LIVRE / UNE VIE DE HOMARD OU L’HOTEL DES (GRANDS) COURANTS D’AIR.

         Erik Fosnes Hansen, né à New York de parents norvégiens est – nous dit-on –  l’un des plus importants écrivains norvégiens d’aujourd’hui. Et cela se confirme à la lecture de ce délictueux ouvrage au titre énigmatique : Une vie de homard. Le récit se passe dans un vaste et luxueux hôtel de montagne, tenu par un couple énigmatique de grands-parents, à Fävnesheim qui se sont occupés de l’éducation de Sedd (Sedgewick), jeune garçon de quatorze ans. La vie (bouillonnante) se déroule sous le sigillé des homards qui, si vous pressez l’oreille contre la vitre, vous pourrez entendre des coups sourds…/…ils frappent désespérément avec leur queue contre le fond et cherchent à s’enfuir tout aussi désespérément…Vous me direz, se faire ébouillanter vivant n’incite pas à la sérénité des bassins ! Et parfois, ces foutues bestioles se mutilent elles-mêmes. Le monde des crustacés n’est décidément pas un long fleuve tranquille !

Le récit s’articule avec justesse dans cet hôtel où le mystère règne, notamment dans cette chambre fermée à clef, l’Olympe, pièce inaccessible qui referme de lourds secrets…Le jeune homme, qui « porte » le récit, nous confiera que : L’avenir de la littérature réside dans l’autobiographie. D’année en année, il est de plus en plus difficile d’inventer des histoires, puisqu’il y en a de plus en plus qui ont déjà été trouvées. Quête du père disparu et d’une mère évaporée, le garçon sauvera la vie de cette jeune fille étrange qu’est Karoline dans un lac sans fond. La mort rôde en filigrane dans les couloirs/coursives de cet hôtel où le banquier Berge s’écroula en dégustant un gâteau. On y évoquera aussi l’attentat terroriste de la gare d’Ostbanen qui avait – à l’époque – secoué le pays. Voici, une Norvège bien tourmentée avec ce jeune héro qui n’arrivera pas – finalement – ni à sauver le banquier ni à sauver la jeune fille…Pas plus que la bâtisse.

L’incendie de l’hôtel balayera tous les fantômes d’une poussée de cendres…Ils seront priés d’aller hanter d’autres lieux.

                                                                   © Laurent BAYART

Une vie de homard, roman, de Erik Fosnes Hansen, Gallimard, 2019.

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