BILLET D’HUMEUR/ ACTE 73 /SE METTRE EN TRAIN ENTRE FOOT ET LITTERATURE.

         Les trains sont toujours des lieux d’improbables rencontres. En témoigne ce voyage en Intercitésde Paris au Havre où la proximité passagère produit de drôles de tilt. Plongé dans la lecture de mon livre, je me retrouve parfois incommodé par un jeune couple asiatique hyper nerveux et agité (qui ne sont d’ailleurs pas placés ensemble, la femme est assise à mes côtés, tandis que son mari(ou son copain) est situé juste derrière elle). Le duo, phénomènes aux yeux bridés, n’arrêtant pas de mitrailler avec leurs portables, en mode appareil photographique. C’est tout azimut. Les quais de gare, les passants, les voyageurs, les paysages, les poteaux, les pancartes…Sans compter d’innombrables selfies dont ils « s’arrosent » ! C’est quasiment une image d’Epinal en live à côté de moi. Risible à souhait. Je hausse un peu les épaules et fais un clin d’œil à mon épouse qui se marre aussi en les observant.

Et soudain, la jeune femme se met à parler à son téléphone. Puis, elle me tend l’appareil qui dialogue en français, traduction instantanée du chinois ! On n’arrête décidément plus le progrès. Une voix électronique m’indique que mes compères sont des supporters de l’équipe féminine chinoise qui joue actuellement la coupe du monde au Havre ! Mazette ! Puis, souriants, ils me précisent (toujours via la voix (ou voie) de leur boitier) que cette prouesse de traduction est l’œuvre d’une entreprise chinoise. Puis, re-souriants comme des pastèques en plein soleil, ils me précisent  » Bienvenue à Beijing ! ». Et voilà, une invitation à nous rendre dans l’empire du Milieu… 

Je leur tends l’ouvrage que je suis en train de lire, un bouquin chinois de Liu Zhenyun : «  Peaux d’ail et plumes de poulet » avec même le titre en idéogrammes…Un des auteurs contemporains locaux les plus célèbres de son pays. Ses textes ont même fait l’objet d’une adaptation télévisée en 1995 qui est devenue un véritable phénomène sur la société post-Tian’anmen…lit-on dans la présentation de ce diptyque.

Et voilà que mes quidams me gratifient encore d’un énorme sourire. Je viens de marquer un but en or à l’équipe Chinoise. Les Français lisent les auteurs asiatiques ! Et les voilà qu’ils s’en vont en me gratifiant de grands signes et moulinets de la main. Mon amour, ça te dirait d’aller en Chine l’an prochain ? En train ! Me répond-elle… On ira voir une compétition de foot là-bas ! Match retour. Balle au centre.

                                                                           @ Laurent BAYART

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