Archives de catégorie : Blog-Notes

BILLET D’HUMEUR / ACTE 58/ LIMACES SALACES QUI ME FONT LA GRIMACE…

         On ne dit rien ou presque de la sourde invasion des limaces salaces qui font, à mes salades, des inconvenantes grimaces. Ces donzelles mollasses qui rampent comme des militaires en treillis sur la terre de mon potager, à ras les godasses, n’ont de cesse de poinçonner les feuilles des laitues et des frisées. Las elles pendouillent même gaillardement sur le basilic, la ciboulette et j’en ai même surprise une en train de mâchouiller une tomate, laissant derrière elle un trou béant dans le ventre rondelet de ma Marmande…Quant aux palmes de mes courgettes, ces gluantes morphalettes font des alvéoles dans leurs panneaux solaires naturels. Ainsi, chaque matin, à « la fraîche », je découvre ces gastéropodes faire le ménage dans mon jardin en laissant la trace de leur mucus en symphonie de trainée blanche. Impossible de leur laisser la vie sauve sinon elles trucideraient, sans pitié, l’exubérance végétale de mon havre de paradis. Alors, je n’ai d’autres choix que de les écrabouiller avec mes bottes en caoutchouc. Ah, ce douloureux craquement de coquilles d’escargot sous ma semelle de bourreau. Salace contorsion du destructeur. Je joue au sérial killer de jardinet mais je n’ai guère le choix ! Si je veux encore concocter un assaisonnement pour une délicieuse salade verte, il me faut les éliminer sans coup férir. Ecraser l’impie sur mon territoire sacré. Sinon, ce sera un désert de feuilles perforées, rognées, déformées par les pointillés de leurs minuscules mandibules.

Incroyable armée de limaçons à fringales mouvantes qui bouffent ainsi, chaque jour, sans vergogne le fruit de mon labeur. Aussi, à regarder la paix et la sérénité d’un jardin, on est à mille lieues d’imaginer l’effroyable guerre larvée qui se déroule à hauteur de semelles. Effroyable boucherie verte et extermination dans les tranchées gluantes de ma terre, avec les baïonnettes de leurs antennes, elles vont à hue et à dia sur les oreilles de mes batavias.

Mais une autre menace pointe déjà sur mon territoire, un plant de pommes de terre vient de détecter la présence d’une famille de doryphores en villégiature gastronomique. Alerte générale dans le potager. Les aubergines et les haricots, transformés en sirènes, hululent sourdement…

Le jardinier est sur le pied de guerre.

                                                                               @ Laurent BAYART, 19 juin 2018

BILLET D’HUMEUR/ ACTE 57/ UN TOUR EN ACCORDEON OU YVETTE S’EST ECHAPEE…

(dessin de Bruno Cortot, extrait de l’ouvrage « Un amour de Bicyclette » de Laurent Bayart)

Ah, cette fois-ci, le Tour de France est bel et bien mort avec Yvette qui a pris (la bonne ?) échappée à l’âge de 95 ans. Elle faisait partie d’une manière de légende de la Grande boucle, lorsqu’une certaine forme de poésie régnait sur les routes de France au son du flonflon de l’accordéon, des podiums enjoués et d’une caravane publicitaire qui défilait en accordéon. Même la voiture balai avait des airs de guinguette ! C’était au temps héroïque où les « géants de la route » posaient leur vélo pour aller faire un brin de causette et vider une « mousse » ou un ballon de rouge avec des spectateurs sur les abords de la chaussée. Nous avions affaire alors à des héros romantiques, des chantres du maillot en laine, des esthètes qui faisaient chanter les dérailleurs sur le goudron de leur épopée, les maillots emblématiques n’étaient pas encore vintage et les tenues profilées des cosmonautes de l’asphalte n’étaient pas encore disponibles dans les penderies du grand cirque en chambre à air.

Aujourd’hui, fi de tout cela. Voilà que fusent les apothicaires de la performance, les tailleurs du compteur, minces comme des allumettes sentant le soufre, les muscles irradiés par les vitamines de l’effort et l’alchimie sulfureuse de poudre de perlimpinpin distillée par une armada de toubibs. A l’époque, les bicyclettes ne fonctionnaient pas encore au moulinet électrique…El Diablo arrivait encore à suivre les coureurs s’arrachant de la selle dans les cols…Las, aujourd’hui, il se crame les mollets à les suivre.

Bye bye Yvette. Voilà que tu as franchi enfin la ligne d’arrivée. Echappée belle. Entrée dans la légende cycliste, musicienne en goguette, tu avais enchanté les routes du Tour et même fait enfiler des bretelles aux coureurs cyclistes !

Ah que reviennent les temps héroïques des brasseurs de légendes pour nous faire à nouveau rêver. Car, aujourd’hui, nous sommes vraiment en manque d’épopées. N’est-ce pas Yvette ?

                                                                                   @ Laurent Bayart, 11 juin 2018

 

 

 

LIVRE/ CETTE « PIERRE DE PATIENCE », CHEF D’ŒUVRE ABSOLU QU’ON PEUT VOIR ET LIRE…

J’avais découvert ce film somptueux lors d’une édition du Festival International des Cinémas d’Asie de Vesoul, réalisé par l’auteur du livre éponyme d’Atiq Rahimi qui obtint le Prix Goncourt en 2008.

Je viens de dévorer son ouvrage, tout aussi magistral. En effet, rares sont les adaptations réussies, celles qui se calquent avec maestria sur la version papier originelle. Et là, c’est un petit bijou où l’on y retrouve l’atmosphère des images, une seule chose étant modifiée, le dénouement…Rappel : ce huis clos raconte le face à face d’une épouse afghane avec son mari, qui gît inconscient, après avoir pris une balle dans la nuque lors d’une bagarre. Syngué sabour est cette pierre de patience magique que l’on pose devant soi pour déverser sur elle ses malheurs…La pierre écoute jusqu’à ce qu’un jour elle éclate. Ce livre est un brûlot fustigeant cette société patriarcale qui écrase les femmes : Le mollah ne viendra pas aujourd’hui, dit-elle avec un certain soulagement. Il est aussi lâche que tes frères…Et plus loin, dénonçant cette abjecte hypocrisie : en baisant une pute, vous ne dominez plus son corps. Vous êtes dans l’échange. Vous lui donnez de l’argent, elle vous donne du plaisir…/…Mais voler la virginité d’une fille, violer l’honneur d’une femme ! Voilà votre crédo ! Et voici que cette femme déverse le trop-plein de ses humiliations sur cet homme qui n’est plus qu’un confetti de mari. Tu lui parles, tu lui parles. Et la pierre t’écoute, éponge tous tes mots, tes secrets, jusqu’à ce qu’un beau jour elle éclate. Elle tombe en miettes.L’auteur la compare à cette Pierre Noire autour de laquelle tournent des millions de pèlerins durant la grande fête de l’Aïd et qui se trouve à La Mecque.

La patience, Al-Sabour,le dernier nom de Dieu, comme une confession que l’on chuchote devant le sanctuaire de la vie qui file et défile…

                                                                                                              @ Laurent BAYART

 

* Syngué sabour, Pierre de patience d’Atiq Rahimi, éditions P.O.L. 2008

LIVRES / TEULE SUR TOLLE OU LA LITTERATURE QUI DECAPE !


 
Oui, j’avais été subjugué par « Entrez dans la danse ! » de Jean Teulé, puis magistralement consterné par « Mangez-le si vous voulez ! » où l’histoire vraie d’un crime collectif commis par une foule prise de délire et par la haine du teuton. Incommensurable calvaire enduré par Alain de Monéys, un après-midi du 16 août 1870 dans la commune périgourdine de Hautefaye. Le notable se rendant à la foire du bourg pour connaître un incompréhensible supplice dans une extrême barbarie.  Et pourtant, tout le monde l’appréciait dans la commune ! On a parlé « d’hystérie collective ». Il y a dans ce parcours, en chemin de croix, des manières de « Dupont la joie » et un zest de « L’étranger » de Camus lorsque le malaise vire au cauchemar.  A lire aussi, cette « Fleur de tonnerre », récit également tiré de l’histoire criminelle avec cette tueuse en série, empoisonneuse bretonne, Hélène Jégado, genre de grande faucheuse de l’assiette…

Et récemment, je viens de faire un tour dans « Le magasin des Suicides », toujours du même auteur, le prolixe et déconcertant Jean Teulé nous offre cette fois-ci une narration imaginaire mais d’un humour noir décapant, voire revigorant dans lequel il est question d’un magasin « où l’on veut depuis dix générations tous les ingrédients possibles pour se suicider ». C’est une farce drôlatique et…finalement pleine d’entrain où les personnages portent de singuliers patronymes (de suicidés célèbres !) comme Marilyn, Mishima, Alan (Turing, inventeur de l’ordinateur d’où viendrait la pomme Apple) qui a trempé une pomme dans une solution de cyanure et l’a croquée (d’où le célèbre logo…). Boutique où l’on ne dit jamais au revoir ! Aux clients…Magasin où les gérants mangent même du gigot d’agneau qui s’est jeté de la falaise. O conscience professionnelle quand tu nous tiens…Quant à la porte de la machiavélique officine, elle est dotée d’un squelette qui tintinnabule lorsqu’on entre….Et parlant du slogan, il est merveilleux de logique : Vous avez raté votre vie ? Avec nous, vous réussirez votre mort !

 Décapant également ce Charly 9, un zest iconoclaste de ce Charles IX qui a 22 ans commandita (sous le joug de sa mère, Catherine de Médicis) le massacre de la Saint-Barthélemy. Il devint fou et sua du sang…Le monarque sanguinaire (dans tous les sens du terme) confiera : Sans doute que j’aurais pu devenir un grand roi. Lui qui sera jeté, non pas à Saint-Denis mais dans une fosse commune.

Enfin, paillard et coquin à souhait, Héloïse, ouille ! est une farce historique charnelle et sensuelle, mais également une puissante et incroyable histoire d’amour qui reste gravée au fil des siècles. Teulé la sublime avec élégance et trivialité, mais :  Une amour (on employait le féminin à l’époque !) de cette ampleur escalade le ciel !

 Oui, j’aime les ouvrages de Teulé qui rappellent à l’être humain que vivre et mourir ne sont…finalement pas de tout repos…et qu’entre les deux,  ma foi, il se passe bien des choses !

                                                                                                               @Laurent BAYART

  • Entrez dans la danse ! éditions Julliard,
  • Fleur de tonnerre, éditions Julliard
  • Mangez le si vous voulez ! éditions Julliard
  • Le magasin des suicides, éditions Julliard.
  • Charly 9, éditions Julliard.
  • Héloïse, ouille !, éditions Julliard.

 

 

 

 

LIVRE/ VOYAGE ENCHANTE EN « BICYCLETTRES ».

 Petit chef d’œuvre littéraire et cycliste que cet ouvrage signé par un jeune écrivain de vingt ans ! Oui, vous avez bien lu. Vingt printemps et il enchaîne…le grand braquet en se mettant à faire une forme de tour de France des écrivains et des lieux emblématiques de l’écriture. Du cimetière marin de Paul Valéry, à Sète, à la villa su Mont-Noir de Marguerite Yourcenar dans les Flandres (Gare aux « murs », terreurs des vélocipédistes !), d’Illiers-Combray, au cœur de la Beauce et cetera et cetera.

Déjà son prénom a de quoi se poser des questions : Jean-Acier, comme un clin d’œil à cette expression de jadis pour signifier la petite reine : la fée d’acier…Pour célébrer mes dix-huit ans et l’été qu’ils annonçaient, j’ai conduit ma bicyclette vers des lectures que j’affectionne. Hallucinante, rafraîchissante et vivifiante littérature qu’il emprunte parfois à Paul Morand : A douze ans, j’eus ma première bicyclette ; depuis, on ne m’a jamais revu. Jean-Acier Danès se plaît à explorer un pays qui contient plus que sa mémoire…Détour et retour enchantés dans des paysages qui prennent leur temps, loin des autoroutes qui font filer les êtres humains vers les terminaux de leur existence. On ne voyage nulle part grâce à l’autoroute. On passe, on va quelque part, mais on ne voyage pas. Tout au mieux, on reproduit les conditions essentielles à une sensation de voyage : le panneau historique indique un patrimoine que nous n’irons pas voir mais que nous aurons le sentiment d’avoir fréquenté…

Magnificence de cette littérature qu’un jeune homme apprivoise déjà à merveille avec un porte-plume singulier : une bicyclette. Loin de la recherche de la performance à tout prix, j’ai voulu faire cela : être heureux quelques semaines avec la candeur de cet enfant, les rêves d’un littéraire et d’un vagabond qui grandit.

                                                                                                              @ Laurent BAYART

* Bicyclettres de Jean-Acier Danès, Editions Seuil, 2018.                      

BILLET D’HUMEUR / ACTE 56 /GCO / GRAND CON-TOURNEMENT COMPLETEMENT A L’OUEST ?


Cycliste, amoureux du Kochersberg,  lorsque je suis en chambre à air, je me régale et savoure les paysages vallonnés de ces terres colorées par les champs de céréales et les piliers des houblonnières dressés comme de vertes partitions musicales sur les petites collines enchantées de ce patchwork de couleurs. En roulant sur le tapis noir du goudron, truffé de cotillons-bolides automobiles se déplaçant souvent à toute berzingue, mes neurones n’arrêtent plus de tintinnabuler sous le couvercle de mon crâne, posant la lancinante question :Pourquoi couler encore et encore du goudron sur ces terres si fertiles et dans ce paysage si bucolique ? Pourquoi toujours et encore mettre la bagnole au centre de nos existences ? N’est-il pas (grand) temps de changer de braquet ? N’avait-on pas affirmé ici et là l’importance de placer cette fameuse « transition écologique » au cœur de nos vies ? De mettre en « pédale douce » les carrosseries motorisées. L’autoroute à hauteur de Strasbourg serait encombrée – nous dit-on – de plus 160.000 véhicules aux heures de pointe ! Ca fait une belle procession funeste pour nos poumons ! Tous ces petits popotins en pots d’échappement qui nous gazent à feu doux… Ras la chaîne de vélo aussi de ces fusées à carrosserie qui frôlent les bicyclistes sur les routes du Kochersberg, avec l’envie de les éliminer du paysage. Mortel tango en gymkhana. Qu’est-ce qu’ils foutent donc dans mes jantes ces vélocipédistes qui n’ont pas besoin de stations essences pour recharger leur batterie !Nom d’une pompe…à vélo. Plutôt que cette pollution en puanteur de d’exhalaisons carboniques, ces embouteillages quotidiens, des bidons et encore des bidons cyclistes à la queue leu leu…Je me dis en pédalant, guilleret et allègre, qu’il est vraiment temps de peindre en vert le noir de nos routes. Et la meilleure peinture, n’est-ce pas le vélo, non ? L’ambassadeur du bien vivre, de la santé, de la forme, des rencontres, de l’humanisme et de la bonne humeur.

Vous arrive-t-il de siffler le matin dans l’habitacle de votre voiture pour vous rendre au boulot ? Moi oui ! Sur ma monture, c’est comme si je glissais une piécette de joie dans le cadre de ma petite reine qui se transforme –pour la circonstance – en juke-box ambulant ! La musique du pédalier faisant foi du bonheur de l’instant.

Nul besoin de contournement et d’un nouveau rouleau d’asphalte épais pour comprimer le paysage. La voie est toujours libre et chantante quand on roule en chambre à air !

Et si la vraie modernité venait finalement de cette vieille invention qu’est la bicyclette ?

                                                                                                           @Laurent BAYART

                                                                               

 

 

                                                              

 

LIVRE / LA BELLE ET TENDRE HISTOIRE D’UNE AMITIE « CHATOYANTE ».

Les belles et tendres histoires sont suffisamment rares  pour ne pas bouder notre plaisir. Découverte ces jours-ci du livre de l’auteure japonaise Hiro Arikawa « Les mémoires d’un chat ». Outre le superbe visuel de la couverture et le titre bien…alléchant, ce roman paru courant 2017 raconte une indéfectible amitié entre un jeune homme Satoru et un chat de gouttière qu’il baptise du nom de « Nana », après l’avoir recueilli et soigné, suite à un accident.

On part ainsi dans une série de voyages et de rencontres vers le passé du jeune homme qui – pour une raison que l’on découvrira à la fin – doit se séparer de son ami à coussinets. Pérégrinations en quête d’une vieille amitié ou parenté qui veuille bien s’occuper de son chat. Déchirements et retour vers le passé de Satoru que le lecteur découvre au fil des pages et du dénouement. Une magnifique et magistrale histoire d’amour et de fidélité qui remplit l’âme de bonnes ondes : C’est en énumérant les souvenirs de voyage qu’on se dirige vers le voyage suivant. Et plus loin, parlant de la mort et la séparation : Et on se retrouve tous ensemble avec les amis, un jour, au-delà de l’horizon.

Une belle littérature d’une auteure asiatique née en 1972 qui publie-là son premier roman, rendant hommage aux sentiments les plus nobles de l’être humain et de l’animal que réunissent fidélité et amour. Une belle leçon de vie !

 

                                                                                     @ Laurent Bayart

 

* Les mémoires d’un chat, roman, d’Hiro Arikawa, roman traduit du japonais par Jean-Louis de la Couronne, Actes Sud, 2017.

LIVRE/ LA GRISANTE DANSE DE MORT DE JEAN TEULE


Avec une hallucinante dextérité et une narration effrénée, ludique et rondement menée, l’écrivain Jean Teulé (que je découvre) nous conte un incroyable épisode de l’histoire de la ville de Strasbourg. Nous sommes en juillet 1518, une étrange épidémie de danse (crise d’épilepsie ?) surgie comme une grotesque malédiction, laissant dépités les édiles de la ville : l’ammeister Andreas Drachenfels et le prince évêque Guillaume de Honstein, personnages dramaturgiques, voire ubuesques, qui ne savent plus à quels saints se vouer afin de catalyser les gestes de leurs administrés et de leurs ouailles. cité devenue nef des fous. La danse strasbourgeoise est comme une eau qui s’infiltre partout parmi les témoins. Ceux que les danseurs atteignent en perdent l’entendement, et entrent tout aussitôt dans la ronde à leur propre étonnement.

 En Saint-Guy et chorée, les membres inférieurs et supérieurs des habitants de cette cité sont pris d’une agitation frénétique et se mettent à danser jusqu’à ce que mort s’ensuive, sur les planches de l’estrade de la place du marché aux chevaux. La verve littéraire de Jean Teulé nous entraîne dans une grisante chorégraphie qui nous tient en haleine. Les tableaux et décors sont magnifiquement brossés et l’humour, la dérision et l’absurde se propagent comme la peste dans les rues. Pendant ce temps-là, le guetteur de la cathédrale attend l’attaque imminente de l’armée turque, comme d’autres attendront Godot quelques siècles plus tard. Le clergé potentat et richissime vend son paradis à prix d’or mais l’ombre menaçante de Martin Luther se profile…On tremble pour les privilèges des éclésiastiques.

C’est drôle à souhait, merveilleusement bien écrit et décrit, Même la musique de la messe à la cathédrale déclenche un gigantesque flash mob et autre techno parade…A l’arrivée, le lecteur entre lui aussi dans la transe/danse, Jean Teulé provocant un tollé grinçant qui nous met en émoi. Bravo pour cette fête déjantée de l’imagination, où les chroniques de l’histoire se mettent à faire danser aussi… les mots !

                                                                                                              @ Laurent BAYART

 * Entrez dans la danse de Jean Teulé, roman, Julliard, 2018.

BILLET DE (MAUVAISE) HUMEUR / ACTE 55   / LE TANGO MORNE DES NIOUZES DE L’ACTUALITE.

Bon, ok, les feuillets de l’actualité n’ont jamais été parfumés à la lavande ni aux pétales de rose, mais depuis quelque temps ça sent toujours plus le rance, le vomi et l’étron. Les lecteurs/téléspectateurs, voire auditeurs, sont soumis à des pilonnements incessants de niouzes (terme anglaise qui signifie nouvelles) à faire pleurer de tristesse le plus récalcitrant des oignons. Le énième épisode du testament de Johnny avec ses règlements de compte (C’est le cas cas de la dire !), les frasques (désormais en béquilles) du millionnaire en crampons qu’est Neymar, les cartons du Paris Saint Pognon face aux équipes de la ligue canapé (Conforama pour la une et Domino’s pour la deux). Et pourtant les princes du foot font la nouba la veille dans les boîtes de nuit ! (Ah, il faudrait un Guy Roux pour chercher les joueurs à la sortie et leur « en coller une » et envoyer un pénalty dans la lucarne des fesses…), les indécents et incessants épisodes judiciaires des chourineurs d’enfants, les embrouilles nauséabondes des hommes politiques et j’en passe et des meilleures. Non des pires ! Bref, n’en jetez plus, l’homme contemporain est rempli à ras bord comme une benne à ordure ! A force de nous abreuver d’informations glauques et absurdes, on va avoir les burnes out comme dirait ma sœur…

Certains scientifiques avaient d’ailleurs déjà tiré la sonnette d’alarme et prévenu (encore un terme judiciaire) : le quotient intellectuel de l’homme moderne est en chute libre. Quant à son spermatozoïde, il se tortille comme un zombi en déconfiture. L’homme de Cro-Magnon était un intellectuel et l’homo erectus un philosophe érudit, comparé à ce que nous sommes devenus. Les journaliers du verbe nourrissant le contemporain au gel fortifiant de l’immense bêtise et connerie.

On rêverait presque d’infos enchantées. Mais ça intéresserait qui ? A part, les fous qui sont restés des éternels optimistes. Et, la presse/stress finirait en faillite, dans l’impossibilité de vendre ses feuilles de choux/papiers toilette. Ce qui –par les temps qui courent- serait dans le fond une bien bonne nouvelle…On y verrait un peu plus de lueur bleutée dans le ciel. Et puis, les météorologues nous annonceraient enfin le printemps ! Ca c’est de l’info.

                                                                                                                  @ Laurent Bayart

LIVRE/ LEVEAUX FAIT BŒUF AVEC « SEXE, DROGUE ET NATATION »

Ah, le titre est on ne peut plus « accrocheur », voulu par l’éditeur (communication oblige !), Amaury Leveaux ayant préféré celui (un peu niais) de « Plouf »…En tout cas, ce « Sexe, drogue et natation » a fait des vagues « tsunamidales » entre les lignes et les odeurs de chlore des bassins ! Ce n’est pas celui de Gainsbourg avec son célèbre « Sea, sex and sun » ! Même si ça y ressemble… phonétiquement parlant. Ce récit/témoignage d’un champion de natation au palmarès impressionnant : 4 médailles olympiques, 4 médailles au championnat du monde et plus de 40 aux différentes compétitions européennes, a donné la chair de poule aux édiles et autres athlètes des plans d’eau ! Et pour cause…

Le champion de natation, natif de Delle, près de Belfort, se livre sans tabou sur une jeunesse laborieuse avec une maman qui s’est retrouvée, seule, abandonnée par son mari et qui doit faire face à de grosses difficultés financières. Il est très vite repéré par un entraineur qui a du flair : Vincent Léchine. Et là, tout s’enchaîne en crawl et papillon. Le nageur-compétiteur est en mode combat : Moi, quand je ne gagnais pas, je faisais la gueule. Il est gentil, Pierre de Coubertin, mais je n’ai jamais pensé que l’essentiel était de participer. L’essentiel est de gagner. Celui qui avoue ne plus arriver à se débarrasser de l’odeur du chlore calcule qu’il a dû –durant sa carrière de compétiteur – « parcourir » près de 70.000 kilomètres dans les piscines !

Il parlera sans ambages du dopage (injections de testostérone pour certains !), de ses virées nocturnes hyper arrosées et de ses entrainements délicats le lendemain…de la drogue, des abus en tout genre et de ses noubas entre nymphettes et alcools en passant par la cocaïne, lui qui avoue qu’il grillait un paquet de cigarettes par jour…. !!!

Bref, on tombe sur les fesses en lisant cet ouvrage qui dépareille avec les images gnangnan des champions. Ce n’est – certes pas – de la littérature mais c’est intéressant, l’inverse n’étant pas toujours vrai !

                                                                                                               @Laurent BAYART

* Sexe, drogue et natation, un nageur brise l’ormeta de Amaury Leveaux, Fayard, 2015.