LIVRE / PROFONDEURS DE GUILLAUME NERY OU APNEE-MOI PAR MON NOM !

Champion français d’apnée, Guillaume Néry a battu à quatre reprises le record du monde d’apnée en poids constant, champion du monde grâce à une plongée de 117 mètres, ce sportif – hors norme – se raconte dans ce livre passionnant intitulé « Profondeurs » écrit, conjointement – avec Luc Le Vaillant, journaliste et prix Albert Londres. Autant dire (et ce n’est pas forcément la loi du genre) que l’écriture de ce récit est plaisante et bien amenée.

Un livre à couper le souffle ? Oui, car on entre ainsi dans un univers peu connu, celui des apnéistes de haut niveau : Depuis dix-sept ans, mes moments les plus soufflants, les plus intenses, se déroulent bouche close, nez pincé…Hallucinant de savoir que le record d’apnée (statique) est détenu par Stéphane Mifsud qui est resté 11 minutes et 35 secondes, sur place, sans respirer….Guillaume Néry, quant à lui, s’en tient à 7 minutes et 42 secondes, pardonnez du peu, comme on dit ! 

Le sportif niçois, cosmonaute en Néoprène, (qui s’entraine dans la rade de Villefranche : somptueuse dans sa solitude hivernale, désertée par les touristes pétaradants et autres olibrius estivaux) évoque cette passion qui s’apparente à l’ivresse des hauteurs ou de la conquête spatiale :En altitude comme en profondeur, on pénètre dans des mondes extrêmes où les sensations sont autres…/…Celui qui grimpe est le frère de celui qui descend. Fil ténu et confettis en bulles d’oxygène qui le relient à la vie, lui qui fut victime d’une syncope et failli ne jamais revenir vivant de son périple aquatique. Il évoquera aussi l’accident fatal de Loïc Leferme, l’état de narcose, anesthésie ou ivresse des profondeurs mais aussi ces moments d’exaltation avec ses pérégrinations dans les abysses et son saut dans le « trou sans fond », dans les Bahamas, dont il réalisera un film emblématique Free Fall.

Philosophie et mysticisme des sommets à l’envers, Guillaume Néry nous lâchera cette confidence : Je m’insurge contre l’hypothèse du hasard…/…Je pense qu’il faut parier, comme Pascal, sur l’existence d’un principe créateur…

Autrement dit, entre les étoiles du ciel et celles de l’océan, plane l’ivresse de croire en une certaine forme d’absolu. Suspendre sa respiration, c’est comme entrer dans une éphémère forme d’éternité.

                                                                            @ Laurent BAYART

Profondeurs, en collaboration avec Luc Le Vaillant, de Guillaume Néry, Arthaud, 2014.

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