Claudine Malraison, Editions Andersen, 2017.

 

 

 

Laisser un commentaire