BILLET D’HUMEUR / ACTE 176 / NOUS SOMMES DEUX…

photo Patricia Chabas, Bretagne.

          Le vent mauvais nous a emportés dans le sable fin de nos rêves, à imaginer des jours meilleurs que nous tricotions ensemble à force de se tenir les mains jointes, dans la prière du bonheur, à s’accrocher aux palpitations de l’amour tels des coquillages sur les falaises. Après tant d’années, les yeux écarquillés, nous avons résisté aux embruns, aux tempêtes et à la rouille qui se glisse –inexorablement- sous la coque des bateaux. Vivre intensément comme un rendez-vous qui n’aurait plus de fin. Figé dans l’agenda des jours qui passent et nous tourneboulent. La houle a jeté les couleurs d’ardoise et de craie sur nos soleils bousculés. C’était hier que nous nous étions rencontrés. Blouse blanche d’infirmière et moi, poète, trop rêveur pour s’accrocher au goudron du plancher des vaches. Les mots portaient mes pas dans l’allégresse des rencontres. Les étoiles dans les yeux que je t’ai partagées avec toi, jusqu’à t’en déposer une au fond des pupilles.

L’océan, et sa grande marée, un jour nous emportera. Dans les pays dont nous n’avons pas idée.

Partir, c’est ne plus regarder passer les nuages, mais devenir mouette ou goéland à jongler avec les vents d’autan, et s’amuser de l’instant qui s’éternise et fait du surplace.

Dieu, comme un cerf-volant, nous poussera plus loin, beaucoup plus loin…

On appelle ça, le grand large.

                                                                                         30 juin 2021

                                                                   © LaurenBAYART

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