LIVRE / DANS LA FAMILLE MITTERRAND, JE DEMANDE…LE NEVEU FREDERIC !

          Dans l’exercice ardu de faire « table » rase des quatre énormes piles de ma table de chevet, je suis tombé sur un journal de 700 pages…rédigé par l’ancien ministre de la culture, cinéphile et  ex-directeur de la Maison Médicis : Frédéric Mitterrand. Le livre s ‘intitule La récréation mais, nous n’avons pas affaire-là, à des souvenirs d’écolier mais à ceux d’un homme élégant et distingué, parfois controversé aussi qui défraya la chronique avec de sulfureuses révélations contenues dans un précédent ouvrage. Désir sombre et velléités de foutre ce pavé à la poubelle ! Eh oui…Mal m’en aurait pris car ce journal écrit – de mains de maître – est un véritable petit bijou, d’écriture, de distance, d’observation et d’analyse, mitonné avec pertinence et dérision.  Ministre de Nicolas Sarkozy, sous la houlette de François Filon (de juin 2009 à mai 2012), notre ami nous dresse le portrait des hommes politiques qu’il côtoie, tantôt avec bonheur, tantôt en avalant quelques couleuvres, voire des pythons ! Rantanplan, ainsi se surnomme t-il, nous trimballe dans ses tribulations de ministre où, le personnage ne se contente pas de faire danser les parapheurs dans son cabinet mais « habite » le terrain et s’en va – bon an mal an – en province à la rencontre des maires et des projets granguignolesques parfois en faisant actionner sa « réserve » de ministre ou pompes à phynance comme aurait dit le Père Ubu. Le labeur quotidien est astreignant, difficile, essentiel ; ce sont les rencontres qui l’éclairent et font accepter les contraintes.Aréopage de « tapeurs », d’écornifleurs et de persifleurs qui viennent quémander son aide tout azimut. De bonne guerre comme on dit.

Gérard Longuet, Roselyne Bachelot (dont il prédit presque qu’elle obtiendra un jour le portefeuille de ministre de la culture !), Xavier Bertrand, Luc Besson et tutti quanti, sans compter les ténors de la politique internationale. On se régale littéralement à ces descriptions et à ce regard acéré, finement taillés comme des costards, mais toujours tendres et bienveillants. Rare dans le monde interlope de la politique. 

Homme de culture, Frédéric Mitterrand agrémente ses chroniques quotidiennes de nombreuses références cinématographiques, une véritable prouesse. On pourrait presque rajouter celle de…Il était une fois dans l’ouest, façon western.

Il pressent le générique de fin lors de la campagne électorale de son mentor. Clap terminal.

Mitterrand, le neveu Frédéric, s’éclipse dans un ultime travelling en écran redevenu blanc.

                                                          Copyright : Laurent BAYART

La récréation de Frédéric Mitterrand, Editions Robert Laffont, 2013.

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