LIVRE / IRAN/ LE LONG SILENCE DE LA VOIX CACHEE

         Ce livre iranien pourrait être un film présenté au Festival International des Cinémas d’Asie de Vesoul, si toutefois un réalisateur prenait l’envie de s’emparer de cette narration. Parinoush Saniee, sociologue et psychologue iranien, censuré dans son pays, avait déjà publié un best-seller Le voile de Téhéran (que je m’empresserai de découvrir !). Aujourd’hui, La voix cachée nous raconte la vie muette de Shahaab, jeune garçon qui s’enfonce dans le monde d’un incompréhensible silence. Aimé par sa mère, il est pris pour un débile par son père et l’entourage. Ce livre raconte, sous l’angle de plusieurs narrateurs, le chemin escarpé de ce garçon qui a presque quatre ans et il ne parle pas encore. Pourtant sa sœur de dix-huit mois est un vrai moulin à paroles. Ainsi, se forment les différences et autres préférences…

La ligne de fracture se creuse entre sa famille et lui. A sa manière, il jettera quelques cailloux dans le ruisseau, manière d’alerter son entourage… aveugle. La vérité, en boomerang, remettra chacun à sa place et sera parfois cruelle et révélatrice : Pendant toutes ces années, tu as su parler, mais tu ne l’as pas fait parce que tu étais fâché contre eux. Ils ont cru que tu étais idiot et ils t’ont traité comme un retardé…

Ce livre raconte aussi la société iranienne contemporaine, les rapports familiaux et sociétaux avec le poids des associations islamiques rétrogrades : Ceux qui ne croient pas en Dieu et au prophète Mahomet ont des enfants retardés. Merveille d’ouvrage que l’on dévore, avec cette belle photo en couverture, très explicite et…parlante, signée Mohamad Itani.

                                                                        @ Laurent BAYART

La voix cachée, roman, de Parinoush Saniee, Robert Laffont, 2017.

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