Ce n’est –hélas – pas une impression, mais notre monde marche de plus en plus sur la tête. Observer la déliquescence de nos rapports à l’humain nous montre à quel point notre société se délite, en (considérable) mal être avec elle-même. Les hommes politiques, et les bouffons qu’ils sont devenus, n’inspirent plus, ni respect, considération et surtout confiance…
Le mal est fée…ou plutôt sorcière. Je fais aussi le constat de cette décrépitude dans cette impolitesse ou incivilité, voire indifférence quotidienne, lorsque je monte dans le bus, bondé et pris d’assaut par notre jeunesse, avachie (plus qu’assise) dans les sièges, en train de pianoter frénétiquement sur ses mobiles, nos zombis en jeans ne voient même pas les vieilles personnes debout, agrippées à la main courante…essayant péniblement de tenir les béquilles de leurs jambes, face aux soubresauts chaotiques de la conduite. Oups. Vous me direz, qu’avant d’entrer dans le bus, par les portes en accordéon, il vous faudra vous faire pousser des coudes et allègrement « chahuter » par les têtes blondes qui tenteront de vous griller (c’est le cas de le dire !) la politesse…En effet, attendant patiemment depuis quelques bonnes poignées de minutes sur le trottoir, je m’aperçois que la faune des barbares n’hésite pas à se mettre –incontinent- devant vous, quitte à vous écraser le bout des pieds. Eh bé ! Sans vouloir jouer au ancien combattant acariâtre (du genre « avant c’était mieux »), il faudrait tout de même retrouver le sens de l’autre et d’une certaine instruction dite civique qui ne serait pas de trop en ces temps de pauvreté intellectuelle et relationnelle.
Mais, ceci étant dit, les adultes ne dépareillent pas non plus forcément. Et puis, marcher dans les rues vous expose à percuter des morts-vivants qui ont l’œil torve rivé sur leurs portables et foncent droit devant vous… Oups. Autant dire que le paysage environnant, ils s’en tapent ! Sans compter les ombres qui ne vous saluent plus lorsque vous leur administrez un convivial Bonjour ! Et tous ces anéantis du travail qui en baillant – la bouche aux amygdales en goguette et la luette en chevillette – vous font presque entrevoir le fond de leur culotte…J’en arrête là. Amusé et las (hélas). Y’a du boulot.
Ainsi, nos édiles politiques auront du pain sur la planche pour remettre une société en ordre de marche. Regarder l’autre et être bienveillant font partie des actes qui rendront le monde un peu meilleur, et surtout plus humain. Ne pas marcher ou se faire marcher sur la tête serait déjà une belle utopie. Une guerre de gagnée contre l’imbécilité du monde, c’est déjà ça de pris. En attendant d’autres combats à mener…pour faire enfin des jours meilleurs aux lendemains qui chantent, avant de détonner sérieusement.
Laurent BAYART