BILLET D’HUMEUR / ACTE 10/ FAIRE LA PLANCHE AUX BELLES FILLES…

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* photo de Némorin (Erik Vacquier)

Le Tour de France reste magique et mythique. Il n’est qu’à apprécier l’incroyable engouement que suscite cette épreuve sportive auprès du public. Le lundi 14 juillet, nous étions « placés » sur les bas-côtés de la longue rampe de la Planche des Belles Filles dans l’attente des «forçats de la route ». Les heures à patienter nous ont permis de déguster des instants rares. Peuplade internationale de gens en goguette, comme dans les clichés. Zombis carnavalesques grimés pour une sacrée mascarade, population haute en couleurs et en passion. Familles entières avec les chaises pliantes, leurs tables et leurs bouteilles de rouge. Drapeaux de toutes les nations unies dans la souffrance de l’effort et incroyable cavalcade de cyclos sportifs qui sont venus « honorer » cette interminable pente en prélude des pros. Nous étions admiratifs devant ces athlètes dépareillés et anonymes qui s’enfonçaient dans la souffrance de la montée, le nez dans l’asphalte. J’ai souvent été abasourdi par ces sans-grades qui escaladaient cette Planche sur d’improbables bicyclettes, à l’image de ce monsieur obèse dont le ventre flasque et proéminent faisait un bruit de pudding en aquaplaning… et qui s’entêtait, vaille que vaille, à faire son ascension au rythme de l’escargot en zigzaguant…Chapeau bas, Monsieur !

 En effet, on en oublierait presque la course…Quand, tout d’un coup, l’hélico a annoncé deux coureurs échappés avec à leurs trousses une poignée de cyclistes…Puis, ce fut l’interminable procession de ces héros, les yeux hagards, arborant le masque des gladiateurs de la fatigue…

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Longtemps après, la route s’est ouverte à cette joyeuse ribambelle de gens. On se serait cru à une grande braderie. Tout le monde s’est mis à redescendre la pente en se remémorant la belle journée passée, les cyclos sportifs fusèrent avec les pros…Et dans le charivari de cette cohue, parfois un coureur en sens inverse s’obstinait à grimper à rebrousse poil….On avait oublié que la voiture-balai n’avait pas encore débarrassé la route de ces naufragés, attardés dans la sueur de leurs dossards collés au dos comme de la poisse…

                                                                                                                     Laurent BAYART

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