LIVRE/ LE CHEMIN DES ESTIVES OU UNE ODE A L’OFFRANDE ET A LA QUETE DE L’ESSENTIEL MAIS AUSSI AU MASSIF CENTRAL.

          Charles Wright, écrivain et journaliste, a pris la poudre d’escampette mais lentement, pour s’en aller vagabonder dans l’instant au fil des paysages et des rencontres du Massif central qu’il traverse, avec Parsac, son ami compagnon et aspirant jésuite comme lui. Sans un sou et à pied, ils s’en vont à la quête de l’essentiel, des rencontres et de la bienveillance des gens car ils vivront des offrandes que l’on veut bien leur octroyer…Sept cents kilomètres à travers les Puys et les montagnes sous l’œil goguenard et emblématique des vaches qui semblent faire figure de dieux tutélaires des lieux. Sous la houlette et la lecture de Rimbaud (Les Illuminations) et de Charles de Foucauld (L’Imitation de Jésus Christ), ils se font pérégrins et pèlerins de l’absolu en quête, chaque jour, des victuailles offertes et d’un toit pour passer la nuit…

Aventure humaine mais aussi physique aussi, en traversant la Dordogne, la Haute-Vienne, la Creuse, le Puy-de-Dôme, le Cantal, la Lozère et l’Ardèche. Une mappemonde à taille humaine ou plutôt hexagonale…Les paysages, comme les hommes confinés, portent un masque, il faut les fréquenter longuement avant qu’ils dévoilent leurs secrets. Je vais mettre trente jours pour un voyage qui peut se faire en six heures en voiture…Se mettre dans la peau de ces clochards qui tendent la main : Il faut avoir sacrément faim pour braver l’humiliation de demander sa pitance à des inconnus ! Sans carte bancaire, ni portefeuille, le sésame des portes ne s’ouvrent plus forcément et pire, se claquent parfois sous leurs nez ! Les marcheurs deviennent philosophes à force de côtoyer les étoiles (en dormant dehors !) : Dans un voyage, les rencontres sont intenses sans doute parce qu’elles sont sans lendemain. Et plus loin : Le but de ce voyage est de s’habituer à l’aléatoire. École buissonnière de la nudité et de l’humilité, de ce dénuement qui révèle et réveille l’esprit…Et Charles Wright de rajouter, avec pertinence : Mais le voyage est un exutoire illusoire, on ne se débarrasse jamais de ses problèmes, on ne fait que leur faire voir du pays. 

Ce périple, au fil de sublimes paysages et de fécondes rencontres, aura changé les deux hommes, l’un se fixera dans l’ordre des Jésuites, l’autre dans la terre ardéchoise, en sachant que notre vocation, c’est de passer.

Une marche dans un Massif central et ses puys dans lesquels on remonte l’eau d’un certain renouveau. Le randonneur devenant sédentaire pour faire(enfin) marcher et vibrer son âme en regardant filer et courir les étoiles…

                                                                   © Laurent BAYART 

  • Le chemin des estives de Charles Wright, Éditions Flammarion, 2021.

Laisser un commentaire