BILLET D’HUMEUR/ ACTE 57/ UN TOUR EN ACCORDEON OU YVETTE S’EST ECHAPEE…

(dessin de Bruno Cortot, extrait de l’ouvrage « Un amour de Bicyclette » de Laurent Bayart)

Ah, cette fois-ci, le Tour de France est bel et bien mort avec Yvette qui a pris (la bonne ?) échappée à l’âge de 95 ans. Elle faisait partie d’une manière de légende de la Grande boucle, lorsqu’une certaine forme de poésie régnait sur les routes de France au son du flonflon de l’accordéon, des podiums enjoués et d’une caravane publicitaire qui défilait en accordéon. Même la voiture balai avait des airs de guinguette ! C’était au temps héroïque où les « géants de la route » posaient leur vélo pour aller faire un brin de causette et vider une « mousse » ou un ballon de rouge avec des spectateurs sur les abords de la chaussée. Nous avions affaire alors à des héros romantiques, des chantres du maillot en laine, des esthètes qui faisaient chanter les dérailleurs sur le goudron de leur épopée, les maillots emblématiques n’étaient pas encore vintage et les tenues profilées des cosmonautes de l’asphalte n’étaient pas encore disponibles dans les penderies du grand cirque en chambre à air.

Aujourd’hui, fi de tout cela. Voilà que fusent les apothicaires de la performance, les tailleurs du compteur, minces comme des allumettes sentant le soufre, les muscles irradiés par les vitamines de l’effort et l’alchimie sulfureuse de poudre de perlimpinpin distillée par une armada de toubibs. A l’époque, les bicyclettes ne fonctionnaient pas encore au moulinet électrique…El Diablo arrivait encore à suivre les coureurs s’arrachant de la selle dans les cols…Las, aujourd’hui, il se crame les mollets à les suivre.

Bye bye Yvette. Voilà que tu as franchi enfin la ligne d’arrivée. Echappée belle. Entrée dans la légende cycliste, musicienne en goguette, tu avais enchanté les routes du Tour et même fait enfiler des bretelles aux coureurs cyclistes !

Ah que reviennent les temps héroïques des brasseurs de légendes pour nous faire à nouveau rêver. Car, aujourd’hui, nous sommes vraiment en manque d’épopées. N’est-ce pas Yvette ?

                                                                                   @ Laurent Bayart, 11 juin 2018

 

 

 

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