LIVRE/ UN CERTAIN VENDREDI 13 NOVEMBRE…

 

Il ne s’agit pas d’un ouvrage de littérature sportive, « Une belle équipe » a été écrit – comme un antidote – par Grégory Reibenberg, le patron de ce restaurant éponyme bien achalandé qui se situe à Paris, dans le 11ème arrondissement. Nous sommes le vendredi 13 novembre 2015, il est 21h35 et un groupe de terroristes kamikazes va terrasser une vingtaine de personnes, sous la mitraille d’une mini apocalypse.

Le récit rédigé avec simplicité raconte cette lente reconstruction, la bouée sur laquelle il s’accroche, sa fille Tess, narration, d’un homme qui avoue : « Je me sens à moitié humain, à moitié zombie. Je suis comme un automate… » Rescapé miraculeux, il aura perdu une dizaine d’amis, de connaissances et de collègues. Il raconte, avec distance et humanité, sa tournée des psy, les fatras de formulaires à remplir pour se faire indemniser, son audition à une commission d’enquête ubuesque, le gymkhana des rendez-vous avec les édiles, son envie de remettre en route un nouvel établissement afin de continuer à vivre, malgré tout. Grégory Reibenberg essaie de comprendre la barbarie : « A un moment, on se demande tous les trois comment on peut réussir l’exploit de mettre dans la tête de quelqu’un qu’en tuant son prochain, on sauve le monde ? ».

Cette soirée d’enfer du vendredi 13 novembre 2015 où le match de foot France-Allemagne déclenchera la mise à feu de ce pandémonium qui fera, dans la capitale, plus de 130 morts en une soirée. C’est juste avant le massacre de « Charly Hebdo » et après le tsunami de Nice…

On trouve beaucoup de pudeur et de dignité dans ce récit où ne transparaît jamais de haine mais juste l’envie de reconstruire, de comprendre et de résister tout simplement à l’horreur.

                                                                                                                   Laurent BAYART

* Une belle équipe de Grégory Reibenberg, éditions Héliopoles, 2016.

 

 

 

 

 

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