LIVRE / « UNE FORET DE LAINE ET D’ACIER » OU L’ORFEVRERIE DU MONDE DES ACCORDEURS DE PIANO.

C’est une petite orfèvrerie d’ouvrage que celui publié par l’auteure japonaise Natsu Miyashita « Une forêt d’acier et de laine », Prix des Libraires en 2016 dans son pays. Original, quant au sujet traité, ce livre nous entraîne dans le monde inconnu des accordeurs de piano, métier tout en finesse et en précision, un peu comme l’horlogerie. On se souvient que le célèbre skipper Olivier de Kerkauson, arpenteur des mers, se définissait lui-même comme un accordeur de piano ou plutôt d’océans, dans son récit « Océan’s song». Comme quoi…

Miyashita ouvre le grand capot du piano pour nous faire entrer dans les rouages de cet instrument singulier, source de passion et de raffinement musical. J’allais soulever le couvercle d’un des pianos pour en examiner l’intérieur. Quatre-vingt-huit touches, correspondant chacune à trois cordes métalliques, tendues bien droit, que venaient frapper des marteaux en forme de boutons de magnolia. Voilà, tout est dit ou plutôt écrit concernant cet espace harmonieux destiné à faire glisser nos doigts sur les touches…D’ailleurs, n’est-il pas précisé que le nombre de constellations, quatre-vingt-huit. C’est aussi le nombre de touches sur un piano…Plus loin, Tomura, jeune accordeur disciple du maître Itadori,  nous confiera : Si le piano était capable, miraculeusement, de faire ressortir la beauté tapie dans l’ombre pour me la rendre audible, alors j’acceptais volontiers de m’en faire le serviteur. 

Cet opus littéraire, traduit par Mathilde Tamae-Bouhon, se révèle être passionnant et nous fait découvrir que, pour que cet instrument de précision puisse offrir ses meilleures notes au talent de ses concertistes, il faut veiller  à l’hygrométrie de la pièce, la hauteur du tabouret, la légèreté des touches et caetera.

A lire ce livre, pianissimo, bien sûr !

                                                                                 @ Laurent BAYART

Une forêt de laine et d’acier de Natsu Miyashita, éditions Stock, la cosmopolite, 2018.

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