LIVRE / DANS LES ALLEES DES VASTES COURANTS D’AIR D’ASIE CENTRALE.

 

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A l’instar de ce roman nord-coréen dont j’ai parlé dans cette rubrique (voir plus loin), parfois par la magie des traductions et la pugnacité des éditeurs, nous parviennent des ouvrages singuliers et rares. La montagne éternelle de Mamadali Mahmoudov en fait partie. Cet auteur ouzbek, âgé de 67 ans, croupit depuis de longues années dans les geôles de l’autocrate Islam Karimov. Vous savez ? Il s’agit du président de l’Ouzbékistan qui se paya le luxe d’organiser une rencontre de football avec de vieilles gloires, tel Ronaldo, n’hésitant pas à enfiler crampons et maillot pour aller jouer le match en leur compagnie…Les potentats ressemblent souvent à la caricature du « Roi et l’Oiseau », dessin animé de Paul Grimault et de Jacques Prévert…

Ce livre nous entraine dans les décors –en vastes courants d’air – de l’Asie centrale, où vivent les hommes rudes des steppes, cavaliers aguerris qui s’adonnent au célèbre bouzkachi (jeu de l’attrape chèvre), galopant entre plaines et montagnes. Poésie pastorale et lieux emblématiques comme l’est l’Oqqoya, cette, « montagne éternelle qui veille sans faillir sur l’Ouzbékistan ». Le lecteur va ainsi à la découverte d’une culture, faisant partie d’une mosaïque de pays, anciens « satellites » de l’URSS. Une galerie de personnages est constituée afin de nous faire partager ces aventures picaresques. On apprend ainsi que les Ouzbeks reprochent à leurs voisins kazakhs « leur tiédeur religieuse, tandis que ceux-ci se flattent de leur cuisine ». Plus loin encore, l’auteur nous confie que Pierre le Grand disait « qu’il faut considérer les terres kazakhs comme une clé, comme une porte dans les relations avec l’Orient ». On nous rappelle aussi que le peuple du Turkestan est l’héritier d’une ancestrale culture : berceau de l’algèbre et de l’arithmétique et qu’un certain Al-Biruni fut le premier au monde à avoir créé un globe terrestre. De plus, un centre de mathématiques avait été fondé à Samarcande, ainsi qu’un observatoire, bien des années avant que les astronomes occidentaux s’y intéressent…Bref, ces territoires d’Asie Centrale, si chère à Tamerlan, figure tutélaire, sont – quelque part – une plaque tournante et le berceau des civilisations, lieux de passage sur les chemins de la route de la soie, mais là c’est encore une autre histoire…

                                                                                                                     Laurent BAYART

 * La montagne éternelle (roman) de Mamadali Mahmoudov, traduit de l’ouzbek, éditions de l’Aube, 2008.

 

 

 

 

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