BILLET D’HUMEUR / ACTE 87 / RE-INVENTER LE MONDE AVEC TOI.

les pieds d’Alphonse et de son papy Lo…

L’art d’être grand-père, c’est prendre le temps des connivences. De poser les instants précieux sur le banc d’une gare et de regarder passer l’ivresse filante des trains, rapides, lents, supersoniques, brinquebalants, longs caravansérails de contenaires en partance vers d’improbables routes de la soie, et ses passagers pressés de partir/ de rentrer, d’aller là où le destin de l’agenda les convoque. Avec toi, majuscule de petit garçon, je voudrais refaire le monde. Mieux ! le ré-inventer et le ré-enchanter. Une gare comme un symbole de nos existences où, parfois, nous prenons certains trains, sautons dedans à pieds joints mais aussi, loupons nos destinées/destinations. La vie ne tient finalement pas à grand chose. A un fil ? Non, à la limaille des rails qui déroulent leurs grandes échelles à l’horizontal du sol. Parfois, certains croupissent dans des salles d’attente. Spectateurs/voyageurs plus qu’acteurs. Dans le hall, leurs trains ne s’affichent jamais sur les panneaux électroniques. Gare à vous, passants ! Ne loupez jamais votre train. Et puis, il y a les terminus. Le butoir des rails où tout se termine…Si on savait, que l’omnibus que l’on prend ne mène nul part…

Avec toi, petit garçon, je croque le temps comme une noisette. Les gares constituent des lieux symboliques où l’on médite et philosophe. Avec ton aide, je voudrais bien refaire le monde. Le ré-inventer et même le ré-enchanter ! Pour que demain, ton train soit léger comme une étoile.

Sur ce banc, nos pas emmêlés dessinent déjà la voie. Je t’offre le monde de demain tel que je voudrais qu’il soit.

Ne perds jamais le chemin du soleil. Dans tes yeux, je resterai – bien après ma mort – comme une lumière à regarder passer les trains avec toi.

Même si je ne serai plus sur ce siège, mon invisible main dans la tienne continuera à te montrer le chemin.

Seul l’amour demeurera comme un billet perdu sur ce banc.

                                                                           copyright Laurent BAYART

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