LIVRE / LA FAMILLE MARTIN OU LA VIE EST (DECIDEMENT) BIEN UN ROMAN…

          Titre on ne peut plus banal, voire anodin, le dernier livre de David Foenkinos, intitulé La famille Martin, constitue un exercice littéraire intéressant et indéniablement passionnant : à savoir (dé)montrer que chaque existence humaine se révèle faire partie du domaine du romanesque. Ainsi, le narrateur/littérateur se prend au jeu du hasard inspiré : Tu descends dans la rue, tu abordes la première personne que tu vois, et elle sera le sujet de ton livre.

J’avais peur de m’emparer du réel, et qu’on l’estime moins crédible que la fiction…

Et voilà la trame du livre toute trouvée…Ainsi, aborde-t-il une vieille dame du nom de Madeleine Tricot, âgée de 80 ans et qui a travaillé dans la mode, chez Karl Lagerfeld, mariée mais pourtant restée éprise d’un homme, dans sa jeunesse, dont le souvenir ne s’étiolera jamais et souffrant de la… maladie d’Alzheimer ! Une épine plantée dans son cœur, et l’on comprendra le pourquoi de cet amour situé dans l’impasse… Une destinée à creuser et le soufflet de l’accordéon de l’imaginaire se tend jusqu’à s’enrichir des personnages de la famille Martin, tel un jeu des Sept familles, à savoir les deux filles (en bisbilles !), les petits enfants et le gendre qui se fait virer de sa boîte par un patron despote, non sans se faire justice lui-même en faisant cramer les rideaux du bureau de son boss ! La vie se fait littérature.

Voilà l’écrivain devenu secrétaire particulier, shaman et facilitateur de rencontres, un peu comme dans Retour vers le futur, et à l’instar de Marty McFly, le héros, il va chambouler la destinée de tout un chacun. 

L’écrivain pioche et triture dans cette dramaturgie familiale, nous confirmant au passage qu’il n’y a aucune vie banale et que tout est propice à l’imaginaire et à l’épopée. 

En même temps, le calque de sa propre existence et ses amours se colleront à cette liturgie créative.

Livre passionnant qui nous entraîne dans la banalité de chaque existence, qu’il suffit d’ouvrir pour y déceler la perle qui en fait l’historiographie, comme un improbable rendez-vous dans un agenda imaginaire.

                                                                   © Laurent BAYART

La famille Martin, roman, de David Foenkinos, Editions Gallimard, 2020.

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