LIVRE / LES NUITS SONT CALMES A TEHERAN (MAIS PAS LES JOURS…)

Voici un livre précieux car il constitue une manière de documentaire sur un pays, somme toute, à la fois bien connu, actualité oblige, mais aussi assez mystérieux depuis la fuite de Mohammad Reza Pahlavi, dit le Shah et  l’instauration de la République Islamique d’Iran avec la venue de l’ayatollah Khomeyni.

Nous sommes ainsi confrontés aux soubresauts de l’histoire récente de cette Perse moderne, sous le regard d’une jeune auteure en la personne de Shida Bazyar. Sur la couverture de ce livre intitulé Les nuits sont calmes à Téhéran, on y découvre une photo de la capitale, en version nocturne, avec la Tour Milad en fond, extérieur/nuit.

L’histoire se décline en cinq séquences, qui vont de 1979 à 2009, avec Behsad et Nahid, leurs enfants et leurs amis, militants communistes, ayant trouvé refuge en Allemagne. Entre cette révolution qui bascule d’un totalitarisme à un autre, nous nous faufilons dans la vie quotidienne des habitants de Téhéran avec le diktat des religieux et de la mainmise d’une certaine forme de sacré. Poussée de manifestants en quête de liberté, réfrénées par les autorités au pouvoir. Nous voulons sauf ressembler à la jeunesse américanisée voulue par le Shah. Nous nous rasons certes aussi mal que possible, mais nous nous rasons pour ne pas ressembler aux fidèles barbus…

Certes, pour faire référence au titre sibyllin de ce livre, les journées – par contre – sont si bruyantes. Si bruyants les gens dans l’immeuble, si bruyants leurs paroles pour des choses sans importance, si bruyantes leur hésitation pour des choses importantes. Si bruyant leur rire, si bruyantes leurs exclamations, les formules de politesse….Et plus loin : Au dehors les rues, un bruit épouvantable, les chaussées archipleines, les klaxons…

Née, en Allemagne, Shida Bazyar nous raconte l’exile de cette diaspora iranienne  (le livre a d’ailleurs été traduit de l’allemand) : J’ai ramené un zéro à la maison. Je ne sais pas pourquoi c’est arrivé. D’habitude, j’ai des bonnes notes parce que je trouve ça gênant de se faire remarquer par de mauvaises notes. Surtout quand on est la seule fille de la classe qui n’est pas inscrite en tant que « catholique romaine », mais musulmane…

On appréciera aussi à la fin du volume, la chronologie historique des événements, ainsi qu’un salutaire et intéressant glossaire.

                                                                       @ Laurent BAYART

*  Les nuits sont calmes à Téhéran, traduit de l’allemand par Barbara Fontaine, de Shida Bazyar, Editions Slatkine & Cie, 2018.     

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