BILLET D’HUMEUR / ACTE 61 / LES TOURISTES N’AIMENT PAS LES CIGALES OU PREFERENT-ILS JOUER LES FOURMIS ?

(photo originale de Némorin, Erik Vacquier)

      J’ai parlé du tourisme bête et imbécile dans mon dernier livre  J’ai mon voyage (éditions Orizons) où j’aurais pu rajouter cette évocation surréaliste de l’actualité estivale. Ce tourisme du déplacement en masse, rapide et volage, voire vorace qui ne voyage plus mais se meut (h) (enfin, les toutous ne supportent même plus le bruit des vaches à la cambrousse !) rapidement. On pourrait presque en rire, prendre ces infos pour des fake news, inimaginables, inconcevables. Comme si le père Ubu, sorti de sa boite à fantaisies, revenait nous dire Merdre !  à coup d’absurdités et pourtant… Les bouseux devenus indésirables dans leurs prés carrés. On pourrait presque penser qu’il s’agit d’une farce inventée par le maire de cette commune du Beausset dans le Var, interpellé par des touristes lui demandant d’éradiquer les cigales et le frottement intempestif  (pestif plutôt !) de leurs ailes.

Bref, exit la stridulation ou le craquètement de ces hémiptères. Ca dérange les porteurs de bob et autre sac banane ! Il y aurait même eu des plaintes ? Trop bruyants ces insectes ! A éradiquer à coups d’insecticides ! Oui, on pensait que tout cela n’était finalement que des galéjades, façon de faire de la pub pour tel ou tel site…mais non. Voilà qu’on tombe dans le grotesque, à l’image de ceux qui se retrouvent – à la campagne – incommodés par le meuglement des bovins ou le carillon des cloches, les piquouzes perverses des taons ou des moustiques, ou le cotcodac des poules dans une basse-cour, l’appel matutinal et claironnant des coq, le bruit d’un ruisseau ou d’une fontaine dont l’eau s’écoule, clapote dans une vasque en pierre, langoureusement…on tombe décidément sur les fesses. Ce siècle est grandissime ! Trop forte cette époque ! Force est de constater que nous ne sommes plus dans celui des Lumières, mais dans celui des « petites frappes », courts circuits en boucle, des  câbles et des plombs qui sautent en permanence. Les ampoules ont perdu de leur luminosité. La boîte crânienne humaine devient une grotte obscure.

Notre coefficient intellectuel aurait-il culbuté dans le grand néant de l’absurdité ? Les touristes sont-ils devenus aujourd’hui des fourmis qui se prennent pour des cigales ou bien l’inverse ? La connerie a toujours de (très) beaux jours devant elle et demeure –à l’image d’Internet – en haut débit et terriblement illimité.

                                                                                                              @ Laurent BAYART

                                                                      

 

 

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