J’AI APPRIS DU CHEMIN…

photo de Némorin, alias Erik Vacquier.

          J’ai appris du chemin le goût de la solitude, la caillasse fichée dans la semelle qui transforme la sente en petite route de la soie et en parcours d’un calvaire de croix. J’ai appris du chemin l’ivresse des rendez-vous impromptus, du hasard des rencontres et de cette soif d’aventure qui vous fait exploser le cœur de ne jamais connaître ce qui se trouve au tréfonds des lisières et de l’horizon. J’ai appris du chemin l’odeur fauve des fougères et l’épice pimentée des feuilles suspendues à la patère des sapins, la romance musquée et sauvage d’une silhouette de chevreuil ou de sanglier, l’éclat de cette poésie verte qui chante dans l’exubérance ombrée des forêts. J’ai appris du chemin cette échappée de liberté et de lumière qui mène aux confins, jusqu’au butoir des mondes.

Et là, s’asseoir dans le creuset de l’instant qu’on appelle l’éternité. La mort ?

Non. Juste, le bout du chemin.

                                                                   © Laurent BAYART

                                                                       16 janvier 2022

2 réflexions sur « J’AI APPRIS DU CHEMIN… »

  1. Sur mes routes j’ai attendu les étoiles et je me suis réveillé aux chansons d’oiseaux mystérieux.
    J’aimais la contemplation silencieuse des reflets argentés des arbres de la forêt baignée par la lumière de la lune. Les cèdres massifs, les chênes bien alignés, les écorces blanches des troncs des bouleaux.
    J’aimais les reflets du soleil dans les flaques d’eau des routes détrempées. Juste après les orages. Je restais toujours surpris par la puissance des verts des arbres, des buissons humides, des prairies fraîchement délavées.
    J’aimais traîner sur les routes d’automne. Routes de cuivre, parfumées de pommes, de raisins, de feuilles mortes et de champignons.
    J’aimais les routes d’hiver en vif-argent.
    J’aimais suivre des sentiers pour grimper vers des montagnes aux sommets déchirés. Elles ondulaient comme des vagues bleues dans le petit matin.
    J’aimais voir le soleil faire des clins d’œil à la lune. L’un et l’autre assis en un face à face sur la ligne d’horizon. Le soleil rougissait tandis que la lune pâlissait.
    Ton ami Jean

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