LE SAPIN S’HABILLE POUR LES JOURS DE FETES…

photo de Marie Bayart.

                                                      Avec la complicité de Jules et de Camille,

          Il était nu comme un ver, ou plutôt tel un épicéa des sylves vosgiennes. Un coup de scie lui a rogné les pieds, tandis qu’un bûcheron l’a « rapatrié » dans la grande ville avec ses divins effluves et sa résine qui suinte comme du sirop d’érable…Et le voilà qui trône, à poils ou plutôt tout en épines, dans le salon prêt à l’accueillir et à l’habiller en costume de galas.

Les enfants, en couturiers de Noël, stylistes et modélistes, se mettent à le vêtir de pieds en cap. Le simple sapin de la forêt se transforme en gentleman, chamarré d’une interminable guirlande argentée comme le boa de Zizi Jeanmaire ! On l’affuble de drôles de médailles tel un pacifiste combattant, sapé de boules et de peccadilles scintillantes qui brillent à l’image d’une boule à facettes. Sur le chef, on lui glisse une pointe mais pas de casque à…l’image de la soldatesque teutonne ! 

Et puis, le voilà consacré pour la Sainte Nuit, car des bergers viennent installer leur campement, en y déployant l’emblématique crèche…Un âne et un bœuf enchantent cette étable improvisée où un Nouveau-Né illumine ce lieu de paille et d’écorce. Santons et saints suivent l’Etoile d’un berger qui se glisse sous le résineux.

Les enfants reculent pour admirer ce frère de lumière. Le sapin est devenu une cathédrale posée dans un salon. Dieu – assis sur le canapé ? – en prestidigitateur attend la venue de celui qui viendra changer la destinée du monde…

Quelques oiseaux échappées d’une volière, à l’instar d’anges et de chérubins, se mettent à pianoter sur leurs becs, Sainte Nuit, Douce Nuit…

La neige, comme de la farine, se met à tomber et saupoudrer de blanc le parquet du sol, par le grand tamis des nuages. Un boulanger inspiré prépare une hostie de pain à partager pour demain matin. 

Levain de grâce et d’amour. Le monde appartiendra à celui qui l’aimera.

                                                                            © Laurent BAYART

                                                                              1er décembre 2022

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