BILLET D’HUMEUR / ACTE 149 / UN JOUR, NOUS PARTIRONS EN VOYAGE…

         L’appel des lointains nous titille, jour après jour. A force de voir filer les trains, nos valises se sont prises pour des voiles de navigateurs et se sont gonflées comme des focs de navires soufflés par l’alizé ou le noroit de la partance. Partir, larguer ce qui nous reste d’amarres pour s’en aller en laissant le souvenir de nos semelles sur notre paillasson. La boite-aux-lettres, réceptacle des factures et autres missives, demeurera en déshérence. Drôle de poste restante…Le vélo et la sacoche du facteur apprécieront.

Nous nous en irons, abandonnant le jardin-potager à la discrétion des merles et des pies, à l’ivresse des bourrasques et à la bombance des nuages. Nous partirons, sans avoir le nom de la ville ferroviaire imprimé sur le carton de nos billets. C’est mieux ainsi. Nous laisserons l’imaginaire décider pour nous.

Mais, n’allez pas nous chercher dans un quelconque cimetière ou jardin du souvenir.

Là, où nous porterons nos âmes, nulle trace de rails ou de chemins ne balisera notre itinéraire.

Nous vaquerons telles des hirondelles vagabondes sur un fil téléphonique tendu. En communication coupée, voire suspendue. Funambules de l’éternité.

Ici, notre voyage prendra sa majuscule.

                                                                           © Laurent BAYART

                                                                                 21 janvier 2021

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