REVUE / « SPORT ET VIE » SUR L’ALPINISME OU LA MONTEE…VERS L’ENFER !

Le numéro 51, hors-série du toujours passionnant magazine Sport et Vie vient de paraître. Le thème est l’alpinisme. Manière de faire un tour d’horizon, assez complet, sur cette recherche d’absolu que ressentent ces marcheurs de la verticalité, « les clochards célestes » (titre d’un ouvrage de Jack Kerouac). Aucun tabou et beaucoup d’originalité dans ces articles qui démystifient cette quête des sommets où l’on parle des pionniers, mais aussi des femmes dont Henriette d’Angeville (à signaler tout de même qu’il existe encore des montagnes interdites aux femmes, comme le mont Omineau Japon !). Il est question aussi de ceux sans qui tous ces exploits seraient impossibles : les sherpas (représentant d’un peuple Pa qui vit dans l’est sher, sur les pentes des plus hautes montagnes du monde). On y évoque aussi le dopage, ces moments intimes dont on ne parle jamais dans les récits : comment chier en paroi ? Et ces incroyables montagnes…d’étrons qui s’entassent dans les hauteurs car, vu le froid polaire, ils restent bien en place !  On a calculé qu’avec les milliers d’ascensions par saison, onze tonnes d’excréments humains souillent les pentes de la montagne chaque année, sans véritablement se décomposer… Face ou plutôt fesses cachées de la gloire !

On ne parle pas non plus des montagnes de détritus qui jonchent ces lieux idylliques et de tous les cadavres, aventuriers disparus, qui (re)jaillissent avec le réchauffement climatique (il y en aurait 300 !). Incroyable ruée vers les sommets et notamment vers le plus haut du monde, l’Everest (qui porte le nom du géomètre anglais, George Everest, (1790-1866) avec 807 personnes qui sont arrivés à sa pointe, à ce chiffre, il faut rajouter leurs acolytes porte-faix, les sherpas dont on ne parle jamais ! Du business et des incroyables ressources financières que cela génère, notamment pour le Népal (le tourisme représentant 42% du produit intérieur brut). 

Anne-Laure Boch, docteur en philosophie, neurochirurgien et alpiniste aguerrie compare l’alpinisme à une ordalie, autrement dit à une épreuve dont on sort soit triomphant soit mort ! En clair, on soumet son existence au jugement de Dieu.  Et, un peu plus loin, l’écrivain Cédric Sapin-Defour de rajouter : Et si l’on venait à conclure que l’alpinisme est indéfinissable, alors nous tiendrions une définition tout à fait honorable de cette chose.

                                                                          @ Laurent  BAYART

Sport & Vie, hors série numéro 51, l’alpinisme, les questions qui tuent.

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