LIVRE / « L’AMOUR EST ETERNEL tant qu’il dure » de Franz-Olivier Giesbert.

    Nul doute que l’écrivain journaliste Franz-Olivier Giesbert est un orfèvre de l’écrit, il n’est qu’à dévorer quelques uns de ses opus, comme La Cuisinière d’Himmler, L’Américain ou La Souille, pour ne citer que ceux-là.

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Je viens de découvrir son dernier livre, paru l’an passé, L’Amour est éternel, tant qu’il dure. Le titre provient d’une maxime extraite de l’œuvre d’Henri de Régnier (1864-1936), académicien cocu et mélancolique, réputé fané, qui n’inspire que la compassion. Selon, l’auteur, il mérite la considération surtout pour ses romans et plusieurs bonnes formules dont celle qui figure au fronton de cet ouvrage.

Celui-ci est consacré aux amours et autres désamours et s’articule comme un ensemble de petites nouvelles dont les personnages ricochent et constituent une chaine – assurant l’unité de ce (au final) roman – qui se termine en boucle. L’histoire débute au nord du Mali, dans la région de Tombouctou, avec Amina, jeune femme mariée à un iman : La femme est un gâteau. Plus l’homme en a, meilleur c’est. Le sexe dit « faible » appréciera ce point de vue…

Puis déferleront des hordes de djihadistes en 4×4 qui viendront semer l’horreur et la dévastation. Et nous voilà embarqués dans une fresque rondement menée où nous nous retrouvons à Assise en Italie pour l’entame d’un voyage où les héros grignotent ces récits d’amour, de rupture et de sexe. Franz-Olivier Giesbert est un maestro du verbe, qui n’hésite pas à fustiger et à se moquer : Ainsi parlant des Fatwas les plus ridicules, il cite celle d’un cheikh qui réclame l’extermination de toutes les souris, Mickey Mouse compris. Plus loin, l’écrivain rajoute : la femme africaine ne se donne pas ; elle se prête et, après, se reprend souvent. Rempli d’érudition, d’esprit et d’une ironie caustique, il affirme : Si un jour vous entendez quelqu’un rire en Enfer, vous pouvez être sûr que ce sera un Italien…

On se régale de cette qualité d’écriture qui en fait un écrivain majeur de ce siècle où l’on termine en retrouvant nos pas, avec quelques embardées dans la zoophilie ( !) et une ode au cochon : Les carnivores sont toujours un peu des anthropophages, mais avec les cochons, y a plus de doute. C’est des cousins…

                                                                                                                    Laurent BAYART

* L’Amour est éternel tant qu’il dure de Franz-Olivier Giesbert, Editions Flammarion, 2014.

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