LIVRE / TOUS EN SEINE OU LE ROMAN FLEUVE DE PHILIBERT HUMM.

          C’est un livre qui coule, presque comme un long fleuve tranquille, d’un auteur talentueux dont le nom fait penser à un onomatopée. Vaste équipée fluviale le long des sources de la Seine jusqu’au Havre où le suspense y est supportable et l’œuvre reste accessible au public poitrinaire. L’aventure sans forcément de majuscules, ni besoin d’aller au diable vauvert ni jusqu’aux confins des mondes. Philibert Humm, capitaine de frégate ou plutôt de kayac ajoutant malicieusement, parlant des aventuriers : Nous ne nous vantons pas. Nous enchantons le monde en l’honorant de notre visite…Petit rappel toponymique (toujours utile !) : Les manuels scolaires nous l’apprennent, la Seine prend sa source sur le plateau de Langres et se jette dans la Manche. Relativement rectiligne jusqu’à Paris, elle observe ensuite d’inexplicables détours et circonvolutions que les géographes appellent pompeusement des méandres. Et par les temps qui courent (ou plutôt qui s’écoulent) où l’on parle -Dieux de l’Olympe obligent – de baignade dans le fleuve : Evoluent également dans la Seine des bactéries de type E. coli. Ces bactéries ne se voient pas à l’œil nu mais elles n’en sont pas moins redoutables. Il est fortement déconseillé de boire la tasse. 

On y navigue ainsi paisiblement à vau-l’eau au fil des villages, villes et bourgades traversés qui sont tels des colliers de perles qui s’enroulent autour de l’onde où il y a vingt ans, on dénombrait plus de lamproies et d’aloses, poissons de l’Atlantique Nord. L’ablette et le goujon étaient revenus eux aussi, la brème et la carpe continuaient de pulluler…Aujourd’hui, on évoque plutôt la surpopulation de rats, raccourci ?

Et d’évoquer dans cet opus inspiré des personnages truculents : Depuis l’enfance, Bertrand urinait dans la Seine. Avec un sentiment d’éternité il disait : – Je suis un affluent à moi tout seul.

En lisant cette petite merveille de livre, on a envie de dire : Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse ! Et ce bonheur s’appelle la poésie, la rencontre et la découverte constantes sur l’esquif enchanté de la belle écriture où le talent va jusqu’à se jeter à la mer.

                                                               © Laurent BAYART

  • Roman fleuve de Philibert Humm, Folio, 2024.

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