LITTERATURE ASIATIQUE / LES ANNEES DOUCES OU LA SACOCHE DU PROFESSEUR.

          Encore une belle découverte asiatique aux éditions Picquier – qui décidément regorgent de petites merveilles littéraires – en lisant le roman d’Hiromi Kawakami, romancière et essayiste japonaise, l’un des écrivains les plus populaires en son pays. Une véritable pépite dont on dit qu’elle a su s’imposer dans le monde littéraire japonais par la tonalité très particulière de son style, à la fois simple et subtil. 

Cet ouvrage joliment intitulé Les années douces raconte avec finesse et intelligence les rencontres improbables d’une jeune femme avec son vieux professeur de littérature, septuagénaire et veuf,  dont le théâtre se situe dans un café sous le talisman de l’emblématique saké…Cela pourrait être un récit sulfureux mais Hiromi Kawakami le pétrit de grâce et d’une incroyable tendresse qui illumine cette narration d’une dizaine de textes comme des récits à part. Parcours se transformant en inexorable passion amoureuse qui ne dit pas vraiment son nom…sans jamais tomber dans le trivial de la vulgarité.

On se délecte, au fil de la lecture, comme dans La cueillette des champignons où la femme du vieux professeur déguste un champignon hilarant…Le médecin m’a appris avec nonchalance qu’une fois que le poison s’était infiltré dans le sang, les soins n’étaient pas d’une grande efficacité, pour ne pas dire pratiquement inopérants.Plus avant :…et tout en regardant de travers ma femme qui riait de son côté dans le living, j’ai infusé du thé très fort. Elle a avalé son thé en riant, moi, j’ai bu dans la colère. 

On évoque aussi l’expression tashô no en qui signifie plusieurs vies, vivre en se réincarnant dont l’origine se situe dans la pensée bouddhiste, selon laquelle tous les êtres vivants se réincarnent plusieurs fois.

Le maître, vieux professeur, disparaîtra et laissera à la jeune femme sa serviette comme un petit héritage de tendresse. Et Tsukiko  d’implorer à l’absent :Je voudrais tant vous revoir. Vous voulez bien n’est-ce pas ? D’en haut le maître me répond. Oui, un jour, sans faute.

Le vide de l’absence remplit le cœur et l’âme de la jeune femme. Sublime écriture qui, elle aussi, ne meurt pas…

                                                                  © Laurent BAYART

* Les années douces, roman traduit du japonais par Elisabeth Suetsugu, de KAWAKAMI Hiromi, éditions Philippe Picquier, 2003.

2 réflexions sur « LITTERATURE ASIATIQUE / LES ANNEES DOUCES OU LA SACOCHE DU PROFESSEUR. »

  1. Sais-tu Laurent qu’en ce moment tu peux trouver  » Les années douces  » à la bibliothèque de Mundolsheim ? Version manga. Prêtée par la Bibliothèque d’Alsace

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